Quand une série qui se déroule dans le Sud semble frileuse, c’est qu’on a un problème. Lone Star, c’est triste à dire, aurait pu démarrer avec plus de panache, mais il faudra attendre près de 25 minutes pour qu’enfin on prenne la mesure de ce qui nous attend. Les scènes d’installations étaient peut-être nécessaires, mais elles n’avaient pas forcément besoin d’être aussi longues, et la série perd beaucoup dans cette mise en place poussive.
C’est d’autant plus dommage que Lone Star a tout d’une grande. Un personnage central au sourire un peu trop parfait (une version boy next door de Don Draper, assurément) mais fondamentalement torturé, des intrigues financières, une vraie problématique père/fils et une fin d’épisode laissant augurer de choix relativement courageux… Lone Star pourrait, avec un style plus affirmé, un peu plus de rythme, et un casting plus charismatique, se mettre à faire des étincelles avec ses beaux éperons flambant neufs. A moins qu’elle n’ait tout cela et que le problème soit encore ailleurs, je ne sais pas.
Mais Lone Star est lente, molle, et manque définitivement d’envergure, alors qu’elle a de l’ambition. C’est du gâchis. Je ne comprends pas comment la série a pu louper la première moitié de son épisode à ce point avec de telles cartes en main.
Bien-sûr, elle n’est pas parfaite, même pas dans sa seconde moitié : son personnage masculin au sourire émail diamant manque encore un peu de relief, les personnages qui l’entourent sont également assez bidimensionnels, et on craint un peu pour la solidité des intrigues quand les choix qu’il fait pour lui-même sont, comme par hasard, également des choix louables pour une certaine communauté, du genre à vous donner de grandes leçons sur la façon dont on peut faire le bien même quand on se conduit mal. Mais les efforts qu’il fait, les deux vies qu’il décide de mener, et l’ambiance de la vie professionnelle, laissent bon espoir sur le devenir de la série.
Ça rejoint ce que j’ai toujours dit : je n’ai jamais exigé qu’un pilote soit parfait, juste qu’il me convainque d’avoir du potentiel pour que je revienne la semaine suivante. C’est exactement ça, Lone Star a du potentiel, mais elle met un temps fou à le dévoiler. On a certainement besoin de scène d’exposition, mais a-t-on besoin qu’il y en ait autant ? La scène de la visite du puits de pétrole, par exemple, est superflue, on a compris suffisamment de choses pour pouvoir s’en passer. La conversation entre les deux beaux-frères est longuette aussi, d’autant que l’un des deux frères ne cache pas du tout son animosité le reste du temps et que le patriarche lui-même annonce clairement la couleur sur le devenir d’un membre de la famille qui se laisserait aller à tenter de la jouer en solo. Il aurait certainement fallu appuyer plus tôt sur la douleur que représente la pression qu’exerce son père sur Bob, plutôt qu’attendre la très, très bonne scène dans le supermarché ou l’échange devant les pancakes froids. Que de maladresses qui nous font perdre un temps précieux avant de réalisé que Lone Star est bourrée d’enjeux intéressants !
Et d’après ce que je lis sur les audiences, il est peut-être déjà trop tard pour redresser la barre. C’est la rentrée et les nouvelles séries ne manquent pas cette semaine, alors il faut assurer, voilà tout ! La lenteur c’est bien, quand on a le luxe de pouvoir être lent. Mais Lone Star a mal choisi son moment. Cet été, peut-être, les choses auraient été différentes. Mais en cette rentrée, il faut envoyer du lourd tout de suite. Avoir de bonnes idées c’est bien, mais il faut les montrer, dévoiler son jeu rapidement, dire au spectateur pourquoi c’est Lone Star qu’il faut regarder plutôt que Mike & Molly. Mike & Molly, au nom du ciel ! J’ai souri devant Mike & Molly, et on y reviendra, mais laisser cette série totaliser presque le triple des audiences de Lone Star, c’est la preuve d’un gros problème.
Pour une fois, c’est moi, la téléphage exigeante qui attend beaucoup de ses pilotes, qui ai tenu jusqu’au bout, alors que le public semble n’avoir pas eu la patience. C’est dommage parce que c’est dans ce genre de cas qu’attendre vaut le coup. Mais il ne faut pas abuser des bonnes choses : je te préviens, Kyle Killen (j’ai retenu le nom du créateur pour des raisons qui semblent assez évidentes…), si le 2e épisode ne me convainc pas, j’arrête les frais ! Enfin, si la chaîne ne m’a pas devancée, naturellement.
Non mais, c’est vraiment trop bête.