Ce qu’il y a de formidable avec les découvertes, c’est que par définition, ça ne s’arrête jamais.
Investie par l’un de vous d’une mission épineuse, me voilà à farfouiller le net en quête d’une série… irlandaise. Une première. Pour l’instant, je n’ai pas trouvé le pilote de Raw, ma cible désignée, mais chemin faisant, je suis tombée sur Love/Hate, une série de 4 épisodes écrite par le même scénariste, et diffusée à l’automne dernier sur RTÉ.
L’Irlande… pourquoi n’étais-je pas encore allée trop fouiner par là-bas, déjà ? Ah, j’y suis : les accents. Ouh, nom d’un chien…!
Bon, mais à part les accents ? Pas une seule raison ne me vient à l’esprit pour éviter les séries irlandaises, et donc, ça tombe bien, j’ai cliqué sur Love/Hate, d’abord parce que ça ne dure que 4 épisodes, donc si vraiment c’est mauvais, dans le pire des cas, je suis tirée d’affaire en 4 heures (bien que nous sachions tous qu’en réalité je n’attends pas si longtemps dans le cas où le pilote est miteux), et en plus, le résumé disait : avec Aidan Gillen. Et là comment vous dire ? J’ai oublié de lire la suite avant de cliquer.
Il faudra pourtant s’armer de patience avant de voir Aidan Gillen débarquer dans cet épisode, mais quelle n’a pas été ma surprise lorsque j’ai reconnu un autre visage… puis un troisième ! Vous vous rendez compte que vous commencez à trouver vos repères lorsque vous en êtes à votre troisième « bah merde alors !!! salut, toi ! »…
Patience récompensée, donc, car voici quels sont ces deux autres visages :
Deux acteurs de Misfits dans une même série, c’est pas mal quand même, non ? Pis pardon, mais Robert Sheehan est franchement impossible à ignorer ; il est lumineux, il vole toutes les scènes, il n’y en a que pour lui, c’est fou ! En tant que Nathan, il est drôle et plein d’énergie, en tant que Darren, il est écorché vif et terriblement attachant. Je préfère amplement Darren, mais je ne vous empêche pas d’aller en juger par vous-mêmes.
Bon mais alors, passé le générique, de quoi parle Love/Hate ? Eh bien, exactement de ça. D’un mélange brut d’amour et de haine, de tendresse et de violence. Nos protagonistes sont des gangsters, et lorsque l’un d’entre eux est abattu en pleine rue, la famille endeuillée du défunt se retrouve pour pleurer, mais on commence aussi à parler vengeance.
Il parait que l’idée de la série est venue à son créateur lorsque celui-ci a lu des messages sur divers réseaux sociaux, suite à la mort de gangsters. Le contraste entre la vie de violence et la vie familiale lui est apparu comme intéressant. Je souscris complètement, et j’ajoute que la douleur est extrêmement bien retranscrite. En fait, rarement un épisode aura aussi bien parlé de deuil que le pilote de Love/Hate ; loin de se focaliser sur les guerres de gangs irlandais, le pilote s’attarde sur les obsèques en y consacrant près d’un tiers de son temps.
L’idée, ce n’est pas de se lancer encore une fois dans une démonstration de violence, d’escalade et de baston, après tout on l’a déjà tant vu ! Non, le but du jeu, c’est de nous faire pleinement prendre la mesure du prix à payer. On nous l’a sorti suffisamment longtemps, le refrain des gangs qui vont s’entretuer tout en enterrant leurs morts, sur fond de lutte de pouvoir et de fierté mal placée. Love/Hate mise sur un côté plus humain, la vraie question dramatique, et pas juste sur le spectacle excitant des flingues quipétaradent et des règlements de comptes dans des ruelles sombres.
Car avec Love/Hate, pas de grand spectacle. Tout simplement parce que nos gangsters sont, du moins en majorité, des petits rigolos. Ce sont des petites frappes, pas du tout de gros caïds. Ils vivent en marge de la loi, mais ils n’ont pas la gloire de Don Vito Corleone, et même pas la barraque de Toni Soprano. Ils se rêvent en gros durs, mais l’épisode commence alors que l’un d’entre eux s’entraine à monter son flingue devant Youtube ! Ce sont juste des mecs qui ont mal tourné, mais pas au point d’être devenus importants dans leur milieu, même pas au point de faire peur. Love/Hate s’essaye à une forme de réalisme que j’ai rarement observée lorsqu’on parle de gangsters, où les gens malhonnêtes n’ont pas forcément le mal ancré en eux au point que ça les porte vers une vie excitante et glamour. En cela, le casting est bon, d’ailleurs, parce qu’avec leurs grands yeux, on comprend bien que nos gaillards sont relativement inoffensifs. Mais ils sont tout de même armés, et tout de même dans l’illégalité. J’ai énormément aimé cette ambiguité.
La réalisation joue aussi sur cette contradiction, mais je ne sais pas à quel point c’est à dessein. La musique est souvent outrancière, le premier des trois actes qui constituent le pilote est tourné comme un thriller, presque comme un film d’angoisse, limite d’horreur, les musiques sont à l’avenant, le sentiment d’oppression est constant et donc perd vite son effet, les premières scènes tentent de nous indiquer qu’un évènement terrible va se produire mais l’évènement ne se produit qu’à la 12e minute… On se demande un peu pourquoi ce pilote s’excite autant. Et puis arrive le second acte, justement, et là on est dans l’excès inverse : c’est extrêmement long, on a une impression de silence, de longueur… c’est d’ailleurs très bien comme ça, ça colle parfaitement aux obsèques, dont on ne nous épargnera rien. Le troisième acte, dédié à la réception donnée au pub suite aux funérailles, reprend un peu des deux univers présentés dans les précents actes, comme une synthèse un rien plus équilibrée de deux facettes de la série.
J’ai déjà fait ce rêve étrange et pénétrant… tiens, je me referais bien volontiers le pilote de Queer As Folk.
Si on se doute qu’il va être question de vengeance ensuite, et que le « parrain » local (Aidan Gillen, ENFIN !) va certainement passablement contribuer à compliquer la vie de tout ce petit monde (parce qu’un personnage porté par le regard d’Aidan Gillen semble voué à une certaine forme de perversion), et qu’il va être difficile de faire taire le désir de « justice » qui anime les protagonistes, il est appréciable de voir ces personnages évoluer avec les femmes de leur vie, les enfants qu’ils ont eu (ou vont avoir) avec elles, et les liens du sang qui les lient. Il y a quelque chose de profondément humain chez Love/Hate qui en fait une histoire radicalement différente de celles que j’ai pu voir précédemment. Mais il faut dire que je ne suis pas fan des gangsters en général.
Vous savez quoi ? A la fin du mois, tout ce petit monde se lance dans le tournage de la saison 2 (eh non, ce n’était pas une mini-série, il y a vraiment des endroits où on commissionne des aisons de 4 épisodes !), ce qui signifie que rendez-vous est pris, le temps que je termine la première saison. Et pourtant, comme je le disais, je ne suis pas fan des gangsters en général.
J’ai juste encore un peu de mal à me faire au rythme des séries outre-Manche, avec ces saisons si courtes et tellement espacées (ce qui ne serait pas un problème si elle n’était que l’un ou que l’autre, mais l’accumulation a tendance à m’agacer). Cependant, une chose est sûre : je commence petit-à-petit à y prendre mes habitudes.
Ah … Aidan Gillen, enfin, en effet ! Pfff.
Après l’avoir vu camper Stuart Alan Jones, comment pouvait-on on regarder la version américaine de Queer as Folk ? Je n’ai jamais pu (pour ça et d’autres raisons). Il avait une telle présence que son ersatz outre atlantique ne semblait pas mériter mieux qu’un rôle de figurant, au fond derrière une plante verte.
Pardon, je m’égare mais vive Aidan !
(et merci de l’info)
Tu aurais les liens des épisodes de Love/Hate stp ? Je ne les trouve nul part et la série me tente beaucoup.
Désolée, c’est sur un tracker privé, donc je ne peux pas fournir les liens, cela dit si j’ai pu trouver tu le pourras aussi. Mais de toute façon je suis pas ici pour distribuer les liens. C’est déjà bien qu’une fois de temps en temps j’en fournisse à l’occasion d’un post, mais c’est pas le but du blog…
Le but d’un blog c’est de partager ses passions, surtout si tu recommande la série. M’enfin bref, je vais re-rechercher.