Comme j’ai décidé de vous pourrir tout de suite la vie, il n’y aura pas de suspense : oui, comme on pouvait le craindre, Off the Map est un Grey’s Anatomy dans la jungle. Voilà, donc ça c’est fait, on peut plier les gaules et rentrer chacun chez soi. Non ? Faut que je détaille ? Vraiment ? Bon, c’est bien parce que c’est vous.
Tout commence déjà avec le casting : les deux personnages principaux (interprétés par Caroline « Wonderfalls » Dhavernas et Martin Henderson) nous font absolument la totale : les grands yeux clairs candides face à la crinière brune qui boucle parfaitement sur la barbe de trois jours, c’est devenu quasiment une marque de fabrique de la série médicale made in Seattle, et de ce côté-là, on n’est pas dépaysés, ce qui est un comble. Et les œillades que se lancent les deux futurs tourtereaux (ainsi que la présence d’une jolie rouquine aux côtés du mâle médecin émérite) ne font que confirmer que la parenté est non seulement décomplexée mais aussi totalement assumée : « oui, oui, on aurait pu innover et faire semblant de changer deux ou trois trucs, genre l’héroïne aurait été blonde au lieu de brune, mais bon, tant qu’à faire une copie autant y aller carrément ». C’est visiblement le processus intellectuel qui a présidé à la plupart des choix dans la série. On retrouve d’ailleurs une Izzie, un Karev (mais pas de George ni de Christina ?) dans cette série franchement peu imaginative.
Et puis, il semble aussi qu’on signe avec Off the Map pour une série qui ne va pas plus se donner la peine que Grey’s Anatomy de chercher à nous épater sur le plan médical, mais juste sur le plan du spectaculaire. Là où des classiques médicaux comme St. Elsewhere et Urgences ont su trouver l’équilibre entre « merde, ça pisse le sang ! », et « ça c’est du cas médical qui a quelque chose à dire », Grey’s Anatomy avait choisi en ne s’intéressant qu’à l’aspect superficiel et spectaculaire des choses (j’ai encore en mémoire les épisodes sur les deux personnes empalées par la même barre de fer, et bien-sûr le naufrage du ferry), eh bien Off the Map, c’est la même. Beaucoup de sang et pas beaucoup de fond.
Alors au final, pourquoi regarder Off the Map plutôt que Grey’s Anatomy ? Parce que c’est quand même bel et bien ce que je vais vous conseiller. D’abord parce que Off the Map a l’attrait de la nouveauté, et que tant qu’à regarder un primetime soap médical, autant regarder le plus récent des deux, celui qui ne donne pas encore l’impression d’avoir épuisé ses trames scénaristiques, même s’il épuise celles des autres. Pardon pour mon cynisme mais si on veut être honnêtes, il faut quand même bien admettre qu’une nouvelle série chasse l’autre sans forcément faire mieux, ça arrive quasiment à chaque saison. Donc voilà, Grey’s Anatomy est mort, longue vie à Off the Map… jusqu’à la prochaine filouterie d’ABC et Shonda. Et puis, l’illusion de nouveauté est maintenue par les cas rencontrés dans la jungle, entre les touristes qui chopent des trucs pas possibles et les locaux qui crèvent de trucs qu’on peut soigner facilement dans le Nord, au moins on a l’impression, fut-elle faussée, d’assister à des cas médicaux uniques. Mais surtout Off the Map décide de nous faire voyager un peu et franchement, on en a marre du climat pluvieux de Seattle. Regardez-moi toute cette verdure, ces espaces colorés, et cette clinique au cœur de la jungle ? On a l’impression de voyager même en restant bloqués sur les mêmes recettes !
Alors évidemment, ça va être dur pour ceux qui se sont attachés à Grey’s Anatomy. Mais enfin, soyons sérieux un instant, vous n’imaginez quand même pas que votre série sera éternelle, n’est-ce pas ? Commencez à penser au plan B. Et puis, pour les autres… bah, si déjà vous n’aimiez pas Grey’s Anatomy, vous pouvez certainement vous éviter la peine de vous engager sur Off the Map.
Je ne suis pas certain que les personnages soient des copié-collé de Grey’s Anatomy, surtout au niveau du background (ce sont quand même des gens qui ont une cicatrice, pas des étudiants en médecine en proie à la compétition). En revanche, oui, la manière dont ils s’expriment rappellent fortement Grey’s Anatomy.
Et puis ER aussi a eu sa surdose de spectaculaire (l’hélicoptère, le tank, et j’en passe et des meilleures). C’est d’ailleurs pour ça que je m’en étais lassé. Greys’ Anatomy avait un atout de taille : l’humour dans les relations soap.
Alors pourquoi passer à Off The Map ? pour le cast, d’abord (parce que Caroline, Jason, Rachelle, Mamie) et puis parce que j’ai l’espoir de voir se développer une intrigue médecine rétro, car ça peut donner de très belles réflexions (c’est pour ça que j’adore les fictions médicales historiques). Le dépaysement ? Oui ça joue, car le changement de décor apporte quelque chose au niveau des intrigues.
Niveau blessures persos, tu sembles oublirer un peu facilement la maladie de la mere de Grey, l’enfant qu’Izzie a du abandonner pour pouvoir poursuivre sa vie… Les persos de Grery’s’Anatomy aussi commencaient avec ce potentiel, on a eu juste l’occasion de l’oublier. Je ne dis pas que le spectaculaire est un problème, non plus, mais quand medicalement il n’y a que ca et que le reste est soap ou que le regard porte, ca ne fonctionne pas pour moi. Urgences avait aussi quelque chos a dire sur la medecine, la politique, lesvraies douleurs qui depassent l’urgence medicale. Niveau suivi, Off the Map se debarasse de ses paients sitot la crise jugulee et le pathos exploite.