Dans les mois à venir, j’envisage de déménager. Je ne sais pas encore où mais, quand je rentre chez moi et que le perron de mon immeuble est jonché de cadavres de bouteilles, j’en ressens l’impérieuse nécessité. Je ne sais pas encore où, mais je commence à me demander comment. Après 5 années passées dans cet appart, je réalise que la capacité d’entassement des DVD et des VHS a pris des proportions effrayantes.
Ce soir, dans mon train (le 3e, celui qui m’amène réellement dans ma ville… je vous ai dit que j’envisageais de déménager ?), claquée comme c’est pas permis et tentant de lutter contre le sommeil, un combat que j’ai tout de même fini par perdre d’ailleurs, j’ai commencé à fantasmer à l’idée d’embaucher pour cela des déménageurs.
Sérieusement, c’est un filon : une société de déménageurs spécialisés dans le déménagement des téléphages. Ils viendraient chez vous, trieraient vos VHS, rangeraient vos DVD dans le bon étui (oh, ça va hein, on me la fait pas à moi, vous n’avez jamais trouvé la saison 1 de The Practice dans le coffret de la saison 3 Babylon 5, peut-être ? Moi non plus : j’ai pas la saison 3 ; mais on sait tous que ce genre de choses se produit), ils vous mettraient tout ça dans des petits cartons au format parfaitement adapté, emmèneraient les cartons dans votre nouvel appart, et vous rentreriez du boulot, le soir, comme une fleur, et trouveriez votre telephage-o-thèque impeccablement rangée comme si vous-même y aviez passé tout un samedi.
Tout ça c’est bien joli mais un problème se pose. Un problème plus grave encore que l’absence cruelle de cartons aux mensurations impeccables pour contenir des coffrets DVD (car vous l’aurez remarqué, il y a toujours un espace de quelques centimètres carrés absolument impossible à remplir, qui fait que vous allez entendre pendant toute la durée du déménagement les coffrets DVD bouger dans leur boîte, et que, la peur au ventre, vous allez vous imaginer devoir racheter le coffret collector Oz qui a coûté un bras).
Ce problème, c’est LA HONTE.
Réfléchissez : si ce sont des experts en déménagement téléphagique, en tout état de cause, ils connaissent leur boulot. Et que vont donc penser les déménageurs lorsqu’ils verront, je sais pas moi… que j’ai sur VHS l’intégrale de la première saison de Washington Police, amoureusement enregistrée sur France 2 à l’époque ?
D’ailleurs qu’est-ce qu’elle fait là, cette saison de Washington Police ? Comment je me suis retrouvée avec une merde pareille dans ma telephage-o-thèque ? Et toute la saison en plus ? Nan mais manquerait plus de trouver la première saison de 7 à la m-… eh merde.
J’y repensais hier, en fait, quand je vous ai parlé de choix : aujourd’hui j’ai la sensation de mieux choisir les séries que je regarde, parce que j’ai la sensation d’avoir une vue d’ensemble de ce qui existe.
Et j’ai justement repensé à toutes les séries que je regardais quand je n’avais pas le choix. A l’époque où j’ai enregistré ces fameux épisodes de Washington Police, je n’avais pas le choix, je regardais ce qui passait, parce que je n’avais pas le câble ni le satellite, parce que je n’avais même pas d’ordinateur pour tenter une cagoule, ni rien. Je m’étais attachée à cette série et je suis incapable de vous dire pourquoi aujourd’hui. Sitôt sa diffusion interrompue, je l’ai oubliée instantanément, et ça fait des années que je n’en ai pas revu le moindre épisode, que l’idée ne m’a même pas effleurée.
Alors pourquoi ? Qu’avait donc cette série, sinon le mérite d’être là ?
Eh bien c’était ça, uniquement ça, le fait qu’elle était disponible par le seul moyen que je connaissais. Dieu merci ! Dieu merci j’ai aussi eu la chance de croiser le chemin d’excellentes séries ! Sinon aujourd’hui, peut-être que j’en serais réduite à idolâtrer chaque semaine NCIS, convaincue qu’il s’agit de la meilleure série au monde ! (bon ok, c’était un tacle gratuit)
Instinctivement, je jette un œil à ma telephage-o-thèque et je me dis : mais la vache, j’avais des goûts pourris ! Mais en fait ce n’étaient pas mes goûts. J’avais juste faim de séries et je faisais avec ce que je trouvais. C’était le marasme, et si je n’avais pas commencé à cagouler, je n’en serais pas sortie, voyons les choses en face. J’aurais découvert une fois de temps en temps des séries bluffantes, mais d’une façon générale, je n’aurais jamais vraiment profité de l’offre télévisuelle. J’aurais pris ce qu’on me donnait.
Fort à parier que je n’aurais jamais été une téléphage, mais juste une télambda. Rien de honteux à cela.
Mais combien j’aurais raté !
PS : pas de post sur Boardwalk Empire ce soir. Vous voulez vraiment que je me lance dans cette série alors que je suis dans un état pareil ? Après tout le ramdam qu’on en a fait ces derniers mois, que je regarde la série alors que je suis au bord de l’évanouissement ? C’est bien ce qu’il me semblait.
Un sériephile ne doit jamais avoir honte de ce qu’il a pu regarder par le passé (et de ce qu’il peut encore aimer), après tout, c’est ce qui l’a construit (j’ai même récupéré quelques épisodes des Dessous de Palm Beach d’ailleurs ! )…
Nan mais c’est vrai quoi, à l’époque, on avait pas forcément ce grand luxe de pourris gâtés qu’on a actuellement et il y avait effectivement déjà un grand tri de fait dans ce qu’on pouvait choisir de regarder ou non… Mais au moins, ça laissait du temps pour se faire des rediffusions, alors que c’est moins le cas aujourd’hui si on veut en découvrir toujours un peu plus (et moi j’avoue que ça me manque parfois de ne pas toujours pouvoir me refaire toutes les séries que je veux, même si je tente de toujours réserver une place à la rediff’ de mon choix… C’est p’têt pour ça que je suis moins marqué par certains épisodes d’ailleurs).
(Sinon, je me suis encore jamais trompé de coffrets pour ranger mes dvd… )
Un peu comme Nakayomi, je serais tentée de dire que tout ce qu’on a pu regarder avec une certaine boulimie et sans trop de distinction par le passé appartient à notre histoire. C’est grâce à ce parcours, à ses hauts et ses bas, que l’on a façonné notre téléphagie. Cela nous a donné des étalons de valeur, des références (en bien comme en mal), cela a posé des bases pour aiguiser notre sens critique, pour voir aussi tout ce qui pouvait exister en genres et styles de séries. J’avoue avoir de plus en plus de mal à comprendre ce concept de « honte » de regarder ou d’avoir regardé telle ou telle série (mais ça, ça doit être parce que je me détache de plus en plus de ce que peuvent penser les autres), mais je pense qu’en ce qui concerne le passé, c’est justement une richesse d’avoir commencé ainsi. C’est ce qui a permis d’affiner et de préciser nos goûts. Comment pouvoir juger de la qualité d’une série si on a suivi qu’un même genre ?
Quand je plonge dans mes VHS, j’ai toujours mes enregistrements des épisodes d’Highlander avec les pub de M6 minutieusement découpés (j’avais récupéré tous ceux qui comprenaient Methos ^^)… Mais si tu veux te sentir mieux avec ta saison de 7 à la Maison, sache que j’ai carrément des épisodes des Anges du Bonheur enregistrés… Nan, mais je m’en suis remise, hein (enfin je crois). O
Ma telephage-o-thèque c’est ce que j’ai du plus précieux, pas moyen qu’il y ait qq1 d’autre que moi qui y touche ^^ lol !