On est nombreux à avoir commencé la saison du pied gauche. La faute à la CW (c’est toujours la faute à la CW) qui comme l’an dernier, nous a jeté ses séries sans grande exigence à la figure pour ouvrir le bal. Personnellement, je ressens, avec les pratiques de cette chaîne, une hostilité grandissante envers les séries dites « pour ados » (même quand elles ne me semblent pas appropriées pour eux), contentieux que j’espérais voir se régler avec le retour de Life Unexpected mais non.
Bref, je me sens de plus en plus une hostilité irrépressible, voire de principe, avec les séries à destination des téléphages plus jeunes que moi.
L’heure est à la réconciliation, mes amis. Et la rédemption vient du Canada.
Pendant ma semaine canadienne, j’étais tombée sur un article parmi tant d’autres sur les meilleures séries des années 90. Serez-vous surpris d’apprendre que ces séries avaient tous en commun d’être des séries pour la jeunesse et/ou pour les adolescents, ce qui à la réflexion est logique puisque, quand on fait un tel classement en 2010, en général, c’est pour faire appel à la nostalgie du spectateur, qu’on estime avoir la vingtaine ou, grand maximum, la trentaine. A vos calculatrices.
Me voilà donc à tomber sur Degrassi (ça va, je gère, je suis une téléphage à peu près éduquée), mais aussi plein de séries qui ne me disent rien du tout. Rapport au faut que, comme on l’a dit, les séries canadiennes, on les connaît mieux quand elles sont américaines. Mais fort heureusement, ce petit article était doté d’une multitude de petits extraits venus du Mal, et c’est ainsi que j’ai découvert l’existence de Ready or Not. Je suis peut-être totalement inculte, mais je n’avais jamais entendu parler de cette série jusqu’alors.
Devant ces quelques minutes de video, soudain, un pincement au coeur : se pourrait-il qu’une série sur l’adolescence me parle ?! Je devais en avoir le coeur net, aussi, comme vous l’imaginez, je suis passée par la case pilote et j’ai touché le jackpot.
Je cherche désespérément un équivalent à Ready or Not de nos jours. L’authenticité semble aujourd’hui une espèce totalement disparue dans les séries s’adressant à cette tranche d’âge (toutefois, je ne regarde pas Degrassi aujourd’hui, alors qui sait ?). Dans les années 90, on avait Angela, 15 ans, Degrassi, Ready or Not… j’en oublie forcément mais aujourd’hui, je n’en trouve même pas autant pour parler d’une tranche d’âge ultra-ciblée par les séries, et pourtant quasiment plus abordée. Où sont passés les adolescents de télévision d’autrefois (dit-elle en ayant pleinement conscience de parler comme une vieille peau réac) ? Comment les adolescents parviennent-ils encore à se reconnaître dans le portrait qu’on fait d’eux ? Ma génération de téléphage en avait l’opportunité, on dirait que la suivante a perdu ce droit, et n’a gagné que le droit de se taire et consommer du glamour en échange.
Et voilà. Je recommence avec mon plaidoyer pour des teen shows de qualité. Je suis désolée, je me rends bien compte que ça m’arrive cycliquement (en général à chaque début de saison, quand je suis dépassée par ce que je vois), mais après avoir vu Ready or Not, je trouve difficile d’oublier devant quelle télévision j’ai grandi, bien que j’aie découvert la série à presque 30 ans c’est comme si elle appartenait à un univers télévisuel qui avait été le mien à l’époque. Je reconnaissais une partie de mes questions, de mes joies, de mes peines, dans les séries qui m’étaient alors adressées. Et pourtant Dieu sait que je n’ai pas vraiment eu une adolescence dans la norme pour mon époque (mais c’est pas le sujet).
Le pilote de Ready or Not pose les bases d’un personnage universel, et je ne trouve pas d’universalité dans les séries que j’ai tenté de voir ces dernières années un équivalent. On m’avait d’ailleurs vendu Skins comme la série moderne se rapprochant le plus de cette étiquette, et je n’ai pas vu dans le pilote quoi que ce soit d’universel, mais bien, déjà, des cas particuliers, et si je peux me permettre, très particuliers.
Alors oui, j’ai vieilli, certainement. Et peut-être qu’en moins de 15 ans, l’adolescence a changé au point de ne ressembler qu’à ce que je vois dans les séries comme Skins, dans le meilleur des cas. Peut-être. Mais je reste persuadée qu’il y a de la place pour faire ce qu’on savait faire il y a encore pas si longtemps.
Et peut-être que dans le fond, j’espère qu’il y ait encore un public adolescent capable de s’identifier aux personnages d’une série comme celle-là. Peut-être que c’est surtout ça que j’ai envie de croire, quand je m’attendris devant Ready or Not et m’y retrouve sans avoir vraiment vécu ce que j’y vois.
Et pour ceux qui… I’m on it !
C’est vrai que j’allais parler de Skins, mais ça me paraît aussi éloigné (ou en tout cas, bien exagéré) de ce que je me fais de l’idée de l’adolescent… Cela étant dit, j’sais pas si je suis le mieux placé pour juger… Mais le pire, c’est que je suis sûr que ça parle quand même effectivement, au moins à une partie…
(Ready or Not, je connais que le titre des Fugees !).
Belle analyse. C’est vrai. J’ai tendance à dire que ce genre de séries se trouvent maintenant dans les romans jeunesses.