Il faudra certainement plusieurs heures, peut-être des jours de réflexion, avant de réussir à comprendre ce qui peut me fasciner chez LisaRaye McCoy/Keisha dans Single Ladies, mais les faits sont là, et ils sont têtus, les bougres.
En cherchant à me documenter à son propos, j’ai découvert qu’elle avait sa propre émission de télé réalité (mais qui de nos jours n’a pas la sienne ?) depuis un an et demi, intitulée si sobrement et poétiquement : LisaRaye: The Real McCoy. Il y en aurait donc des fausses ? Nenni, c’est juste que vous allez ainsi apprendre à connaitre sa VRAIE personnalité, ô joie ; désolée pour le suspense, mais c’est la même que celle de Keisha dans Single Ladies.
C’est donc la deuxième fois que je vais vous parler de télé réalité, alors qu’après l’expérience Jersey Shore (suivez les tags si vous êtes téméraires), j’avais promis qu’on ne m’y reprendrait plus, mais on va faire comme si on n’avait rien vu.
Parce qu’en fait il y a des sous-genres dans la télé réalité. Enfin, je vous dis ça, vous êtes certainement au courant, mais comme je suis vieille et pas du tout dans le coup (la meilleure preuve c’est que j’utilise cette expression), pour moi c’est une découverte. Donc :
– il y a les trucs trash, sur la jeunesse débauchée (mais c’est trop lol, alors c’est pas grave) de telle communauté, ou tel coin pathétique de la planète (trois coins pathétiques dans le cas de Jersey Shore puisque pour faire plus exotique, la bande était récemment envoyée en Italie pour essayer de voir s’il existe des MST strictement européennes à rapporter en souvenir aux copains restés au pays, qui seront, à coup sûr, épatés), ou tout simplement d’une tranche d’âge, pourquoi se compliquer la vie. L’idée est de partir d’un cast nombreux pour que, si 90% de la fine équipe ne fait rien pour divertir le public, il reste toujours quelques cas au sein du cast pour toujours faire un truc débile, vulgaire et/ou ridicule (en fait, je voulais dire « et », je ne sais pas d’où sort ce « ou »). On tente de nous faire croire qu’on va voir là quelque chose de vrai, presque un commentaire social sur la population concernée, mais en fait ils en rajoutent tous des tonnes et n’ont rien de naturel. Un impératif, et un seul : il faut que ça nique.
Ça, je connaissais déjà, c’est par là qu’on a tous commencé, avec Loft Story, et je vous avoue qu’instinctivement, quand je parle de télé réalité, c’est à ça que je pense ; et je n’en pense pas que du bien, loin de là.
– il y a également la version à peu près artistique : les émissions de télé réalité héritières des radio et télécrochets. En général c’est assez inoffensif pour ce que j’en ai vu, seulement voilà, moi ç’a m’a toujours fait puissamment chier de voir des gens se faire humilier par un jury en espérant qu’il y en aura un qui sache moins mal chanter/danser/jongler/faire le beau que les autres. C’est comme mon problème avec The Comeback : l’humiliation ne me fait pas rire, ni vraie, ni imitée. Et j’avoue mal comprendre cette obsession de vouloir devenir chanteur/danseur/singe savant/toutou (on en parlé à l’occasion de Victorious, là encore ça se passe dans les tags).
– il y a aussi les jeux, genre Koh Lanta, et je vous avoue qu’à mes yeux, c’est un peu plus haut encore sur l’échelle de valeur de la télé réalité, parce que certes, les candidats se mettent souvent dans des situations impossibles pour pas grand’chose, mais c’est toujours mieux que s’humilier totalement, il y a un certain goût de l’effort derrière, comme par exemple dans Pekin Express, où on est tous conscients que la prise de risque est en réalité totalement sous contrôle, mais où les mecs tentent de faire quelque chose de constructif pour gagner quelque chose. Ils font mieux illusion que les autres, dirons-nous.
– il y a, enfin, la télé réalité people. Ce sont des produits directement adressés aux gonzesses, et qui leur proposent de suivre une célébrité de leur choix (et il est pléthorique) et tenter de compatir à ses petits malheurs, genre valise égarée (I kid you not). Contrairement à ce qu’on a vu dans la version trash classique, on se base ici non pas sur un groupe diversifié, mais sur une personnalité qui doit assurer le show seule à tout prix, si bien qu’on est dans le total culte de la personnalité, tous les personnages secondaires étant forcément à la botte de la célébrité, aussi méconnue soit-elle. C’était un genre qu’en fait je n’avais jamais approché.
Une précision intéressante, c’est que ces genres peuvent se mélanger entre eux. Exemple : on a vu avec Star Academy que l’à peu près artistique pouvait entrer en collision avec le trash, ou qu’un jeu comme L’île de la tentation pouvait être trash, ou encore, le trash avec le people dans La ferme chais plus quoi. En fait on peut tout faire en version trash et c’est ce qui donne si mauvaise réputation à la télé réalité, en général. Beaucoup de trash font en revanche semblant d’être des jeux.
Je sais, je sais : pour vous, rien de nouveau. Mais personnellement je me suis soigneusement tenue à l’écart de la télé réalité depuis Loft Story.
Oh, n’allez pas croire : j’ai regardé Loft Story. Et à l’époque j’en disais du bien. J’enregistrais les épisodes en prime (pas la quotidienne, quand même), et je disais en rigolant que c’était comme regarder une série, puisque l’un était aussi scripté que l’autre. Mais quand la première saison de Loft Story s’est achevée, j’ai tourné la page de la télé réalité et n’y suis plus revenue. Pour moi, c’était une expérience qui n’était pas supposée se renouveler : on avait essayé quelque chose de nouveau à la télé, on avait vu les réactions, vu les conséquences, pesé le pour et le contre, vu à peu près tout ce que ça pouvait donner comme divertissement. Il était temps de tourner la page après cette saison. Mais les audiences en ont décidé autrement. Moi par contre, je ne voyais pas l’intérêt d’aller plus loin et n’ai dés lors offert que mon mépris à ces émissions qui semblaient toujours plus débilitantes. Je n’aime pas avoir l’impression d’être prise pour une conne, et encore moins le prouver en regardant un truc débile juste pour en dire du mal. No offense, guys, c’est juste comme ça que je le ressens.
Une fois de temps en temps je me dis que je devrais peut-être regarder une télé réalité récente pour voir où on en est, mais déjà ma télé est débranchée depuis un bail, et d’autre part ya vraiment rien qui m’attire si je m’en réfère aux pitches. Ou ce qui tient lieu de.
J’ai eu l’autre jour une conversation intéressante avec Tony qui me soutenait que c’était une question de génération, et que ma génération avait aimé les sitcoms, la suivante aimait la télé réalité, et le fait que je n’aime pas était juste dû à mon grand âge (il l’a tourné plus diplomatiquement que ça, je vous rassure). Je ne suis pas convaincue de ça. On trouve des quantités de gens plus âgés que moi qui dévorent de la télé réalité (aux dernières nouvelles, mes parents en regardent… j’attends comme une délivrance le jour où on me confirmera que j’ai bien été adoptée).
Je crois que la différence tient plus dans le niveau d’exigence téléphagique, outre le fait que chacun a son échelle personnelle en la matière, et qu’avec surprise, j’ai découvert que Tony abhorait le sitcom dont les rires du public lui semblent faux (le comble de l’ironie quand on regarde de la télé réalité en la savourant pour sa fausseté, justement). Je ne critique pas l’échelle des valeurs de Tony, je dis juste qu’elle me surprend.
En tous cas je tiens à préciser que les sitcoms, j’y suis venue sur le tard hormis pour Une Nounou d’Enfer (et suis restée assez difficile en la matière), donc je ne pense pas qu’il y ait un effet générationnel.
Enfin bon. Donc, j’avoue, je n’avais jamais donné dans le people, alors que j’avais vu des extraits des autres genres à l’occasion (ma soeur, Dieu lui pardonne, pratiquant régulièrement le « je regarde mais pour me moquer, cela dit t’avise pas de critiquer ». Hm-hum).
J’ai donc tenté LisaRaye: The Real McCoy, et je vous avoue que… bah c’est pathétique aussi, mais différemment, et surtout c’est pas trash, ce qui est déjà ça (mais on a vu que le trash pouvait se combiner avec tout alors je suppose que si on est en manque, on doit pouvoir se trouver une célébrité qui nous en donne pour notre pognon quand même).
Du coup, je me sens éduquée, même si ça ne m’a pas spécialement plu. Pour la première fois, à cette occasion, je me suis forcée à me poser et arrêter de simplement vitupérer contre un genre télévisuel qui me répugne, et je crois pouvoir dire que désormais, il y a des types de télé réalité dont je dirai moins de mal que d’autres.
Du moment qu’on ne me force pas à les regarder.
Puisque nous en sommes aux confidences, j’avoue avoir moi-même regardé Loft Story à l’époque. L’attrait de la nouveauté sans doute… je me souviens que j’avais décidé de regarder ça vingt minutes seulement avant le lancement de l’émission parce que mon ordinateur a eu la lumineuse idée de tomber en panne ce jour-là… et j’aurais sans doute mieux fait de m’abstenir car j’ai suivi de la première à la dernière émission, comme on regarde un feuilleton sans en perdre une miette.
De tout ce qui est passé sur nos écrans par la suite dans la catégorie télé-réalité, je ne suis plus à l’heure actuelle avec assiduité que les jeux Koh-Lanta (même si je préfère largement la version américaine, Survivor), Pékin Express (qui par ailleurs ne passe plus par Pékin depuis belle lurette) et les concours de cuisine Top Chef et MasterChef (dont les candidats m’impressionnent souvent car ne serait-ce que l’idée d’être chronométré pour cuisiner me ferait perdre tous mes moyens).
Appartenant à la gent masculine, je ne suis d’après ton article pas dans le coeur de cible visé par les real-TV people. Tant mieux, car de même que je suis fermement de l’avis que ce n’est pas parce qu’on est un personnage public qu’on n’a pas le droit à une vie privée, je trouve assez pathétique que certains en arrivent là pour qu’on continue à parler d’eux, que l’émission soit trash ou pas.
En matière de sitcoms, puisque tu les évoques dans l’article, je suis plutôt du genre old school (parmi celles que j’aime, on trouve Les craquantes ou les classiques made in M6 : Cosby Show, Madame est servie, Ma sorcière bien-aimée, et Une nounou d’enfer), les plus récentes que j’ai vraiment suivies étant Friends et Will & Grace (laquelle s’est achevée voilà déjà cinq ans), si j’excepte Hot in Cleveland et Happily Divorced, qui pour moi s’inscrivent justement dans la tradition des sitcoms old school.
Enfin, pour en revenir aux titres évoqués dans l’article : pour celui de l’émission consacrée à LisaRaye, plus qu’une présentation de son vrai visage, j’y vois plus un jeu de mots lié à l’expression idiomatique « the real McCoy », un peu l’équivalent anglo-saxon de notre « le seul, l’unique, le vrai ».
Et comment ne pas te faire part de ma petite déception en découvrant que ton article n’était pas consacré à la fort sympathique mais hélas bien trop courte série Get Real (La famille Green en VF) avec Debrah Farentino, Anne Hathaway et Jesse Eisenberg que j’avais suivie avec plaisir lors de sa diffusion sur France 2 il y a des lustres. Série qui s’achevait d’ailleurs sur un cliffhanger absolument intenable.
Mais il est partout ! J’ai même pas le temps de répondre à ton MP
J’ai parlé de Get Real mais tu le trouveras sous le tag de son titre français (car en général j’utilise le titre français pour les séries que j’ai découvertes en VF), et j’avais même mis le 2e épisode en cagoule si le coeur t’en dit. Il suffit pour ça de te rendre sur la page « Outils de recherche avancés » dans le menu du haut ou la conne latérale et utiliser CTRL+F (un jour je ferai vraiment un tuto pour expliquer les petites manips qui font gagner du temps dans le coin !)
Tu parles de Masterchef & Co. : c’est typiquement le genre de show que j’avais oublié mais, oui, j’ai vu le premier épisode de l’un d’entre eux (version US, mais quant à me rappeler duquel… Hell Kitchen peut-être ?) ainsi que le pilote de Cake Boss (l’un appartenant aux jeux, l’autre au people). Et j’ai certainement dû voir un peu de Diner Presque Parfait à un moment mais j’en suis pas sûre. Pas spécialement enthousiaste à leur sujet, mais c’est certain, ce n’est pas la lie de la télé réalité.
Merci pour la précision sur l’idiome, je ne connaissais pas cette expression ^_^
Je réponds à ton MP avant la fin de weekend, n’en prends pas ombrage. En attendant, la technique énoncée plus tôt dans ce commentaire te permettra de trouver mon post sur le pilote de Happily Divorced
PS : c’était pas vraiment un cliffhanger vu la façon dont ils l’ont traité. Mitch avait un cancer, j’en suis sûre et certaine.
Je ne suis pas une fan de la télé-réalité. Comprenez que je ne la regarde jamais (mais comme je regarde trèèèèèès rarement la télé, aussi…)
Même à l’époque de Loft Story, voici 10 ans (tout ceci ne nous rajeunit pas -_-‘), alors que j’étais en plein dans le coeur de cible, je n’ai jamais accroché. J’ai regardé le premier « épisode », puis un ou deux par la suite, pour ne pas mourir idiote, mais c’est tout. Maintenant, je m’en tiens éloignée le plus possible. Ne me parlez pas de « Secret Story » ou je fais un malheur ! ^^
Maintenant, comme toi, je sais reconnaître que certaines émissions de télé-réalité ne sont pas si « horribles » que ça. Je n’irai pas jusqu’à les regarder, mais je n’irai pas jusqu’à dénigrer une personne qui les suit. (Par contre, pour d’autres, je ne me gênerais pas xP)
PS : Moi aussi, je suis sûre que Mitch avait un cancer
Ah non. Moi je juge les gens. XD
Assez d’accord, en y repensant, que la conclusion du cliffhanger en question était prévisible, mais on ne se refait pas, je suis et resterai toujours frustré par les séries qui ne connaissent pas une vraie conclusion bien propre. Parce que j’aime qu’on finisse ce qu’on a commencé et aussi, parce que quelque part c’est aussi un manque de respect envers le public de laisser les choses en suspens. Mais bon, j’ai beau être naïf, en tant que téléphage, ça fait longtemps que j’ai compris que le respect du spectateur, les chaînes s’en fichent comme de l’an 40.
Par où commencer ?
« Tony abhorait le sitcom dont les rires du public lui semblent faux »
=> Ils ne me semblent pas faux. Ils le sont ! Tel est le cas sur une série sur deux. Et quand on assiste à un enregistrement dans des conditions du direct (le fameux « in front of a live audience »), les applaudissements et rires sont arrangés, à la manière des jeux télévisés, en post-production. Et ce n’est pas la seule raison qui explique mon aversion pour le genre. Le décor statique en carton-pâte, le comique de situation (après tout le mot sitcom vient de là donc par définition je ne suis pas enclin à l’apprécier), la qualité de l’image (l’éclairage de supermarché m’insupporte) et le sur-jeu permanent des comédiens y sont pour beaucoup.
« le comble de l’ironie quand on regarde de la télé-réalité en la savourant pour sa fausseté, justement »
=> Ce n’est pas tant la fausseté en elle-même que je « savoure » (soyons un peu plus nuancé), mais plus la démarche des producteurs (mon ambition est de produire un docu-réalité je rappelle) qui s’inspirent de plus en plus des codes de la fiction. C’est passionnant de quoi à quel point des éléments les plus classiques dans une série peuvent apporter une autre dimension à une émission de télé-réalité. Je parle ici d’écriture en acte, l’intégration de « plans de coupe » (et pas uniquement en cache-misère), d’« illustrations » soignées qui sont souvent des vues aériennes, des séquences clipées où la musique sert souvent le récit (ce qui est de moins en moins le cas des dramas US) et justement un « récit » ! The Hills a marqué un tournant en la matière. On a obtenu pour la première fois un genre hybride qui a totalement marqué la pop culture américaine. Obama l’a même cité en période de campagne électorale. Alors, si sur le plan technique l’émission ne vous intéresse toujours pas, je vous conseille au moins par curiosité, pour son impact, d’y jeter un œil.
Quant à la question de génération je persiste et signe. Et tout dépend du genre. « Les jeux », comme vous l’avez cité, sont plus enclins à attirer un public familial et par définition plus large. Ce n’est pas un hasard s’ils sont diffusés en prime-time. La télé-réalité d’enfermement, elle, séduira davantage les jeunes et les ménagères. Si vos parents regardent l’un des deux (ou les deux), rien d’alarmant. Je n’invente rien. C’est du marketing, les chaînes annoncent exclusivement les parts de marché sur ces cibles pour mesure le succès des émissions. Bref, ce que je voulais dire : de nombreuses personnes aujourd’hui âgées entre 25/35 ans ont été bercées par les sitcoms multi-caméra sur les écrans français, à la même manière que les 15/25 ans sont aujourd’hui bercés par la télé-réalité. Donc, quand Hot in Cleveland et Happily Divorced prennent pour parti pris artistique de se calquer sur les vieilles sitcoms et ainsi de jouer sur la nostalgie, il est, je pense, normal que l’effet « Madeleine de Proust » prennent le dessus sur notre exigence (vous l’avez-vous-même écrit).
Vous comprendrez donc mieux ma réaction quand je lis ou j’entends quelqu’un critiquer le produit d’une époque quand lui-même a « savouré » le sien en son temps et que ces deux produits, à leur manière, ne sont pas exempts de reproches. Il s’agit donc bel et bien d’une question de génération.
Tony, vous citez UN sitcom comme exemple et généralisez à partir de là mon propos. La nostalgie que j’éprouve pour Une Nounou d’Enfer lui est entièrement unique. Et surtout, comment expliquer que ma sœur, qui a regardé les mêmes choses que moi et est de la même génération (par définition) regarde ces émissions de télé réalité ? Il y a bel et bien un facteur de goût et non de génération.
Quant à moi je considère que, si peu de sitcoms méritent d’entrer dans l’histoire (et à propos, je ne considère objectivement pas qu’Une Nounou d’Enfer en soit digne, qualitativement parlant), ils héritent en droite ligne des modalités du théâtre. On aime ou on n’aime pas, là encore, mais ce n’est pas de la fausseté, c’est juste un registre différent.
Vos arguments portent en essence sur la réalisation. C’est passer à côté du FOND, et beaucoup de sitcoms offrent plus de fond (là encore, à mes yeux) qu’aucune émission de télé réalité ne le fera jamais. Vos arguments sont probablement plus que recevables (bien que je ne me considère pas comme une sommité en la matière et mon savoir technique se résume à quelques termes techniques que je devrais ne pas trop mal savoir employer), mais ils ne forment pas la seule valeur d’un programme, qu’il soit de fiction, de semi-fiction ou de documentarisation. Quand sur Twitter j’ai tenté de vous expliquer que c’était pour son propos que Roseanne était un sitcom brillant (…sur ses premières saisons), ce n’était certainement pas parce que ses décors étaient formidables ou son actrice principal un modèle de jeu nuancé (mais là encore, pourquoi accuser les acteurs de sitcoms de faire ce que vous appréciez chez les comédiens de télé réalité, ça, je l’ignore ; là encore pas d’accusation, plus de la surprise de ma part, comme s’il vous était évident de faire deux poids deux mesures pour une raison qui m’échappe mais que je ne demande qu’à me voir expliquée). C’est pour son vrai propos social, un pamphlet quasi-constant (…dans ses premières saisons) et un féministe agressif rare à la télévision. Peut-on envisager cet aspect-là aussi des choses ? Ce que me disent les émissions de télé réalité, c’est… rien. Je ne parviens pas (peut-être à tort, ai-je jamais prétendu avoir le droit de juger de ce qui est universellement regardable ou pas après tout ?) à y trouver un intérêt de fond. Il n’y a pas de sujet. Il n’y a pas de propos. Dans les sitcoms, les décors sont en carton-pâte, pas forcément les sujets. C’est en cela que la vacuité de la télé réalité ne parvient pas à me toucher. Quand on a la compétence pour saisir la finesse de chaque plan, ça peut paraitre secondaire, si je me force un peu à me mettre dans les chaussures d’un autre je peux l’imaginer. Mais il reste que ça reste particulièrement superficiel pour moi, et que sur le fond, c’est quand même plus souvent un concours de vide intellectuel et de fascination pour l’humiliation qu’autre chose.
Je ne comprends pas que le fait de regarder ou pas un type de programme soit forcément à rapprocher de notre âge. Des gens de mon âge (plein !) regardent des programmes que je ne regarde pas et inversement. Je ne vois pas pourquoi il vous semble révoltant que je dise qu’il y a bien un facteur de personnalité et de goût dans tout cela. Oui il y a des tendances, et le marketing est là pour ça, mais vouloir englober à tout prix tout le monde de force dans des cases qui sont plutôt des moyennes que des généralités me semble ahurissant.
En tous cas il n’y avait, je le répète, aucune attaque d’aucune sorte dans mes propos, et je suis désolée que vous les ayez mal interprétés. Mais le genre de la télé réalité, vous le voyez, je fais des efforts pour le découvrir comme je peux. On ne peut simplement pas me forcer à l’aimer ni à lui reconnaitre des qualités qui me restent invisibles. Je tente pourtant de mesurer mon propos et j’aurais pensé que vous apprécieriez que même sans jamais avoir aimé une seule émission de télé réalité, j’aie réussi à trouver des défauts moins graves que d’autres, et des sous-genres plus acceptables que d’autres. De mon point de vue, c’est quand même un progrès…
Chère Lady,
Je cite un exemple de sitcom, comme vous citez avant tout (et à juste titre puisqu’il s’agit d’une de vos proches) l’exemple de votre sœur pour parler de facteur goût. On ne peut pas non plus généraliser à partir d’un cas. Mais je n’ai, à aucun moment, même s’il est difficile d’avoir une telle conversation en se limitant à 140 caractères, dit que celui-ci n’était pas à prendre en compte. Je dis juste que le facteur « générationnel » est plus important. Je pense que c’est aussi une question de cœur de cible. Désolé, le marketing revient donc sur le tapis.
Puisque vous parlez de l’héritage du théâtre pour les comédies multi-caméra, il est évident que les passionnés de théâtre de boulevard, qui sont aujourd’hui plus âgés que « nous » (il existera toujours des exceptions) ont un avis particulièrement tranché sur les sitcoms, à l’instar de nombreux sériephiles sur la télé-réalité. Chaque registre a son public, même si chaque registre offre une certaine diversité. J’insiste donc, quitte à me répéter : l’aspect « générationnel » est vraiment à prendre en considération, mais, et heureusement, n’est pas exclusif. Je crois que par le manque d’explication possible sur Twitter, je me suis mal exprimé, du moins pas totalement. Je ne veux pas dire qu’il faut inclure dans une case des individus en fonction de leur année de naissance. Cela ressortirait de la caricature. C’est en fait presque une question d’éducation/culture. Quand un enfant est bercé au fil des années (volontairement ou non) par un certain genre de musique, il éprouvera un intérêt et/ou une certaine tolérance, ce qui à notre époque est déjà énorme, pour le genre bien des années après.
Quant à la télé-réalité, j’ai cette démarche d’analyser la réalisation et c’est, je le reconnais, peu commun. Mais parler de « vacuité » et donc d’absence de fond n’est sans doute vrai que pour ce que vous voyez de la télé-réalité : Secret Story (quoiqu’en soi l’expérience peut être intéressante, du moins dans ses premières saisons), Qui veut épouser mon fils, L’Amour est aveugle et compagnie… Et je m’insurge tout autant que vous face à ces programmes. Quand je fais allusion et que je défends la télé-réalité, je me désolidarise bien évidemment des exemples susnommés. Je fais quasi exclusivement référence aux productions américaines (ayant peu vu des programmes d’autres pays), du moins celle où la notion d’humiliation n’est pas présente. Pour le cas de The Hills, quand un produit est novateur sur sa forme et a un impact culturel, la curiosité permet d’y jeter un œil. L’aspect addictif, lui, fait le reste. Un aspect qui repose bien évidemment sur d’autres éléments que des termes techniques de réalisation. À l’inverse, Roseanne fait fuir pour sa forme, mais ce que vous me décrivez sur son fond me donne envie de m’y intéresser… Quant au jeu nuancé, si « jeu » il y a dans un programme dit de télé-réalité, j’ai plutôt tendance à le zapper. Le manque de naturel est présent, il est vrai, dans beaucoup de cas. Pour faire d’ailleurs le lien entre les deux genres: « Scott Baio Is 46 And Pregnant ». Sympathique au premier abord, à suivre donc comme une dramedy lambda, mais le fameux héros de Charles s’en charge y joue clairement la comédie. Totalement dénué de naturel donc.
Après, je joue un peu le côté « avocat du diable » sur Twitter, car à l’exception de certainEs sitcoms, dont Roseanne, toutes les qualités que vous avez énumérées ne sont pas forcément présentes ailleurs. Mais après tout, beaucoup les regardent par pur plaisir, ni plus ni moins. On devient client de « reality tv shows » également pour se divertir, et non s’instruire. Tous ont des qualités ludiques, mais seulement certains peuvent parler de « sujet » et de « propos » comme vous l’entendez. Quand Katsuni m’a dit en interview que son programme « Dans la vraie vie de Katsuni » avait une démarche presque « ethnologique », je n’ai pu m’empêcher de pouffer (dans ma tête). Après réflexion, elle n’avait pas si tort, même si je n’ai pas vraiment vu son émission pour me permettre de la juger. Je ne sais donc pas si cela s’applique à elle, mais c’est le cas pour certains programmes.
(Ne voyez pas forcément de transition ici) Malgré tout le clinquant et les romances, The Hills est une plongée dans le cœur de la mode, vue par les yeux d’une (fausse) girl next door venue s’installer dans la « cité des anges ». Aussi « fake » que le tout puisse être, plusieurs stylistes, rédacteurs en chef de magazines, responsables de la communication de grands groupes, et même artistes (l’horrible Lady gaga par exemple) y ont fait une apparition. Et il n’est pas question que de chiffon, nous sommes en immersion dans les coulisses d’un milieu réputé intransigeant, élitiste et souvent caricaturé. Bref, un milieu qui suscite un intérêt et donc bénéficie d’une certaine « aura ». Idem pour celui de l’industrie du disque via un autre « personnage ». C’est plus ou moins du documentaire avec un bel emballage. Autre qualité insoupçonnée aux The Hills / The City & Co : ces reality-drama font office de guide de tourisme. Les lieux sont tous indiqués à l’écran. Et même si l’on sait qu’il s’agit ici de pur « placement de produit » payé par les enseignes en question, on ne se limite pas forcément à un simple plan de façade. Ce n’est pas le guide du Routard loin de là, mais ça peut être pratique pour préparer ses hypothétiques vacances. Après tout, combien de touristes vont à New York en passant par les lieux vus dans Sex and the city ? Ces raisons peuvent faire maigre face au propos social d’une Roseanne, mais elles n’en demeurent pas moins valables.
Enfin, le débat peut encore durer des heures. Je comprends votre point de vue, je le respecte, même si je trouve qu’il est peut-être parfois trop tranché sur certains sujets malgré une ouverture d’esprit louable. Je pars aussi du principe que l’affection pour certaines œuvres télévisuelles ressort parfois de l’irrationnel, comme cela est le cas pour vous, à en croire vos (nombreux ) billets, pour Single Ladies. Disons que j’ai aussi des équivalents, dont une bonne partie en télé-réalité.