Lorsque TFHein a commencé à diffuser Will & Grace, j’étais devant chaque semaine, le samedi, et j’adorais ça. Je venais de quitter la maison de mes parents, et Will & Grace semblait être exactement pour moi : de grands enfants dans un monde adulte.
D’ailleurs quand il est sorti, j’ai tout de suite acheté le coffret VHS de la saison 1… enfin, oui, disons plutôt la première partie de la saison 1. C’était une époque où la pratique était pour ainsi dire systématique.
Mais ensuite, tout s’est gâté : TFHein n’a plus diffusé la suite avec la même régularité. Des samedis de déprogrammation, puis de rediffusion, puis plus rien du tout. Les coffrets VHS de la deuxième partie de la saison 1 sont devenus introuvables et je ne m’étais pas encore équipée en DVD…
J’ai perdu Will & Grace de vue. Ils ne m’ont même pas vraiment manqué, pour être honnête, parce que, comme Robin Williams dans Hook, j’avais tout oublié et grandi. Je me suis progressivement éloignée des sitcoms, aussi.
Il y a eu un bref retour au Pays Imaginaire quand Canal+ a diffusé (ou rediffusé, je l’ignore) la dernière saison, vers 7 ou 8h du matin en quotidienne. Et j’ai le souvenir très clair d’avoir regardé l’épisode final, bien qu’ayant loupé au bas mot trois ou quatre saisons, avec des larmes dans les yeux, à genoux devant la télé, recueillie dans le deuil d’une série que j’aurais pu aimer si elle n’avait pas disparu de mon radar si tôt, et qu’il était triste de ne retrouver qu’au moment des adieux. C’était un de ces instants où non seulement une série s’achève, mais une époque avec elle, aussi, au moins pour moi disons. J’ai compris que j’avais beaucoup raté.
Mais même à ce moment-là, et même plus tard en revoyant le pilote, je n’ai pas voulu rouvrir la fenêtre et m’envoler. J’ai laissé tomber.
Lorsqu’il y a quelques semaines, j’ai revu le pilote sur un coup de tête, je ne pensais d’ailleurs pas que ça irait plus loin. C’était juste un pilote. Vous me connaissez, moi, avec les pilotes… Mais quand très exactement le lendemain, l’un de vous m’a demandé ce que je pensais de Will & Grace, non seulement ça m’a obligée à repenser sérieusement à mon rapport à cette série, mais surtout je l’ai interprété comme un signe du Dieu de la Téléphagie et j’ai continué.
Et nous voilà au bout du voyage. Huit saisons plus tard.
Will & Grace est une comédie pétillante aux dialogues vivants, rythmés, et aux blagues à la fois subtilement intelligentes et bourrées de popculture accessible à tous. Une comédie à la fois performante et futée.
Mais surtout, c’est l’une des rares de son espèce. Bien qu’on y parle continuellement de sexe, ou au moins qu’on le sous-entende, la série repose sur quatre personnages parmi lesquels il n’y a pas la moindre possibilité de tension sexuelle. Elle en est absolument exclue. On adore l’histoire d’amour platonique entre Will et Grace, mais on sait qu’elle n’ira jamais plus loin (et il ne viendrait même pas à l’esprit de shipper). Jack et Karen sont dans une relation tactile mais qui existe en-dehors de toute sexualité. C’est son paradoxe : Will & Grace montre des personnages tellement à l’aise avec leur corps qu’ils n’ont rien à prouver et ne mélangent pas les genres. Jamais. Les interactions des quatre personnages entre eux sont à un autre niveau, on est prévenus, on n’y reviendra pas.
Toutes fusionnelles et/ou versatiles que soient les relations entre ces deux paires de couples (hétéro/gay, homme/femme), elles n’iront jamais nous faire le coup du « vont-ils-ne-vont-ils-pas ».
Avec son humour complètement débridé, ses personnages exubérants et son parti pris, Will & Grace se ressent comme libératrice.
Nos quatre amis vivent dans un monde où l’amitié prévaut quoi qu’il arrive, par delà les orientations sexuelles, les histoires amoureuses, et même, comme le montre le final, le temps. On est dans le Pays Imaginaire : les amis c’est le plus important pour rire comme pour pleurer, le reste on s’en fiche. On croit à l’âme sœur et aux rigolades pour toujours. La plaisanterie a un parfum d’éternité.
Alors, oui, ce furent quelques semaines de réconciliation avec une série que j’ai bêtement oubliée, mais qui est toujours restée dans un coin de ma tête. Dans le fond, Will & Grace était inoubliable, il ne fallait juste pas compter sur TFHein pour me le rappeler.
…Je les avais pas perdues mes billes !
A cette heure-là, c’était sans doute des rediff’ (vu que la première diffusion de l’intégrale a plutôt eu lieu dans la tranche de 18h25… Une époque où j’avais enfin Canal en clair… Une époque où j’ai enfin pu profiter de leurs -parfois- bonnes idées de programmation… Et donc voir les saisons inédites que TFHein n’avait jamais voulu diffuser).
J’ai un vague souvenir du final… Mais je suis pas sûr qu’il m’ait bien plu à vrai dire… (Comme je crois me souvenir qu’il y a des moments plus ou moins creux comme dans toute série… ). Non, vraiment, faudra que je me la refasse aussi un jour (même malgré certaines frustrations trop platoniques -parce qu’il n’y avait que Will & Grace qui étaient platoniques ! Arf… Cela dit, je crois qu’il y avait un épisode à propos d’un baiser qui était assez marrant à ce sujet).
Très beau post. Ca donne envie de s’y (re) mettre !