Wreck

6 novembre 2010 à 20:01

Ce weekend, je vous propose d’avoir vos coups de cœur avec moi. Parce que bon, je papote, je papote, vous savez ce que c’est, n’empêche qu’au bout du compte, vous, vous avez lu ma littérature mais pour autant, vous n’êtes pas plus avancés. On arguera que si j’ai pu trouver ces épisodes, mes lecteurs, qui ne sont pas plus bêtes que les autres bien au contraire, pourraient aussi bien les trouver, mais il se trouve que je suis quelqu’un de partageur, mes antécédents parlent d’ailleurs pour moi, donc on va faire simple : c’est le retour de La preuve par trois !
Et très sincèrement, qu’il n’y ait pas eu de post dans cette catégorie depuis plusieurs mois aurait dû conduire à une mutinerie, voire une révolution. Ne me laissez pas vous traiter comme ça quand je fais tant de découvertes. Sérieusement, quand je parle d’un truc et que ça vous intéresse, pensez à vous manifester si vous voulez en profiter aussi. Je peux pas deviner, hein.

Bref. Donc, weekend de partage, de découvertes et de gourmandises, je commence avec un pilote tout frais de jeudi soir, dont très franchement je n’attendais qu’une qualité honnête mais pas de merveilles. Grosse erreur. Je rappelle qu’on ne croit jamais un trailer sur parole, on vérifie, ça fait partie des réflexes téléphagiques de survie. Ainsi, aujourd’hui, je vais vous parler du pilote de Rake, avec, ainsi que le veut la coutume, trois captures et pas une de plus.
Et si vous n’êtes pas coutumiers des posts La preuve par trois, le mode d’emploi est simple : cliquez bien partout, vous devriez trouver votre bonheur…


A chaque pilote, il ya une phase d’exposition, c’est la règle. Celle de Rake nous invite dans le bordel qu’elle la vie de Cleaver en détaillant par le menu toutes les choses qui tournent à la fois bien et mal et dans son quotidien. Bien, parce que c’est de toute évidence sa routine. On sent qu’il est à l’aise dans sa vie, loin des personnages qui remettent en question leur mode de vie, ou voudraient être ailleurs, il est évident que Cleaver vit très exactement l’existence qu’il a choisie, qu’elle ne lui pose aucune forme de problème moral, financier, et que tout cela est finalement une mécanique bien huilée. C’est un type incroyablement à l’aise dans ses mocassins, alors qu’il figure parmi les personnages les plus dysfonctionnels possibles. J’ai aussi particulièrement aimé la scène au réveil… Comme toutes les scènes d’introduction de ce pilote, elle est à la fois drôle et pas hilarante. C’est toqué, mais ce n’est pas humoristique. Et c’est certainement ce qui me plaît dans Rake, ce ton un peu acide mais ne cherchant pas à équilibrer la comédie et le drame.


La conséquence de cette mécanique rodée, c’est que le monde entier est à la disposition de Cleaver Greene. Le twist de cette scène le démontre bien : la seule chose qui ait de l’importance dans sa vie, c’est lui. Et le plus fou c’est finalement que ça n’ait l’air de gêner personne dans son entourage, où chacun accepte notre avocat tel qu’il est. Personne pour lui reprocher son mode de vie, ses fréquentations, ou même simplement sa chemise en piteux état ou son menton mal rasé. Cleaver Greene est à prendre ou à laisser, et la série ne cherche pas à mettre en place de sordides oppositions avec ceux qui l’entourent. En cela, et surtout pour une mini-série, Rake est atypique, car il ne s’agit pas vraiment d’enjeux ou de trame scénaristique en fil rouge, mais vraiment de s’approprier cet univers. Ne pas chercher midi à quatorze heures, ne pas se compliquer la vie, ne pas se forcer à quoi que ce soit… le ton de Rake est, finalement, dans la pure continuité de la façon dont Cleaver mène son existence…


Mais outre ses affaires personnelles, Cleaver Greene est également un avocat. Un avocat qui ne s’intéresse pas personnellement à ses affaires et qui d’ailleurs n’est pas du tout impliqué émotionnellement. Que son client soit innocent ou non, qu’il ait fait quelque chose d’illégal et/ou d’amoral, il n’en a cure. A côte de ça, il est incroyablement habile. Cause ou conséquence de son détachement ? Le cas qui l’occupe dans le pilote est répugnant, mais il prend tout avec bonhommie et sert devant la cour avec une désinvolture qui force l’admiration. Il n’y a pas de limite, il n’y a rien d’effrayant, il n’y a rien qui puisse l’atteindre. Il entend les pires horreurs et il s’en contrefout. Il ira raconter ça à un dîner entre amis plus tard…
Accessoirement c’est particulièrement captivant de découvrir le fonctionnement d’un procès en Australie. Je me suis retrouvée dans la situation absurde où je me disais « tiens, aux USA c’est pas comme ça » ! Par exemple, les avocats font tous les deux face au jury, et je trouve que ça a une signification très forte. La configuration du tribunal est fascinante dans son ensemble ; maintenant je me demande quelle forme une salle de ce type revêt dans d’autres pays !

Rake est une série décontractée, mais présentant un personnage franchement attachant. C’est plaisant de se balader avec lui parce qu’on a l’impression que rien n’est vraiment grave ni important, alors qu’on touche, finalement, à plein de choses terriblement sensibles. Les questions que posent le procès sont terrifiantes, finalement, mais grâce à Rake, on ne dramatise pas, on ne s’enferme pas dans d’angoissantes interrogations sur le monde. Cleaver prend la vie du bon côté, même le mauvais, et du coup c’est vrai pour le spectateur aussi. Une balade finalement rafraîchissante…

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5 commentaires

  1. Livia dit :

    Ta chute finale capte totalement l’atmosphère de ce pilote tel que je l’ai perçu : « une balade finalement rafraîchissante ».

    Ce que j’ai le plus apprécié dans cet épisode, c’est cette décontraction d’ensemble, à l’image du personnage principal, mais aussi dans la façon de jouer sur les codes de la narration, sans s’en affranchir, mais en s’amusant avec le téléspectateur dans la mise en scène de certains passages.

    C’est une série un peu à la croisée des genres et qui s’assume comme telle, sans vouloir trop en faire. C’est plaisant. Pas forcément marquant, mais agréable, et je pense qu’il y a du potentiel pour que cela puisse même devenir attachant. A suivre donc !

  2. Nakayomi dit :

    Je dirais que ça donne presque des regrets quant au fait qu’il n’y ait pas de sous-titres et peu de chance de la voir par chez nous… Est-ce que ça m’aurai vraiment plu, je ne sais pas, mais en tout cas, j’aurai été curieux.

  3. amy dit :

    Je sais pas pourquoi mais Cleaver Greene m’a fait penser a Charlie Crews le perso de la série Life pour le côté zen, tranquilou,le côte même si je suis chiant tout le monde m’aime bien quand même… en temps normal son attitude aurait déranger n’importe qui mais non son entourage l’accepte tel qu’il est, puis je le trouve cool moi Cleaver

    Ma scène préférée c’est quand il est chez son ex jusqu’au moment où elle lui rappelle que c’est l’anniversaire de son pote, en temps normal une ex lui aurait fait une leçon de moral mais non rien encore une fois on retrouve cette décontraction d’ensemble qui ne s’applique pas qu’a Cleaver mais a presque tout les perso comme le dit si bien Livia.

    J’ai bien aimé la prestation de Hugo Weaving je retiendrais la scène finale de son procès quand il dit « i’m not a murderer, i’m an economist » o/

    En somme Rake est une très bonne découverte!!

  4. delromainzika dit :

    J’ai tout simplement adoré ce pilot. L’alliance parfaite entre le drama et le judiciaire. Whoua ! Sans parler de l’acteur principal, bluffant ! Je suis déjà sous le charme. Voici mon post, comme promis : http://cadebordedepotins.over-blog.com/article-critiques-series-rake-saison-1-pilot-64220330.html

  5. lowtekh dit :

    Rake est certainement une des meilleures séries vues depuis longtemps, et j’aime ce personnage principal outrancier et immoral, et sa relation aux femmes de sa vie. J’adore la scène du pilote où on a l’impression qu’il parle à sa psy jusqu’au moment où on se rend compte qu’elle est son ex-femme!

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