Les mots peinent à décrire la terreur que cela m’inspire.
Flashback.
Il y a un an, ma vie était mille fois plus simple. J’étais terrifiée par les vampires, et rien qu’eux. Une idiote phobie de mon enfance dont je n’ai jamais réussi à me débarrasser ; la faute de cauchemars récurrents depuis près de 3 décennies, qui m’empêchent de tranquillement faire comme si une paire de dents était sans signification dans mon imaginaire. Mais la chose était entendue : pour certains, ce sont les serpents, ou les araignées, pour moi, c’étaient les vampires, et même malgré cette foutue mode qui leur a permis d’infester les écrans, je pouvais relativement bien gérer le truc. Par « bien gérer », j’entends que je fais toujours cycliquement ces maudits cauchemars, lorsqu’un extrait ou une promo quelconques se dévoilent dans la journée et servent de déclencheur à toutes mes atroces paniques une fois la nuit tombée, lorsque, je sais que c’est idiot, mais je guette les ombres au moment de me coucher, et que même par 30°C je m’enroule le cou dans ma couette juste pour que ce soit un peu plus difficile de me mordre. C’est ma phobie idiote et, d’après ce que je sais, on en a presque tous. Ma frangine rei, par exemple, ce sont les yeux (quand quelqu’un se touche les yeux, se retourne la paupière ou simplement met des lentilles de couleur). Moi ce sont les vampires. C’est comme ça.
Mon monde personnel de terreurs stupides était donc simple. Il y avait les vampires. Et par association d’idée, les piqûres et les abeilles (après on va dire que c’est Freudien !), mais vraiment, surtout les vampires. Et finalement, une fois qu’on a cerné le problème, on vit très bien, on prend le réflexe pour cacher l’écran quand survient une paire de crocs qu’on n’attendait pas, on apprend à ne pas regarder ce qui pourrait causer une nouvelle vague de cauchemars, et on continue sa vie télépagique sans trop de conséquences. De toute façon, après avoir vu le preair et le véritable pilote de True Blood, je n’ai pas la conviction d’avoir raté grand’chose alors, bon, ya pas de réel sacrifice derrière tout ça.
C’était jusqu’à l’an dernier. Et puis, quelqu’un, je ne sais plus qui, a eu la royale idée un jour de proposer un SeriesLive Show spécial Halloween, à l’occasion de ladite fête, qui coincidait avec l’arrivée d’un pilote. C’était vraiment un coup de génie, ça ! Un spécial Halloween, en pleine mode pro-vampires !
Et pourtant, ce n’est pas mon ennemi juré, le vampire, qui m’a traumatisée à cette occasion.
C’est le visionnage de Dead Set, très gore, et surtout de The Walking Dead. Terrifiant.
Je dis toujours que dans The Walking Dead, le plus abominable, c’est le scénario. Malheureusement ce n’est pas la seule chose. Subitement est apparu dans mes cauchemars un challenger, pour moi qui n’avais jamais vu de fiction avec des zombies, soit par instinct de conservation, soit simplement par manque de curiosité envers le genre (et pour cause), probablement aussi parce qu’il a essentiellement été cantonné aux films et que je ne suis pas naturellement attirée par les longs-métrages.
Depuis l’automne dernier, des zombies sont donc apparus dans mes cauchemars. Ca permet aux vampires de prendre quelques jours de congés une ou deux fois par mois, après 30 années de bons et loyaux services non-stop.
Et puis, ça va un peu au-delà aussi. Parce qu’à l’époque du podcast j’avais essayé de préparer le truc, et j’avais lu pas mal de choses sur les zombies, la zombie apocalypse, tout ça, et qu’au final, je crois que ma terreur, si elle a été initiée essentiellement par The Walking Dead (passé le choc du visionnage de Dead Set, finalement, c’est pas la série qui m’a le plus marquée des deux, peut-être parce que ses zombies sont plus over the top), dépasse largement cette seule fiction. C’est le mythe du zombie dans son intégralité qui me glace le sang.
Je le ressens essentiellement quand je suis fatiguée, ce qui est souvent le cas ces derniers temps parce que, à cause de soucis persos, je fais des nuits de deux à trois heures en semaine, et que ça m’use un peu. Et l’autre jour je suis rentrée du boulot, je me suis commandé des sushi par flemme de sortir, et ma peur nouvelle du zombie a choisi ce moment-là pour se manifester : j’ai cru entendre le livreur devant la porte, je suis allée dans l’entrée, je n’ai vu aucune lumière filtrer depuis le hall sous ma porte, et là, la main sur la serrure, j’ai soudain eu cette étrange pensée qui m’a figée sur place. « Et si la zombie apocalypse avait commencé ? Ca se trouve je suis sur le point d’ouvrir à un zombie qui n’attend que ça pour me boustifailler ». Je vous avais prévenus, mes frayeurs sont stupides. Et le fait est qu’il n’y avait personne dans le hall.
Mais le mal est fait. Et de temps à autres, quand je suis fatiguée, il me vient une idée comme celle-là, tout comme le soir, en allant me coucher alors que je suis pas encore KO mais bien claquée, je me dis qu’il faut que je garde à l’oeil cette ombre dans le coin de la pièce, des fois que. Désormais il y a des instants WTF dans ma vie où je regarde une porte blindée au bureau avec soulagement, ou bien où je me réveille en me demandant combien de temps ça prendrait, le matin, pour m’apercevoir qu’il y a eu une zombie apocalypse dans la nuit (me ferais-je bouffer avant d’arriver à la gare ou finirais-je mes jours coincée dans un train sans issue de secours ?), ou bien… Des idées à la con, il faut le dire, qui ne durent qu’une poignée de secondes pendant laquelle mon esprit échappe à mon contrôle et s’aventure sur le terrain de mes frayeurs les plus irrationnelles.
Et puis il y a les cauchemars, et ça, que je les trouve stupides ou pas, ils viennent quand même.
C’est assez fascinant d’essayer de comprendre pourquoi ces deux créatures-là, et aucune autre, ont frappé mon esprit apparemment impressionnable ; pourquoi jamais je ne fais de cauchemar à base de loup-garou, de revenants, de sang, de chiens féroces ou de lentilles de couleur posées à l’envers… Des trucs qui font peur à d’autre ne m’ont pas marquée de cette façon. Mes cauchemars sont uniquement peuplés de vampires, et donc maintenant un peu de zombies (une proportion encore modeste, mais significative puisque ça ne fait même pas un an que je les ai découverts). Quelle est leur symbolique universelle, et leur symbolique dans mon esprit, pour que ça fonctionne si bien ?
Qu’est-ce que ces créatures ont que les autres n’ont pas ?
Comment une poignée d’épisodes (même pas vraiment impressionnants, si on veut être honnêtes, dans le cas de The Walking Dead) ont-ils réussi à me traumatiser à ce point ?
Quelle que soit la raison pour laquelle cette série a déclenché quelque chose d’aussi fort en si peu de temps, je suis bien obligée d’admettre que, pour cette seule raison, il y a eu un avant et un après The Walking Dead.
Et dans le fond c’est aussi très impressionnant de voir qu’une série dont à la base je n’attendais rien, et qui, téléphagiquement, ne m’a même pas impactée, a réussi à me toucher aussi puissamment, même de façon tordue et ridicule.
Le pouvoir des fictions sur les émotions (et l’intervention répétée des séries dans notre univers n’aide probablement pas) n’en finit pas de m’impressionner. C’est peut-être la base du problème. Et peut-être aussi que si je regardais justement plus de trucs horribles et effrayants, j’aurais appris à me blinder contre ça. Mais si je laisse une série me faire pleurer, ou me fait rire, avec sincérité, ce n’est pas très étonnant qu’il s’en trouve une, de temps en temps, pour me faire flipper.
Simplement parfois, j’aimerais décréter que j’arrête de regarder mes cauchemars, aussi facilement que j’arrête de regarder une série comme je l’ai décidé pour The Walking Dead.