Danse macabre

11 mars 2011 à 8:11


Alors même qu’il y a quelques semaines, je prenais de la distance avec… plein de choses, en fait… débutait la série australienne Laid, à laquelle j’ai fini par consacrer du temps il y a quelques jours à peine.
Il faut dire que le principe était assez peu alléchant, la série revenant sur le passé (et donc le présent) sexuel d’une célibataire trentenaire. Inutile de dire que, quand déjà la motivation manque pour d’autres choses, trouver en soi la force intérieure de se lancer dans une série au sujet si convenu relève de la gageure. Avec combien de célibataires à la vie plus ou moins catastrophique nous faudra-t-il compatir avec qu’on trouve un sujet plus original ?

Et pourtant, force est de reconnaître que Laid a le potentiel pour offrir quelque chose de différent… mais il faudra attendre la fin du pilote pour s’en rendre compte. Et c’est sans doute là le plus gros défaut de la série pour le moment.

Tout commence donc quand Roo, l’héroïne, apprend que l’un de ses ex vient de passer l’arme à gauche. Enfin… « ex », si on veut : elle admet bien volontiers n’avoir couché avec lui que deux fois, à l’université, et n’avait pas renouvelé l’expérience au vu des performances plus que médiocres du jeune homme. Mais enfin, voilà : il est décédé, et ça lui fait quand même un petit quelque chose. Roo commence donc à développer une espèce d’obsession, ressassant inlassablement ses quelques souvenirs (et puisqu’ils ont tous en commun de dresser un portrait très peu flatteur du garçon en question, leur évocation a donc tendance à paraitre déplacée vu les circonstances), et allant chercher sur internet des renseignements sur ce type qu’elle n’a pas vu depuis 10 ans, et dont elle découvre soudainement l’intimité.
Avec son ton de dramédie à l’humour pince sans rire, Laid ne fait pas grand’chose pour se démarquer du lot de dramédies similaires qu’on a l’impression d’avoir vues dix fois (pas forcément à raison, mais l’impression n’en est pas moins persistante). On sent bien que Roo va continuer de se retrouver dans des situations impossibles qui vont faire ressortir ses traits de caractère les moins flatteurs, et pourtant, totalement naturels et compréhensibles, nous donnant l’occasion de la trouver profondément imparfaite, pas forcément attachante, mais en tous cas, humaine. Quelle serait votre réaction, après tout, si vous appreniez que le type qui est resté dans votre mémoire comme votre plus mauvais coup, n’avait cessé de penser à vous pendant tout ce temps ?

Complètement déboussolée, le parcours de Roo va aller de Charybde en Scylla, et si ça ne provoque pas l’hilarité (c’est bien trop proche du côté humiliant de séries comme The Comeback, où l’héroïne s’entête dans un comportement qui va nécessairement mal tourner), au moins c’est relativement divertissant.

C’est donc la chute de ce pilote de 30mn (oui, autant dire que c’est un peu longuet) qui va nous faire comprendre qu’en fait, on a largement dépassé l’habituelle série misérabiliste sur la nana qui n’arrive pas à trouver chaussure à son pied mais qui va se rendre ridicule à force d’essayer. Je vous donne le retournement de situation ? Disons simplement que cet ex qui est décédé n’est pas le dernier cadavre de son entourage… Je n’en dis pas plus mais sur les dernières minutes, l’humour noir se développe à pleine puissance et, aussi macabre et dérangeant que ça puisse être, c’est là que Laid devient jouissif.

Alors à la fin du pilote, la question qui se pose, c’est de savoir à quel point Laid va tirer partie de son univers morbide, et se tourner vers le feuilletonnant en exploitant cette étonnante direction, ou si la série va, dans l’épisode suivant, simplement aborder un autre sujet en rapport avec l’histoire amoureuse de Roo. Je vous avoue que j’ai une nette préférence pour la première option, mais vu que la fiction australienne est rugueuse, difficile d’en être sûre avant d’avoir regardé. Car oui, en dépit de la sensation de malaise et des scènes parfois un peu trop attendue qui jalonnent ce pilote, j’ai décidé de voir la suite. Comme quoi finalement, tout n’est pas complètement mort…
Tiens, pis faites-moi penser à vous parler du générique une prochaine fois.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Laid de SeriesLive.

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4 commentaires

  1. delromainzika dit :

    Je me retenais de regarder pour avoir les 6 épisodes et pouvoir tout regarder mais le fait que toi et Tony en parliez sur Twitter m’a donné une envie folle de regarder ce pilot. Je l’ai donc lancé et surprise, j’ai vraiment aimé. Bon, pas tellement une surprise car le sujet me plaisait à la base mais je trouve ça plutôt bon. Les personnages ont un développement, l’histoire est bonne, le casting aussi. Pas mal du tout et je trouve ça tellement farfelu que j’ai cru voir une série de HBO pour le coup. J’ai hâte de voir la suite maintenant.

  2. lovedreamer dit :

    Suite à ton billet, j’ai regardé le pilote de cette série puis la suite et c’est une bonne surprise pour moi aussi.
    La force de la chose c’est ce sujet dingue dans cet univers si « normal », familier, c’est d’être perchée sans en avoir l’air, sans tambour, sans exagération.
    Je trouve que l’actrice principale est parfaite dans ce rôle de loser pas magnifique, exceptionnellement douée pour se mettre dans l’embarras. A la fois par son physique, sa voix et sa manière de jouer elle donne vie au personnage.

    Laid est une série drôle, qui semble « sans prétention », au sens noble et si je ne trépigne pas en attendant la suite, je ne vais pas la manquer, c’est sûr.

  3. UglyFrenchBoy dit :

    Votre billet m’a donné envie de regarder. Je partage une partie de votre avis : la série laisse espérer une suite intéressante à la fin du pilote.

    Malheureusement, pour ma part, je ne pense pas poursuivre. Je me suis fermement ennuyé. La réalisation est extrêmement minimaliste, l’écriture aussi. Certes, Laid n’est pas une série que l’on regarde pour sa forme, mais le fond ne m’a pas suffisamment séduit, malgré un ingrédient que j’affectionne particulièrement : l’humour noir.

    Je n’ai pas trop vu le lien avec The Comeback non plus. Mais je n’abandonne pas pour autant votre blog. Je suis sûr que je trouverai, parmi vos découvertes, une série (non-américaine) capable de me plaire

  4. ladyteruki dit :

    UFB, quand sommes-nous repassés au vouvoiement ? On avait pourtant dépassé ce stade
    Bref, il faut absolument essayer The Circuit. L’une des meilleures séries australiennes que j’aie pu voir à ce jour ! Ça tombe bien, le lien dans mon pseudo donne vers le post de type « La preuve par trois » dédié au pilote… Oui-oui, « La preuve par trois », là où quand on clique partout, on est récompensé !

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