Please hold the line

28 septembre 2010 à 14:08

Quand j’ai entendu parler d’Outsourced pour la première fois, mon réflexe a instinctivement été de penser à Mumbai Calling. Du coup, difficile pour moi de regarder ce pilote sans chercher des comparaisons… qui ne sont d’ailleurs pas forcément toutes de circonstance, en fait.
Bien-sûr, le pitch est le même : un petit blanc est envoyé en Inde afin d’y diriger un call-center. Le début d’un enfer professionnel, imagine-t-on. On est dans des comédies après tout.

Allez, je commence par la bonne ou la mauvaise nouvelle ? Les deux gros défauts d’Outsourced, disons-le franchement, c’est d’abord le peu de cas que la série fait de son personnage central, le fameux petit blanc de service. Il n’est pas intéressant (c’est encore une fois le bon petit gars sans consistance qui sert de repère sur la « normalité », comme tant de comédies aiment à en placer un au centre de leur galerie de portraits pour donner une chance au spectateur de s’identifier à quelqu’un dans ce monde de fous)) ; et puis, il y a le fait juste un peu dérangeant qu’on se sente obligés de nous balancer deux autres personnages non-Indiens, à savoir un Américain très moyen (« le méchant ») et une jolie Australienne (« le love interest« ). Ça donne un petit arrière-goût de « ah oui mais une série avec un seul blanc sur un network c’est juste impensable » qui ne me met pas spécialement dans de bonnes dispositions, tant on sent que leur potentiel comique est limité.

Fort heureusement, il y a les autres personnages pour remonter la moyenne, et de loin. C’est l’immense bonne nouvelle. Chacun a ses bizarreries, son caractère, mais un point commun : ils sont à la fois un stéréotype et une occasion d’aller au-delà. Ce qui pour un pilote de comédie de 20mn, est quand même pas mal ! De l’assistant manager obséquieux et servile (mais qui gagnerait tout autant à ce que son patron échoue que s’il ne réussissait sa mission) à ma pauvrette timide et prude (qui se découvre pourtant un don pour la vente en ligne), en passant par le petit jeune influençable (pourtant capable de devenir le plus Américain de tous les Indiens), chacun a de la ressource à revendre, une double-face qui augure de nombreuses surprises. C’est un plaisir de voir le potentiel de tous ces personnages qui vont aller au-delà de leur rôle pour révéler régulièrement, du moins peut-on le penser, des facettes hilarantes car insoupçonnées, et finalement, on a juste envie de dégager les blancs et de voir ce petit monde vendre du vomi en plastique !

C’est d’ailleurs la touche finale qui confine au génie : non seulement nos Indiens ont des trucs à vendre aux Américains qui les appellent, mais en plus les employés du call-center ont pour tâche de vendre les objets les plus inutiles de la planète. On imagine déjà avec quelle délectation (proche de celle qu’on pouvait ressentir pendant la première saison de Better Off Ted) les scénaristes vont chercher les objets les plus tordus et les plus loufoques à mentionner dans la série, tournant gentillement la culture américaine. Avec des dialogues à l’avenant : « souhaitez vous recevoir votre vomi et votre crotte par la poste ? ». L’absurdité ouvre la voie à toutes les extravagances !

Avec cet atout inestimable en poche, et l’univers fou (quel que soit le pays) typique d’un call-center, Outsourced a une grande capacité de divertissement. Et d’ailleurs, les USA ne sont pas les premiers à distinguer le potentiel de ce monde professionnel : outre Mumbai Calling en Grande-Bretagne et en Inde, il y avait aussi Call Center no Koibito (quoiqu’un tantinet plus panaché dans le ton employé, certes) au Japon, d’ailleurs les employés de ce dernier n’étaient pas étrangers, ce qui offrait une vision différente des call-centers. A quand une série sur les call-centers en France ? On en a plein, et on en a aussi au Maroc par exemple, on pourrait donc choisir une voie comme l’autre, soit utiliser le call-center comme occasion de voir du pays (et voir le notre de l’extérieur), soit comme prétexte pour se préoccuper de notre société vue de l’intérieur. France, tu as le choix des armes, ce ne sont pas les idées qui manquent, et tu peux même en faire une shortcom si le cœur t’en dit. Mais bon, encore une occasion qu’on va laisser filer, pas vrai ?

Et c’est ainsi que, malgré ses défauts, Outsourced finit par convaincre progressivement. C’est finalement un peu par hasard que j’ai décidé de continuer la série, mais plus j’y pense, plus la perspective m’enchante.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Nakayomi dit :

    Je viens d’enchaîner deux reviews de ce pilote, et l’optimisme n’est pas le même… Je dois dire que quand même, y’a un p’tit truc qui donne envie de voir justement ce que ça peut donner… Peut-être à tester un jour (zut, encore une série à voir en VOST ? Nan, parce que vu comment les sitcoms ont parfois un peu de mal à travers l’Atlantique… -__- ). Enfin, peut-être quoi.

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