Quelle est la part de réalité de nos souvenirs ? Des bribes de réalité
oubliée s’y sont-elles cachés ?
Si la série Capitu porte le nom d’une protagoniste, son héros reste Bento, le vieillard courbé par le poids des ans qui partage ses souvenirs, l’œil hagard et humide, la lèvre tremblotante. Ce clown triste tente de se souvenir… la belle histoire qu’il a vécue avec Capitu n’a-t-elle existé que dans sa tête ? Son fils est-il réellement son fils ? A l’automne de sa vie, rongé par le doute, le remords et les regrets, Bento nous fait entrer dans le théâtre de sa vie…
C’est donc l’histoire de Bento et Capitu, qui sont tombés amoureux dans leur prime jeunesse. Mais la mère de Bento, qui a eu toutes les peines du monde à enfanter, a promis l’âme de son fils à Dieu : il deviendra prêtre ! Bento est envoyé au séminaire, loin de celle qui le fascine tant… Éloignés, les deux tourtereaux finissent pourtant par se retrouver et se marier. Un happy end ? Non, le début de la tragédie.
Bento sera-t-il capable, simplement en revenant sur le passé, de trouver une issue au doute qui l’assaille ? La paternité de celui qu’il a toujours cru être son fils, Ezechiel, sera-t-elle éclaircie par le simple effort de mémoire que Bento fait devant nous ? Nous prenant à témoin, il implore notre aide… mais on ne peut probablement rien pour lui.
Capitu ne renie pas ses origines : la littérature et le théâtre.
Tout au long de la série, Bento griffonne à la plume ses souvenirs, comme pour mieux les saisir, comme pour leur donner plus de réalité.
Mais en fait, il a conscience qu’ils lui échappent. L’émotion prend le pas sur le factuel. Encre encore luisante et mots qui crissent contre le papier… Bento capture désespérément l’insaisissable. Mais Bento ne se contente pas, surtout pas, d’être une voix off. Il promène sa carcasse décharnée et recroquevillée parmi les décors des scènes qu’il a jadis vécues, enfant, jeune homme… Maître de cérémonie d’une pièce qui ne joue que dans sa tête, et dont nous sommes les spectateurs privilégiés.
L’unité de lieu, les jeux de lumière… les costumes d’opéra de ses personnages : Capitu n’a pas honte de devoir sa forme au théâtre, au contraire, elle lui rend honneur, nous rappelle que nous sommes dans un monde fantasmé, pas tout-à-fait réel, pas tout-à-fait fictif.
Mais plus que cela, Capitu est un foisonnement de couleurs, de sons, de lumières, n’hésitant pas à mélanger les images d’archives, des découpages, des idées graphiques insensées et des plans directement inspirés du spectacle vivant dans toute sa forme, plantée au milieu d’un univers étrange fait de maquillages extravagants, d’appareils désuets et de robes corsetées. Irréel et pourtant émouvant à chaque seconde grâce à son frêle narrateur, Capitu est une claque pour moi, je ne vous le cache pas.
Et pourtant, je ne parle pas un traitre mot de Portugais, alors, allez savoir, peut-être suis-je totalement à côté de la plaque ?
Pour en juger par vous-mêmes, voici un extrait du premier épisode, lorsque Bento commence à rappeler les premiers souvenirs qu’il a de Capitu, et qu’elle l’entraîne sur le chemin du passé. Passage dépourvu de dialogue, vous dépouillant par la même occasion de toute raison de refuser de le regarder…
Je vais être sincère avec vous : s’il y a 10 personnes qui commentent ce post (ou plus), ça va finir en La preuve par trois.
C’est parfait!! car si il y a bien une mini série brésilienne à voir Capitu(parmi tant d’autres)en fait parti!! pas besoin de parler portugais, on comprends assez rapidement(demander a Ladyteruki^^) puis les décors, les costumes, la réalisation, le jeu des acteurs…sont au top, laisser vous emporter par les souvenirs de Bento vous ne serez pas déçu
Capitu é uma microssérie otimo!!!
Ca me fait penser à… Oui, je crois que ça me fait penser à des films plutôt « d’auteurs » au point de vue de l’image et de la réalisation… Je suis pas persuadé que ce soit vraiment mon style (bien que le passage n’a rien de déplaisant en lui-même, je dirais en plus que le personnage est assez fascinant quelque part aussi).
La curiosité a vaincu. J’ai regardé le premier épisode -vive youtube et un brésilien qui traduit en anglais :3- et ça m’a évoqué tellement de choses. La danse, la lomographie, le théâtre, les vieilles cartes postales, les vieux films… Ça pourrait faire trop, mais pas là, c’est vraiment admirablement bien fait.
C’est sûrement farfelu mais Bento m’a fait penser à une vieille marionnette; Dias a un empêcheur de tourner en rond mais au final, je me demande si ce n’était pas lui, qui était le plus clairvoyant et puis Capitu, elle fait douce, aérienne… Mais j’ai trouvé dans ses expressions quelque chose de contradictoire.
Le seul point qui m’a un peu gêné, fut d’entendre deux fois « Elephant Gun » de Beirut. Je suppose que c’est le thème de Bento et Capitu mais une fois, ça m’avait suffi ^^ ».
En tout cas, merci pour cette découverte !
Mieux vaut tard que jamais, j’ai fini par visionner l’intégralité de cette mini-série dont tu vante tant la qualité. Et à raison.
C’est un vrai chef d’oeuvre de mise en scène et de narration. Tu fais d’ailleurs une fine et profonde analyse de l’intrigue de la série. Tu as d’autant plus de mérite si tu ne parlais pas portugais à la base. En tout cas je ne vois pas bien ce que je pourrais ajouter à ton commentaire… je dirais peut-être que l’immersion dans les souvenirs et l’univers de Bento était absolument captivante. J’en suis vite venu à me fasciner pour les états d’âmes du jeune Bentinho et les drames de l’adulte et à être hypnotisé par la beauté et l’aura mystique de Capitu, l’enfant comme l’adulte.
Néanmoins, avec l’atmosphère pesante et sombre , bien que prenante, de l’univers théâtral dans lequel évoluent les personnages, j’aurais quand même tendance à préférer à « Capitu », « Afinal… », car plus légère, poétique et « fun », si j’ose dire.
Pour autant, je ne considère pas moins la série comme une admirable oeuvre télévisuelle.
Un grand merci à toi pour me l’avoir recommandée
[…] dans la fiction télé brésilienne hors HBO Latino (après avoir découvert Cidad dos homens et Capitu, deux séries hautement recommandables) et, comme les fois précédentes, c’est un programme […]