A quel point ce que nous regardons a une influence sur nous ?
On parlait il y a peu des émotions qu’on ressent devant les séries qu’on regarde. Et c’est nécessaire de laisser l’empathie fonctionner pour profiter pleinement de ce qu’on regarde. Je reprends l’exemple de ma sœur rei : rien ne rentre, rien ne sort. Blindage maximal. Pourtant, cette émotion que nous avons devant une scène, si nous la goutons avec plaisir pendant quelques minutes, surtout quand l’épisode a été un temps fort, ne peut-elle pas aussi nous mettre dans une forme de danger ?
Je prends l’exemple de la peur, parce que c’est certainement ce à quoi je suis la plus sensible… et je tiens à remercier entre autres The Walking Dead pour ça.
Quand une scène se finit, je peux sentir tous les muscles de mon cou complètement contractés dans une boule dure à la base de ma nuque, mes dents serrées, mes orteils recroquevillés… et ça me prend une infinie minute à tout désentrelacer calmement. Si des dents sont impliquées dans l’affaire, en général je me suis de surcroit ruée sur la première source de lumière venue et je serre la chose la plus pelucheuse à portée de main (parfois un oreiller, parfois un chat) en essayant de ne pas hurler. Osons le dire, je n’en mène pas large pendant plusieurs minutes. Je me souviens avoir été dans un piteux état longtemps après la fin de Jekyll (dents), avoir été à l’envers pendant une semaine après Dead Set et The Walking Dead (dents), avoir fait des cauchemars longtemps après COMA (…ah ? pas de dents ?). J’ai donc bien emmené ces émotions au-delà de la sphère du visionnage.
Si ça marche pour la peur, ça le fait sans doute pour d’autres choses mois évidentes.
Après avoir vu quelque chose de particulièrement beau, être de bonne humeur voir exagérément positive (merci Pushing Daisies… avouez, ça faisait longtemps), par exemple, semble un effet plutôt désirable…
Mais au final, il faut sans doute apprendre à dresser la barrière qui permet à la série de ne pas trop entrer en collision avec nos émotions. Le tout-émotif n’est pas non plus une bonne solution. Si vous pleurez la mort d’un personnage trop longtemps, ça devient inquiétant.
C’est ce que des psys sont en train de dire à propos de Packed to the Rafters, d’ailleurs, dont un personnage est décédé il y a deux semaines, et qui semble provoquer un vrai travail de deuil auprès de nombreux spectateurs australiens. Preuve si besoin était que la télévision touche vraiment à quelque chose d’intime en nous, et que ça peut être effrayant sous un certain angle et/ou à un certain degré.
Pour autant, et justement parce que nos vies ne sont pas remplies d’autant d’émotions à forte amplitude, nous recherchons ces émotions fortes, et espérons des évènements-clé d’une série qu’ils nous donneront satisfaction. C’est quand nous ne ressentons pas de frisson durable que nous sommes déçus. Quand nous sommes atteints par les émotions de l’histoire, quand, finalement, nous sommes vulnérables, nous en redemandons. C’est à ça qu’on nous distingue des télambdas, dans le fond.
Et parfois, ça fait peur, justement…
Tu as déjà vu Blink ?
Sinon, je me souviens qu’à l’époque, ce que j’adorais dans X-Files, c’était cette sensation de peur qu’elle pouvait me procurer… J’aime me faire peur… (Bon, maintenant, ça le fait un peu moins, mais il y a toujours certains épisodes qui fonctionnent diablement bien… Quand Fringe ne procure aucune émotion de ce côté-là par exemple !).
Bon, par contre, je ne crois pas être encore gravement atteint… Autant j’ai pu pleurer devant la mort de certains personnages, et être dégoûté de leur sort (et encore pleurer au revisionnage), autant je crois pas avoir de problème sur la longueur (bon, ok, si on revient sur Torchwood, ça va m’énerver, mais c’est tout ! )
Mais quand même, y’a des fois où c’est un peu difficile de ne rien ressentir, même pour un télambda (enfin… je l’espère quelque part aussi…).