Parlez-moi de mort, redites-moi des choses tendres…

24 avril 2011 à 17:38

Ne partez pas sans avoir résolu ce qui vous fait fuir. Vous seriez contraints d’une façon ou d’une autre à revenir.

Combien de fois avons-nous entendu ce refrain ? Et combien de personnages ont dû admettre qu’il fallait rentrer à la maison pour mieux la quitter ? De Six Feet Under à, plus récemment, Koselig Med Peis, on découvre régulièrement dans les séries qu’il ne sert à rien de quitter le foyer familial, on finit toujours par y revenir.
East of Everything ne fait pas exception.

Pourtant il y a dans ce pilote une telle grâce, et une telle gravité, employées à remonter le chemin des souvenirs, que je mets au défi quiconque regardera les première minutes de n’avoir pas le coeur à la fois serré et exalté devant ce qui se dégage de la série.

Art Watkins s’est enfui, lui aussi. Sans doute plus loin que tous les autres personnages qui l’ont précédé ou suivi : il n’a pas simplement quitté Broken Bay, il a carrément quitté l’Australie, et parcourt le monde en quête d’endroits fabuleux dont il pourrait faire des guides de voyage. Alors bien-sûr, plus l’homme va loin, plus on peut se demander ce qu’il fuit. C’est lorsqu’il reçoit un message de son frère Vance, lui apprenant que leur mère Nancy est sur le point de décéder de son cancer ; malheureusement, à l’aéroport, sur le chemin du retour, il reçoit un second message lui indiquant qu’il est trop tard. Retournant dans le petit patelin de Broken Bay pour les obsèques, il va, nécessairement, devoir faire face à tout ce qu’il a laissé sur place : son frère Vance, bien-sûr, amer au possible d’avoir dû s’occuper de Nancy pendant qu’Art voyageait Dieu sait où, mais aussi son premier amour, Eve, et même son fils qu’il n’a pas vu depuis 10 ans, Josh. Oui, 10 ans. Il a couru loin, et il a couru longtemps, aussi, notre Art. Et tout ce petit monde, ce sont des gens avec qui il y a beaucoup de choses laissées en suspens…


Mais le moment n’est pas seulement aux retrouvailles. Car la propriété de Nancy, une ex-hippie qui, d’après les propres termes d’Art, ne s’est jamais consolée de la fin des 70s, a l’air abandonnée, mais c’est un énorme terrain qui pourrait aussi être valorisé en un magnifique et lucratif projet immobilier. Quelque chose qui n’a pas échappé à Melanie, la fiancée de Vance qui, bien que fasciné par le bouddhisme et la musique indienne, n’est pas une hippie, elle, mais un agent immobilier avec de la suite dans les idées. Et l’héritage de Vance, elle compte bien dessus. Sauf que ça ne va pas exactement se passer comme prévu parce que Nancy n’a pas légué la propriété à Vance, comme ce dernier le pensait, mais bien à ses deux fils…

Non, sur le papier, East of Everything n’a donc rien inventé. Pourtant il se dégage quelque chose de très particulier de la série, peut-être parce qu’on sent le côté un peu hippie, et que la maison familiale est une espèce de taudis plein d’arc-en-ciels et d’objets en macramé, ou peut-être parce que, derrière tout ça, on sent une certaine spiritualité. La scène de l’aéroport est certainement ce qui déclenche cette impression, mais elle est persistante, notamment parce que le cadre de Broken Bay est absolument paradisiaque, au coeur d’une forêt tropicale et à quelques pas d’une plage de sable fin, la famille Watkins va régler ses comptes tout en profitant d’une nature verdoyante qui a quelque chose de réconfortant.

Au retour aux sources d’Art, et aux enjeux sur l’héritage (traités de façon extrêmement plus subtile qu’anticipé), s’ajoutent les intrigues secondaires de deux personnages, en apparence déconnectés de la vie des Watkins, mais qu’on va apprendre à connaître et dont on va également apprécier la quête initiatique pour se trouver, puisque c’est de cela qu’il s’agit naturellement.

Avec ses ondées et sa nature pleine de fraîcheur rassurante, East of Everything raconte bel et bien comment des personnages torturés vont trouver la paix, enfin, avec leurs proches et donc avec eux-mêmes. Il y est pas mal question de mort (pas seulement à cause de Nancy) et pourtant l’espoir n’a pas disparu.
East of Everything n’a donc rien inventé, certainement pas. Mais elle a su se mettre en images avec à la fois une grande émotion et une rugosité toute australienne, sans en faire des tonnes. East of Everything, ça fait du bien là où ça fait mal.
Donc pour répondre à votre question, oui, je cagoule le deuxième épisode pendant que nous parlons.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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