Ce qu’il y a de bien, quand on n’attend pas de série en particulier et qu’on prendre l’habitude de ne jamais prêter attention aux projets, c’est que les déceptions n’existent pas. Hélas j’ai tendance à faire deux poids, deux mesures, et un jour je saurai appliquer ce beau précepte aux dorama, mais en attendant, pour les séries US, ça fonctionne bien (c’est peut-être aussi un mécanisme que j’ai développé face au buzz intense que peuvent générer certaines séries, problème que je ne rencontre pas spécialement quand il s’agit de séries asiatiques…).
Donc Alphas, bon, j’en pensais pas de mal à la base, mais j’en espérait rien de spécial non plus, j’étais prête à prendre le pilote comme il venait et aviser ensuite, sans préjugé sur le côté « encore des superhéros/mutants/whatever », rien.
Et au final, j’ai passé un relativement bon moment.
En fait, jusqu’à ce que les scènes d’action commencent dans l’hôtel, c’était même parfait : les personnages ont des capacités intéressantes et montrent bien qu’il y a eu une véritable envie de changer des « superpouvoirs » communément utilisés, certains membres du groupe se révèlent très vite attachants (en fait je ne vous cache pas qu’il s’agit des mêmes, à savoir Gary et Rachel), la dynamique de groupe est sympathique (la façon dont presque tout le monde est attentionné envers Gary, le côté « je suis trop bien pour eux » de Bill…), les pouvoirs sont utilisés avec intelligence (là encore, c’est celui de Rachel qui est le mieux développé et exploité dans ce pilote). Bref, concrètement, l’exposition est bonne et donne envie.
Côté effets spéciaux, même s’il y en a juste un peu trop en ce qui concerne Gary, globalement le résultat est bon. En particulier, l’idée de « désactiver » les autres sens de Rachel et de montrer la façon dont elle se concentre n’est pas mal rendue. Concernant Bill et Nina, l’effet est relativement léger. Pour l’instant, pour Cameron, il est même inexistant.
Pour le spectateur à la recherche d’un bon équilibre, entre l’envie d’en avoir quand même pour son argent (on est sur SyFy après tout), et l’impression blasée d’en avoir trop vu pour se laisser impressionner par une débauche de moyens, la série offre une solution médiane correcte, surtout si on considère que c’est un épisode d’exposition et que certaines démonstrations ne deviendront plus nécessaires quand le spectateur aura ses repères, comme le voyage dans les artères de Bill (la transpiration suffisant à la démonstration).
Là où ça se gâte, c’est en fait dans le domaine de l’action et des perspectives d’avenir de l’intrigue.
Comme par hasard, il y a une vilaine organisation mystérieuse, comme par hasard, ils travaillent pour la police mais ça ne doit pas se savoir… ces côtés-là sont vus et revus, et ne témoignent pas du soin qui a été apporté aux pouvoirs ; c’est un peu plaqué que d’entendre parler du Red Flag, c’est un peu trop facile de remplir le derniers tiers de l’épisode avec une chasse au vilain méchant (qui se déroule de surcroit selon le schéma ultra rabâché du « on a fini par l’avoir, mais en fait on l’a pas eu, mais finalement on l’a vaincu »).
De ce côté-là, on dirait vraiment une série bas de gamme pour le moment.
Alors ? Alors il reste l’espoir. L’espoir qu’autour de ces personnages et de leurs compétences, l’histoire se développe avec plus d’originalité à partir de là.
Que le côté pile de chaque pouvoir se dévoile et entre réellement en jeu dans la narration, et ne soit pas juste un accessoire pour corser un peu les « enquêtes » et les faire tenir en 45mn.
Que les capacités des personnages dont les capacités ont été sous-exploitées soient mieux mises en avant (pour l’instant, Bill n’est pas vraiment un atout dans leur manche…).
Que l’on découvre des choses intéressantes sur Red Flag, et qu’on évite le méchant de la semaine qui nous donnera un minuscule indice qui conduira au season finale.
Que les personnages qui semblent un peu trop confiants, à l’instar du Dr Rozen, dévoilent aussi un côté faillible.
A partir de là, Alphas a donc le choix : devenir une bonne série fantastique, ou se contenter du minimum.