Moi j’aime pas les soaps

10 juillet 2010 à 22:19

En mode Schtroumpf Grognon, laissez-moi vous expliquer pourquoi je n’aime pas les soaps. Les soaps, c’est toujours la même chose : une famille riche, jalousée par d’autres familles riches, des amours impossibles qui mettent des années avant de se conclure par un mariage, lui-même suivi d’un divorce dans les six mois pour qu’on puisse vivre un amour impossible avec un autre, des bébés volés ou échangés, des amants et des maîtresses, des secrets qu’on veut pas se dire face à face, des accidents terribles où ya un personnage qui est mort mais en fait il est pas mort, des jumeaux maléfiques, et puis cycliquement, on rajeunit tout le cast et on recommence.
Alors du coup, moi j’aime pas les soaps.

Nous interrompons votre programme pour un flash spécial d’information : les soaps, c’est pas toujours comme ça.
Souvent, mais pas toujours. Pour les plus vibrants exemples de séries qui s’étendent sur des années et des années, laissez-moi vous emmener ailleurs. Plus je regarde « ailleurs » et plus je vois plein de choses pour nuancer certains de mes vilains préjugés, ici sur les soaps, et plus il me semble vital, pour apprécier la télévision dans son ensemble, de ne pas se borner à la façon américaine de la faire. C’est comme ça qu’étrangement j’apprécie beaucoup plus les séries américaines que je regarde : parce que je les choisis, et non plus parce que je les subis.

Bref, laissez-moi vous présenter deux soaps qui mettent à mal ces stéréotypes sur les soaps.

Effectivement, je vais encore vous parler de séries indiennes, et là encore, c’est à dessein… Vous verrez bien pourquoi (si vous n’avez pas encore deviné).

Balika Vadhu, la première (avec ses personnages en habit traditionnel), et Maan Rahe Tera Pitaah, la seconde (avec sa jolie image qui pique les yeux mais, eh, vous avez mieux ?), sont deux soaps indiens, il n’y a aucun doute sur leur nature. Ces deux séries en hindi sont actuellement en cours de diffusion, et il s’agit de soaps, leur réalisation, leur mise en scène et le jeu des acteurs ne trompe pas. Sauf que.

Dans Balika Vadhu, on trouve une histoire où tout repose sur cette habitude sociale encore tenace dans certaines régions rurales et traditionnelles de l’Inde, qui consiste à marier les enfants. L’héroïne, Anandi, a été mariée à 8 ans à un garçon de son âge, et le soap repose sur le fait qu’elle est encore une enfant, endossant des responsabilités d’adultes, dans la famille de son époux (puisque c’est l’usage). Sur beaucoup de choses, on n’est pas loin de l’esprit de Kasamh Se et sa belle-famille horripilante qui veut rien que du mal à la jolie héroïne, mais sur le fond, beaucoup de retournements de situations qui s’appuient directement là-dessus. Les belles-sœurs sont également mariées très jeunes, les maris ne sont, eux, pas toujours aussi jeunes que celui d’Anandi… S’il ne s’agit pas d’une série fondée sur la critique sociale (bien que j’imagine que, lorsqu’une héroïne déguste autant, à un moment il doit bien venir un point à partir duquel on se pose des questions), en revanche on part d’une pratique bien moins éloignée du réel que tout ce que Les Feux de l’Amour pourront jamais proposer (cela dit, c’est vrai que depuis que mon ex n’habite plus avec moi, j’ai pas revu d’épisodes, ça se trouve c’est moins surfait qu’avant… ‘tain je devrais faire humoriste, comme métier).

Oh, pardon, c’est pas assez courageux ? Bonjour, laissez-moi vous présenter Maan Rahe Tera Pitaah. Pour le coup, là, j’ai vu le pilote (pour le premier, j’ai dû me contenter d’extraits). Et il n’y a aucun doute : on est dans le soap indien. La jolie héroïne s’appelle Anmol, cette fois, et elle faisait ses études au loin ; maintenant, elle revient au bercail (je regardais l’épisode sans sous-titres, mais je pense que le recteur l’a pas spécialement à la bonne ; je me demande si elle a son diplôme ou si elle s’est juste fait mettre à la porte ; bon, c’est un détail, mais si quelqu’un passe et parle le hindi, merci d’expliciter ce passage). Son village natal, c’est un petit bled paumé à l’autre bout du monde (il a pas l’air de passer un train toutes les 10 minutes…), à côté d’une mine de charbon où toute la population locale travaille. Et pendant qu’Anmol revient au pays, le fils du dignitaire du coin revient comme un enfant prodigue qu’il est, et va mettre ses compétences acquises « à la ville » pour améliorer le rendement de la mine de charbon. Sauf que la maman d’Anmol est morte dans un accident au fond de la mine il y a des années, et que depuis le père d’Anmol mène un combat sans relâche pour faire fermer la mine. Son père étant devenu un rebut de la société locale, Anmol reprend le flambeau de son combat (et au vu du trailer pour l’épisode 2, je me demande si papa va pas nous claquer dans les doigts bientôt…). La série tourne donc autour du fait qu’Anmol devient une sorte de syndicaliste contre le reste de son village, et notamment du dignitaire et de son fils, le dignitaire étant un oncle très riche qui veut le bien d’Anmol mais elle est pas raisonnable cette petite. Oui, Maan Rahe Tera Pitaah, c’est un soap aux airs de Germinal.

Voilà, ce sont des soaps. En Inde, ça peut durer plusieurs centaines d’épisodes, des histoires comme ça (Maan Rahe Tera Pitaah vient de commencer le mois dernier, mais Balika Vadhu a démarré en 2008, ce qui lui permet de compter déjà pas mal d’épisodes, normal pour une série en quotidienne 4 jours par semaine, je vous laisse faire le calcul), alors qu’aux États-Unis c’est pas tous les jours qu’on voit de telles histoires dans des séries, alors pour plusieurs années et en quotidienne…

Évidemment, il s’agit de thèmes qui, s’ils sont intéressants sur le papier, sont quand même pas mal ancrés dans la culture indienne, et ne pourraient pas forcément trouver d’écho en Occident. Mais je ne suis pas certaine qu’il n’existe pas des sujets de société typiquement américains qui ne permettent pas ce genre d’approche. En tous cas, on persiste à penser qu’un soap doit forcément être totalement déconnecté de la réalité.

M’enfin, au moins, on vient tous de gagner collectivement 1 pt de QI.
C’est fou les choses qui se passent en Inde, quand même. Hm, si seulement quelqu’un nous en disait plus…?

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Balika Vadhu et la fiche Maan Rahe Tera Pitaah de SeriesLive. Mais ya plein de fiches sur l’Inde sur SeriesLive, c’est dingue, mais qui donc s’amuse à en faire ?

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2 commentaires

  1. Nakayomi dit :

    Tu veux leur faire avoir une syncope, c’est ça ?

    Sinon pas sûr que ça me fasse plus regarder les soaps, cela dit ça rend au moins curieux.

  2. jeffie dit :

    Perso moi j’aime les soaps donc je vais essayer de te convaincre de regarder un soap américain qui s’appelle « One Life to Live » qui englobe toutes les catégories de personnes possibles et qui propose en général des histoires de la vie de tous les jours (par exemple en ce moment un personnage principal est atteint d’une maladie incurable et ses amis essaient de gérer comme ils peuvent mais j’en dis pas plus au cas où tu aimerais regarder).

    De plus, un soap où a commencé Nathan Fillion et que en plus il le renie pas est un soap très très bon en tout cas meilleur que « General Hospital » qui partie d’une base « Grey’s Anatomy » ne parle plus que de mafieux, de serial killers et plus beaucoup d’hôpital (bon en ce moment y’a James Franco donc je regarde mais à part ça c’est soporifique).

    En plus si tu tapes le nom de la série sur Youtube, tu peux voir la série en anglais, la vie est belle non !!!

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