Il y a quelques années, tout le monde y allait de sa petite larme de commisération devant 1 Rittoru no Namida. « Mais oui mais aussi », expliquiez-vous en reniflant, « tu te rends compte, Aya va mourir et elle ne connaîtra peut-être jamais l’amour ! Et elle est si brave dans la maladie ! ». Et c’est vrai que c’était beau, tout ça. Aya qui vaillamment s’acharnait à ne pas perdre le sourire et à rester une gentille petite fille modèle, qui va briser tous les cœurs quand elle partira parce qu’elle aura été si douce et si gentille jusqu’au bout. Oh, elle pleure une fois ou deux, bien-sûr, mais globalement, qu’elle est noble, cette Aya !
Bon, on va redevenir sérieux une seconde : vous, si vous n’aviez même pas 20 ans et que vous appreniez que vous allez casser votre pipe dans les mois qui viennent, touché par une maladie dégénérative qui progressivement va vous diminuer, et qu’on vous obligeait quand même à aller faire des visites médicales tous les quatre matins, vous seriez tous sourires ? Oh vraiment, en pleine crise d’adolescence ?
Voilà, pour ceux qui n’avaient pas accroché à cette approche de 1 Rittoru no Namida, un brin idéaliste (mais peut-on faire autrement lorsque c’est adapté d’une histoire vraie à partir du journal intime d’une adolescente qui est vraiment décédée ?), bougez pas, voilà Mioka.
Oh, on retrouve dans Mioka un certain nombre d’éléments de la série sus-citée, ça c’est sûr, vous aurez tout votre content de parents désespérés mais qui veulent faire bonne figure, de docteur dévoué au patient qui va chercher des solutions même s’il ne peut pas faire avancer la médecine tout seul, et de jeune homme qui n’avait rien demandé mais qui va se retrouver pris dans l’histoire, parce qu’épris de la jeune fille. On n’a pas renversé le schéma, on a gardé tous ces éléments-là.
Ceux qu’on a virés, c’est tous les indices qui pouvaient mettre le spectateur dans un état de transe admirative. Mioka ne suscite pas l’admiration. Elle a mauvaise réputation, mauvais caractère, se fritte avec ses parents, ne se pointe pas aux rendez-vous médicaux, pique les petits copains des autres, balance des torgnoles quand on la cherche, etc… C’est une sale gosse.
Mais vous savez quoi ? Si, alors que je n’avais pas encore fini mes études, on m’avait annoncé que ma vie était finie, je n’aurais pas spécialement été d’humeur charmante, moi non plus. Je ne me serais pas pointée en yukata de coton au festival d’été, j’aurais mis une jupette toute courte, et j’aurais dit « fuck ». Si on n’a plus que quelques mois devant soi, c’est pas pour la jouer parfaite petite adolescente et récolter des bons points. C’est pas un concours de la plus irréprochable ; l’égoïsme est de mise, il est totalement compréhensible dans ce contexte.
Aya était un personnage écrit pour laisser une image positive derrière elle, Mioka est un personnage écrit pour vivre le présent avant de partir. Ça fait franchement plaisir.
Je suis toute disposée à y aller d’une larmouchette, peut-être deux, quand viendra le moment, quand Mioka va devenir très très triste parce que son héroïne aura perdu ses moyens et sera réduite à l’état de loque devant les yeux de son bien-aimé, mais si ça peut se faire sans redite ni complaisance, j’aime autant.
Un seul 1 Rittoru no Namida, c’est très bien comme ça, et c’est une bonne nouvelle que Mioka se positionne autrement.
En effet, l’héroïne d’un litre de larmes est un modèle. L’approche est différente mais pas mauvaise pour autant. Les buts ne sont tout simplement pas les mêmes.
Pour ma part j’avais beaucoup aimé. On peut contrebalancer l’horreur de la maladie par le courage. C’est peut-être naif, irréel, mais ça a son utilité.
Oh non, elle n’est pas mauvaise. Ce qui aurait été mauvais, ç’aurait justement été de vouloir faire pareil. 1 Rittoru no Namida est inégalable dans son domaine, et c’est bien que Mioka donne l’impression d’avoir réfléchi à une autre façon d’aborder le problème. Après tout, c’est fréquent dans les séries japonaises, surtout si elles sont grand public, de prendre un sujet pour le décliner encore et encore. Ici, on sent qu’il y a volonté de faire du neuf avec du vieux sans reprendre tout au pied de la lettre.