Même quand aucun pilote n’a été diffusé dans les 12 dernières heures, j’arrive encore à trouver des sujets de conversation, et pas uniquement parce que je repousse les posts sur Whitney et Free Agents (US), puisque sauf erreur de ma part ce sont les deux pilotes déjà sortis que je n’ai pas encore traités ici. C’est que, la rentrée, ça ne se passe pas seulement aux USA, après tout ! Et au Canada, une très sympathique dramédie vient de faire ses débuts, alors avant de m’attaquer à Whitney… je veux dire, au post sur Whitney, mon clavier a fourché… je vais faire un détour par nos amis de CBC.
Il y au un truc qui en comédie, est hyper risqué, c’est la thérapie (et l’échec qualitatif, à mes yeux en tous cas, de Web Therapy ou Head Case en est la preuve, sans compter qu’en dehors du cast de la série, encore que, je dois être la seule à me souvenir du pilote de The Trouble with Normal). Parce que c’est limite trop facile de rire de gens étiquetés dés le départ comme « fous » d’une part, et parce que, dés qu’on touche à un truc un chouilla sensible, bah on n’a plus envie d’en rire, aussi. Pourtant Michael: Tuesdays and Thursdays y parvient avec beaucoup de talent, sans doute parce que c’est une dramédie et donc qu’elle s’autorise des moments moins tournés vers l’hilarité.
Si la scène d’intro nous montre une jolie séance de thérapie à la fois drôle et touchante, le générique nous met toutefois immédiatement au parfum : la série est focalisée sur le point de vue du psy. Cela nous permet de voir toutes les sances, le mardi et le jeudi donc ; et puis on voit aussi tout le reste, et notamment la raison pour laquelle il travaille pendant 15 ans avec Michael un homme atteint d’une névrose effectivement bien ancrée. Car notre psy, David, ambitionne d’écrire un « self-help book » en se basant sur les méthodes qu’il expérimente sur Michael, et qui relèvent autant de la parole que d’exercices pratiques sur le terrain (ce qui d’ailleurs nous donne une très jolie scène). Sauf que naturellement, Michael n’est pas au courant, lui essaye simplement d’avancer et de gérer une névrose qui s’avère parfois quasiment handicapante.
Patient et composé devant Michael, David nous révèle également, hors-séance, des fragilités qui nous seraient invisibles sinon. Et là on est dans une méthode assez intéressante, qui n’est pas sans rappeler celle employée par In Treatment : le faire parler à un tiers. Ce tiers, ce ne sera pas son propre thérapeute mais son éditrice, une femme qui elle aussi n’est pas complètement nette (mais en fait, tout le monde dans l’univers de Michael: Tuesdays and Thursdays est un peu barré et d’ailleurs ça fait bien plaisir qu’il n’y ait pas de personnage pour se poser en repère de la « normalité ») qui veut absolument qu’il lui parle de lui, de choses persos, et soyons honnêtes on n’est pas très surpris de voir la réaction de David au bout de plusieurs tentatives de son éditrice pour le faire causer.
Comme la directrice de la maison d’édition l’indique à David (celui-ci essayant de tourner son livre en un journal de son expérience avec Michael, ce qui n’est pas le deal de départ) : il ne vaut que grâce aux étrangetés de Michael. C’est vrai narrativement aussi car c’est dans les scènes avec Michael qu’il y a le plus d’intérêt, de par les échanges, souvent rapides et assez bien sentis, Michael n’étant pas du tout contrôlé par son psy, auquel il rabattra le caquet à un moment avec plus d’assurance qu’on ne l’aurait cru capable de produire.
Pourtant, le voir patauger gentillement dans sa vie perso (rien qui fasse de lui un cas pour la science) permet à David de devenir plus appréciable pour le spectateur. En chroniquant ainsi ses préoccupations, assez terre-à-terre finalement, on lui ajoute une dimension nécessaire et en même temps on relativise les échanges avec Michael. Je crois que c’est la première fois devant une série avec un psy que je me dis sincèrement que le psy devrait aussi expérimenter certains de ses conseils sur lui-même !
Ce qui est intéressant, enfin, dans Michael: Tuesdays and Thursdays, c’est la relation qui se développe entre les deux hommes, et qui en fait ne date pas du pilote : David vient parfois aider Michael quand l’une de ses névroses l’empêche d’avancer dans la vie, se comportant alors plus comme un ami. Mais David a aussi besoin du regard de Michael, et s’attache à lui un peu comme à un enfant. J’avoue que j’imagine déjà ce que ça donnera quand ces deux-là devront cesser les séances (après tout, au départ, David avait proposé à Michael de travailler avec lui 15 ans, et là on y est). L’air de rien, dans la vie de David, la seule constante actuellement, c’est la venue de Michael deux fois par semaine. Il est en train de lui apprendre à être indépendant mais je ne sais pas à quel point lui peut se passer de son « patient », plutôt son protégé.
Michael commence d’ailleurs à se demander combien de temps durera cette thérapie, signe en général que l’oiseau n’est pas loin de quitter le nid. Ce sera une déchirure à la fois touchante et avec un grand potentiel humoristique, en tous cas gauche, maladroit et embarrassant, ce qui est le style d’humour choisi par la série.
Personnellement, Michael: Tuesdays and Thursdays est une comédie qu’effectivement j’apprécierais bien de voir le mardi ET le jeudi ; mais il faudra se contenter d’un épisode par semaine…