Là où il y a de la gêne…

5 juillet 2011 à 22:45

Puisqu’on en est aux confidences, j’ai toujours eu du mal avec le concept de guilty pleasure, c’est incompréhensible pour moi. Parce que de deux choses l’une : soit on pense que la série est une merde, et on arrête, soit en fait elle a des avantages, même peu nombreux, et la traiter de guilty pleasure est une façon de se couvrir aux yeux du reste de la communauté téléphagique, ou de soi-même si on a vraiment des problèmes d’estime de soi, mais démontre une bonne dose de malhonnêteté intellectuelle.

Aussi, quand je vous dis que je regarde Singles Ladies, il ne me vient pas naturellement l’idée d’y accoler le terme de « guilty pleasure« , parce que mon plaisir n’est pas coupable, il est juste inférieur à d’autres que je peux ressentir devant des séries qui me rendent véritablement accro. Le jour où Single Ladies ne m’apportera plus cette fenêtre glamour sur le monde black d’Atlanta, je partirai sans me retourner, on aura passé du bon temps ensemble mais on n’avait pas d’attache, rien ne nous retient. Je ne suis pas obligée de regarder une série, alors si je la regarde, je lui dois (ainsi qu’à moi-même, en fait) d’admettre que c’est parce qu’elle a des bons côtés, même si ceux-ci ne flattent pas forcément mon ego. Mais on parle de quelqu’un qui idolâtre Une Nounou d’Enfer ou Reba depuis des années, alors mon ego…

Ainsi, j’ai été faible, j’ai re-regardé le pilote de The No. 1 Ladies’ Detective Agency suite à une conversation sur Twitter, et j’ai eu un véritable orgasme téléphagique devant la beauté, l’optimisme et l’énergie qui s’en dégagent. Alors à côté de ça, évidemment, je sais que tout est relatif, et que je n’apprécie pas Single Ladies pour être la meilleure série au monde, ce n’est pas parce que je regarde une série que forcément je pense qu’elle a les atouts pour me faire grimper aux rideaux, mais pour ses modestes (et rares) qualités, énoncées précédemment et que vous découvrirez en suivant les tags (mais qu’on peut résumer en un nom : LisaRaye McCoy).
Et surtout j’admets que quand je la regarde, je baisse le niveau de mes exigences, mais pour autant, je ne regarde pas uniquement pour me moquer en la qualifiant plus tard, devant les copines qui me racontent leurs nuits torrides devant Game of Thrones, de guilty pleasure. Il n’y a aucune forme de culpabilité dans ma démarche, et je peux aussi avoir du Game of Thrones tout une nuit si je veux. Et je ne laisse pas ma part au chien, vous pouvez me croire, j’ai dû voir l’épisode de la couronne d’or une dizaine de fois.

On se rappelle tous la première fois qu’on a eu du plaisir devant une série, on se rappelle tous du premier orgasme téléphagique.
Pour moi, la toute première fois, c’était devant Chicago Hope, mes pieds se sont dérobés sous moi, je me suis assise sur la table basse du salon, agripée à l’ignoble napperon en dentelle de mes parents, le nez à 20cm à peine de l’écran cathodique, le souffle court et les yeux humides, et j’ai compris que ce qui s’était cassé en moi à la mort d’Alan Birch était le début de quelque chose. Ce n’était qu’un prélude à la sensation incomparable du premier orgasme téléphagique, des années plus tard, quand je me suis littéralement retrouvée à bout de souffle devant le pilote de New York 911 et son injection brute d’arénaline (que j’ai cherché ensuite à retrouver dans les épisodes suivants et n’ai jamais vraiment su ressentir à nouveau).

Mais quand il n’y a pas d’orgasme téléphagique, quand le plaisir est si faible qu’il nous rappelle un bisou d’amoureux de maternelle, pour autant, devons-nous nous arroger le droit de diminuer la série ? Nous boudons un plaisir moindre et simple par péché d’orgueil, voilà tout.

On sait tous qu’il y a une palette de nuances incroyables dans le plaisir, qui va du bon petit épisode honnête, à la saison qui transcende votre existence et ne vous fait plus rien regarder comme avant (d’ailleurs c’est décidé, dés que j’ai fini Roseanne, je me commande le DVD et me refais une intégrale de SPACE 2063 ; rien que de mentionner la série dans un de mes tweets récemment, j’ai eu un coup de nostalgie terrible). Il y a de la place pour tout et je ne suis pas sûre de vouloir vivre dans un monde où je ne me délecterais que du second cas.

Alors je ne comprends pas l’emploi du terme guilty pleasure.

Surtout qu’entre nous, tout dépend des circonstances. J’ai pris l’habitude de regarder Single Ladies avec un petit cocktail de ma confection fleurant bon la fraise, et j’apprécie la série pour l’impression qu’elle me donne, une fois par semaine, de me comporter selon mon genre, à m’irradier l’oeil de dorures, de clinquant, de jolies robes, et de nanas parfaitement bien roulées (hm, c’est ptet pas entièrement selon mon genre, à la réflexion). Je ne vais pas la dénigrer pour ça. Le jour où j’ai honte, j’arrête, voilà tout.

Alors si quelqu’un arrive à m’expliquer l’intérêt d’un guilty pleasure, c’est-à-dire un truc dont on pense sincèrement qu’il est nul, mais qu’on regarde quand même, je veux bien qu’on m’explique. C’est comme tirer un mauvais coup pour pouvoir s’en plaindre après alors qu’on n’avait qu’à rentrer avec un type plus doué ou un lapin à 6 vitesses : je ne comprendrai jamais.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

4 commentaires

  1. Milady dit :

    Je ne crois pas utiliser le terme « plaisir coupable » très souvent mais je pense que je pourrais l’employer pour quelques séries, films, choses en général… après il y en a plusieurs sortes!
    Il y a par exemple le plaisir coupable du film d’horreur ou je vais regarder un film d’horreur et ne pas dormir de la nuit après cela et m’en vouloir après du coup quand je serai crevée la journée d’après…bon c’était surtout vrai il y a quelques années puisque les films d’horreur ne me font plus grand chose ^^ »

    Il y a le plaisir coupable du truc que je regarde alors que j’ai dix milles choses à faire à côté plus importantes.
    Mais là c’est plus de la vraie culpabilité -pas exacerbée non plus- et cela n’a pas de rapport en fait avec la qualité du film ou de la série.
    Après j’ai d’autres « plaisirs coupables » mais ce sont toujours des « plaisirs coupables » par rapport à moi. Par exemple le plaisir coupable ce serait de regarder une série Japonaise qui n’a vraiment aucune autre qualité qu’un casting même pas bon mais plein de jolis jeunes hommes. J’ai pas honte de la regarder mais je me dis que quand même je pourrai regarder plus constructif. Sauf que j’ai pas envie.

    Enfin il y a le film qu’on regarde parce qu’il est mauvais. Ca marche surtout pour les films de mon côté parce qu’une série c’est trop long à regarder quand ce n’est pas bon. Mais il y a des films que je regarde purement parce que c’est mauvais. Parce que les acteurs, la réal, tout sera foiré, et que je serai morte de rire. Pour moi c’est une véritable comédie. Par exemple Twilight 2 je suis allée le voir et j’ai été morte de rire 100% du temps. Je n’ai pas apprécié le film pour ses véritables qualités mais pour ses défauts qui deviennent des qualités comiques. Si tu vois ce que je veux dire? :s Et puis j’admet qu’après tourner le film en dérision est un véritable plaisir. E tlà je me sens un peu coupable d’aimer descendre le film mais d’être allée le voir non. Encore que Twilight 2 ne soit pas le meilleur film sur le marché mais si on prend un film tel que Dracula 3000 -qui non n’était PAS censé faire rire- ce film est purement magnifique de médiocrité et c’est pour cela que je le regarde, ne serait-ce que pour profiter des dialogues absolument foireux du genre:

    Machin – Il a été mordu.

    Bidule – Mordu ?

    Machin – Mordu.

    Bidule – Ce sont des marques de dents ?

    Machin – Oui des canines

    Bidule – Mais alors, on l’aurait mordu ?

    Sérieusement c’est magique ce genre de dialogue XD
    après c’est une question de goût, moi c’est vrai que j’ai l’amour du navet^^

    voilà ma réponse était pas trop trop claire je cris mais bon je voulais te répondre^^

  2. Milady dit :

    Un dernier truc quand même parce que j’y ai pensé dans la douche -je pense à beaucoup de choses dans la douche-:

    « C’est comme tirer un mauvais coup pour pouvoir s’en plaindre après alors qu’on n’avait qu’à rentrer avec un type plus doué ou un lapin à 6 vitesses : je ne comprendrai jamais. »

    L’image pour moi n’est pas exactement bien choisie parce qu’un mauvais coup, y a pas de plaisir. Le plaisir coupable par définition, il y a plaisir. Quand je choisis un mauvais film je cherche quelque chose qui me fasse rire… si le nfilm n’est pas involontairement drôle, alors il n’y a aucun plaisir, c’est juste une mauvaise surprise.

    LLe plaisir coupable pour moi c’est quand on couche avec quelqu’un alors qu’on a un copain, c’est quand on mange une tablette de chocolat alors qu’on s’est mise au régime ou c’est quand on se retrouve devant une mauvaise adaptation de STephen King parce qu’on sait que ça va être grave et qu’on sera morte de rire tout le long. Donc se retrouver devant un film justem platement mauvais ou devant Sucker Punch alors qu’on voulait voir un bon film… pas de plaisir, cela ne compte pas^^

    Mais je me demande en fait si je suis bien dans ta définition parce que ton titre parle de « gène » et par contre je ne suis absolument pas gênée d’aimer les dialogues mal écrits et les séries superficielles ou les acteurs sont beaux à défaut de savoir jouer la comédie :s

  3. LL dit :

    Humm, je rejoins Milady : pour moi le guilty pleasure ne mérite même pas le mot guilty parce que j’en ressens aucune honte ou gêne parce que je sais et j’assume de regarder une série que je trouve moyenne (jamais mauvaise, celles que je trouve mauvaises, je ne les regarde pas) mais je l’assume. Je sais que telle ou telle chose n’est pas terrible ou même ne correspond pas à mes goûts ou mes critères de qualité pourtant je la regarde parce que lui je l’aime bien ou que ça j’ai bien aimé et que si j’ai bien aimé alors y a de l’espoir pour que j’aime d’autres trucs. (Pas clair…). Mon Guity pleasure doit rassembler une piètre qualité avec néanmoins de bonnes trouvailles sinon y a aucune intérêt^^

    Outre Camelot, je peux citer The Vampire Diaries ou Teen Wolf en « guilty pleasure » (j’aime vraiment pas ce terme mais j’en vois pas d’autres). Ce genre de série, à la base, c’est pas mon truc. Et pourtant, j’ai accroché pour plein de petites raisons qui n’en font pas un chef d’oeuvre mais quelque chose qui a retenu mon attention (de la bonne manière). Là où il y a « guilty », c’est que c’est VRAIMENT pas mon genre. Pour Camelot, le guilty, c’est qu’il y avait des trucs si mal faits que ça m’énervait. Or, quand je regarde une série, elle n’est pas sensée m’énerver…

    En gros, je résumerais qu’un « guilty pleasure » est une série qui sort complètement de nos habitudes parce qu’elle est, selon nos critères, de moindre qualité, chose que l’on sait parfaitement. Pourtant, on la regarde pour ce petit quelque chose (acteur, ambiance, concept…) qui nous a accroché même si on a parfois l’impression de perdre du temps (on sait qu’on ne devrait pas regarder mais on regarde parce que mine de rien, ça fait du bien de ne pas voir toujours la même qualité > Ce qui n’est pas la porte ouverte à n’importe quoi non plus soyons claires^^).

    Ah si y a un interêt à « guilty pleasure » ! Normalement, on le brandit pour ne pas avoir à se justifier xD

  4. LL dit :

    J’oubliais : Si j’ai utilisé la première fois le terme « guilty pleasure » alors que j’en suis pas une adepte (ce côté honteux ne me plaît pas, je ne comprends pas qu’on « cache » ainsi ses goûts), c’est tout simplement que je débattais avec quelqu’un que je ne connais pas et que du coup, ça me semblait être le terme le plus approprié pour être comprise. Il n’en reste pas moins (et je pense l’avoir démontré xD) que je sais très bien que Camelot est loin d’être excellente mais que je lui avais trouvé suffisamment de bons côté pour la suivre avec assiduité.

    Pour les Borgias, j’ai juste ressenti moins de plaisir au visionnage pour X raisons…

    (Oui oui, j’en déduis que tu es la fameuse anonyme ? Et si c’est pas le cas, ce doit être juste incompréhensible comme commentaire ^^)

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