C’est l’une des choses qui m’ont toujours fait rêver dans les séries : la famille. Plus je regarde de séries avec des histoire de famille et plus j’ai l’impression de toucher au merveilleux, voire au surnaturel. On a tous grandi dans un certain modèle familial, et on en pense ce que l’on veut/peut, mais au final, pour moi, les séries, ça a beaucoup été ça, une façon de voir d’autres modèles que le mien, de rêver, de me laisser faire et imaginer ce que ce serait de vivre dans ces familles-là. Certains collent des cartes postales sur leur mur, j’avais des épisodes de séries dans ma telephage-o-thèque.
Entre la fin de mon adolescence et le début de mes premières années d’adulte, je rêvais béatement devant Corky, puis 7 à la Maison (parfaitement consciente des faiblesses de la seconde, mais non moins émerveillée), en me disant que c’étaient là des familles idéales. Des familles comme je n’en voyais qu’à la télévision, où les parents étaient gentils, soutenaient leurs enfants, où les amis entraient et sortaient de la maison, où il se passait toujours des choses joyeuses (ces qualités n’étaient pas équitablement réparties entre les deux séries que j’ai citées, mais bon). On pouvait vivre des coups durs, des prises de bec ou autres, au final on se savait aimé dans ces familles-là. Personne n’en doutait jamais. C’était ça qui me charmait. J’avais intensément envie de penser qu’il existait dehors d’autres familles que la miennes, qui ressemblaient aux Thatcher ou aux Camden. C’était un peu comme penser qu’il existe une plage aux Bahamas pendant qu’on attend le bus sous la pluie, ça ne changeait rien de ce que je voyais et vivais, mais ça m’aidait, en quelque sorte, à ne pas totalement désespérer.
Et puis un jour, ne me demandez pas comment c’est arrivé, mais j’ai réalisé que mon idéal de famille de télévision était proprement inatteignable. Trop idéal, justement. Aucune famille n’est comme ça.
Je ne vous cache pas qu’après des années à croire que ce genre de familles existait comme une enfant croit au Père Noël, cette réalité m’est apparue comme brutale. J’avais placé la barre trop haut et cette seule pensée me décevait au-delà des mots.
Pendant très longtemps je n’ai plus eu d’idéal familial à la télé. Les familles qui apparaissaient sur mon écran arrivaient encore à me charmer, mais pour ce qu’elles étaient, et non pour ce que je pouvais transférer sur elles. Je me réchauffais avec un Oishii Gohan, m’amusait devant un Brothers & Sisters, mais j’avais cessé de me dire que je voudrais une famille comme ça, dans l’idéal. Quelque chose était cassé, la famille de télévision ne me faisait plus rêver, elle me transportait ailleurs mais me redéposait chez moi à la fin de l’épisode. Je ne gardais plus dans mon cœur la certitude qu’une famille pouvait ressembler à ça. C’était plus réaliste, ça c’est sûr, mais je ne saurais dire si c’était mieux. En tous cas depuis pas mal d’années, j’en étais là, me fascinant sporadiquement pour des arbres généalogiques de télévision, mais n’emportant plus avec moi, secrètement, la pensée que ces familles étaient potentiellement réalistes.
Je crois que je viens de comprendre ce que j’aime tant dans Raising Hope. Les Chance sont une famille en apparence dysfonctionnelle : les parents étaient encore ados quand Jimmy est né, ils vivent dans une maison crade et accumulent les bizarreries et les conneries…
Et pourtant c’est certainement la famille la plus fonctionnelle que j’aie vue à la télévision depuis longtemps.
Regardez les parents : ils sont peut-être marteau, le père est peut-être benêt et la mère franchement tyrannique, et pourtant, en dépit de ça, en dépit du fait qu’ils se sont visiblement mis à la colle trop jeunes et pour de mauvaises raisons, en-dehors du fait que leur intellect n’est pas spécialement développé ou qu’ils ont un caractère épouvantable, passé le fait qu’ils ne font jamais que s’irriter l’un l’autre…
…Malgré tout ça, c’est le couple parental le plus soudé que je connaisse à la télévision actuellement. Ils se bouffent le nez en permanence mais ça ne les ébranle pas. Ils partagent visiblement leurs secrets, leur faiblesses et leur forces sans que jamais cela ne mette en péril quoi que ce soit. Ils ont un profond respect l’un pour l’autre, savent se ménager des espaces privés, respectent les différences. Ils savent déconner ensemble, mais aussi prendre les responsabilités individuellement quand ça s’impose.
Et en regardant l’intégrale de la série à ce jour pour la, oh je sais pas, cinq ou sixième fois depuis que la série a commencé, je m’aperçois que je recommence à me dire que, wow, une famille qui fonctionne vraiment, ça doit être possible, quelque part là-dehors.
Ce n’est peut-être pas une famille de carte postale avec une jolie maison et un chien dans le jardin, mais c’est, sincèrement, la meilleure famille de télévision que je me sois trouvée depuis des années.
Il n’y a pas un peu d’exagération là-dedans ? Ou alors c’est simplement les gouts et les couleurs mais je t’avoue avoir grand mal à imaginer qu’on puisse autant être en admiration devant cette nouvelle série…
Tu parles de meilleurs couples à la télévision en ce moment, mais c’est bizarre de retrouver ça dans une comédie. La vrai nature et réalité d’un couple se retrouve plus dans un drama et j’ai personnellement ton ressenti devant Friday Night Lights avec le couple Kyle Chandler/Connie Britton, où là on atteint des sommets dans l’émotion et surtout la réalité du couple sous ses aspects (concession, amour, dispute, famille…).
Ah oui mais voilà, je ne regarde pas Friday Night Lights Tout s’explique en fait !
« La vrai nature et réalité d’un couple se retrouve plus dans un drama »
Ça par contre, je conteste. On peut trouver des portraits et/ou des situations tout aussi justes dans une comédie qu’un drama, le genre n’y est pour rien.
Je ne peux que te conseiller d’y jeter un coup d’oeil, alors. On atteint des sommets dans le réalisme et l’émotion au niveau d’une série… C’est très loin de chef d’oeuvre comme The Wire ou encore Mad Men, c’est… autre chose, quelque chose qui vous touche d’une autre manière, Friday Night Lights.
Mais bref, je m’éloigne de ton article, désolé…
Oui, ça fait partie des séries qu’il faut que je retente dans le cadre d’un revisionnage, c’est sur ma liste mais j’avais vu le pilote (en suivant les tags tu devrait trouver le post qui va bien), et je n’avais pas été convaincue à l’époque. Alors bon, j’y vais un peu à reculons.
Moi j’ai toujours fantasmée sur les dynamique de groupe dans les séries (et plus généralement dans les comédies).
Le jour où j’ai découvert Friends, je m’imaginais réellement vivre de leur façon : entre amis les uns sur les autres (sans mauvais jeu de mot !!)
Quand j’ai vu Will & Grace (désolée pour le cliché qui va suivre), je révais d’avoir un ami gay.
Par contre en ce qui concerne les familles, j’ai jamais rien ressenti de tel. Ma famille est très très loin d’être parfaite pourtant je ne voudrais pas en changer et j’ai jamais imaginé en avoir une autre idéale.
Pour en revenir à la famille Chance, je comprends cependant ton point de vue : on voit bien que sous leur petites provocations réciproques il y a un tas d’amour et que chacun des membres seraient prêts à se sacrifier pour sauver un des leurs.
C’est fou quand même, ils sont pas riches, ont des tas de soucis, font des boulots merdiques, affrontent chaque jour la maladie (car oui supporter une personne atteinte d’Alzheimer c’est pas aussi marrant que ça en a l’air) pourtant en les voyant on se sent bien, ils nous remplissent de joie et d’amour.
Vive les Chance !!!