I feel pretty, oh so pretty

10 juin 2010 à 0:26

Le destin de certaines séries semble parfois écrit rien qu’à lire le nom de la chaîne qui les diffuse : AMC ? Ah en voilà une bonne nouvelle, ça va forcément être bon. HBO ? Ça sera peut-être aussi bien qu’avant. The CW ? Vite un sac en papier. CBS ? Ils font tourner leur machine à produire des bouses sans moi. ABC ? A quoi bon regarder, ce sera annulé si ça me plait. TBS ? Non merci, j’ai aucune envie de me lancer dans un sitcom de 200 épisodes. Showtime ? Quand tu veux où tu veux.

ABC Family ? Faut que je me motive pour regarder ça, ça tombe mal, j’avais prévu d’aller aider Tante Yvonne à détartrer son appareil dentaire à la paille de fer.

C’est clair que plus motivé que moi pour regarder Pretty Little Liars, ça se trouve sans trop de problème. Mais avec un peu d’aide de la part du Dieu de la Téléphagie (via principalement la présence de Chad Lowe), je me suis quand même dit que j’allais faire l’effort de m’y coller, un peu comme quand on a mangé toute l’assiette de petits pois et qu’il reste deux cuillers, qu’on a l’impression que si on avale un pois de plus on va tout recracher, mais que si on le fait pas on passera pour la gamine qui boude devant son assiette de légumes. J’me comprends.

Pretty Little Liars va tenter de nous intéresser aux petites cachotteries de 4 ados d’un petit bled où tout se sait, ou plutôt où tout va probablement se savoir, par le biais d’un personnage vieux comme le monde : le corbeau.
Le problème c’est que le ramage de ce pilote est loin de valoir son plumage. Si les petites nanas sont en permanence sur leur 31, le visage bariolé de produits cosmétiques et la garde-robe toujours impeccablement accessoirisée, en revanche l’histoire est nue comme un ver, car on n’en a strictement rien à faire que quelqu’un connaisse les secrets des unes et des autres, que cette personne soit vivante, morte, ou n’importe quoi entre les deux. D’ailleurs les scénaristes font si peu de cas des secrets de chacune qu’avant la fin du pilote, on les connaitra tous, sauf leur secret commun (« the Jenny thing ») qui, à ce train-là, ne pourra de toutes façons pas faire toute la saison.

Je parlais de chaînes plus haut, je note qu’ABC Family lorgne un peu du côté de la CW, justement. On est loin du gentil petit programme sans reproche, avec ces adolescentes maquillées à la truelle, ces bikinis et ses mini-jupes, et quelques petits secrets dont plusieurs (voire peut-être même tous) à connotation sexuelle, bon allez disons amoureuse. Le coup de nous sortir un personnage omniscient mais invisible m’a aussi rappelé mes vagues réminiscences du pilote de Gossip Girl vu il y a des années pendant un après-midi de profond désespoir (et que j’avais pourtant essayé de toutes mes forces d’occulter de ma mémoire). Globalement, le côté vaguement glamour (mais glamour-frileux) de Pretty Little Liars montre bien que sur ABC Family, on cherche à capter l’attention des quelques milliers de spectatrices qui trainent encore sur la CW. L’autre indicateur de ce rabattage, c’est le casting : pas mal de visages plus ou moins connus, en tous cas reconnaissables, tentent de donner un semblant de crédibilité au générique ; les 4 petites bimbos servant d’héroïnes principales ont principalement leur minois pour elles, la génération jouant les parents a plutôt un nom qu’un visage reconnaissable, et on essaye piteusement d’attirer quelques spectatrices comme ça. Que tout cela est triste et vain. Et surtout, absolument artificiel.

Pourtant Pretty Little Liars pourrait être à peu près intéressant si on arrivait à avoir la conviction que la disparition de la 5e roue du carrosse va avoir un réel intérêt. Mais vu le peu d’originalité et de finesse de cet épisode inaugural, inutile de se faire des idées : il s’agit juste de trouver un prétexte pour explorer les histoires des unes et des autres. Et vu que ces histoires restent dans la moyenne des préoccupations de l’adolescente de télévision lambda, c’est très pénible : n’espérez pas, pas un seul instant, découvrir un secret qui sorte de l’ordinaire. On est dans la plus pure teenagerie possible.

Et pourtant, malgré tout ça, le cast semble y croire. C’est vrai que Lucy Hale débarque de Privileged et Bionic Woman, qui ne sont pas exactement des chefs d’œuvres de la télévision, mais au lieu de n’assurer que le minimum syndical, toucher son chèque et rentrer à la maison avec des fringues toutes neuves, les petites nanas semblent au contraire donner tout ce qu’elles ont (même quand elles ont deux expressions faciales dont une bloquée sur un sourire figé, comme la pourtant jolie Shay Mitchell), et ils faut leur accorder au moins ça, elles se démènent comme des petites diablesses.
Mais quand on est ravissante, qu’on ne déborde pas absolument de talent et qu’on n’a qu’un scénario moyen à interpréter, il est difficile de sauver tout-à-fait les meubles.

Alors au final, en dépit de tous ses efforts pour avoir l’air pas trop « family » (ou peut-être à cause desdits efforts ?), Pretty Little Liars n’arrive pas à convaincre. Tout ça c’est bien joli, mais c’est pas bien nourrissant… Après, je vous accorde que je ne suis pas dans la cible. Mais j’aime à croire que la cible a quand même un cerveau. Dites, rassurez-moi : elle en a un, pas vrai ? Non parce que, si on est ce qu’on regarde, je m’inquiète quand même un peu, quoi…

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. Nakayomi dit :

    J’avais noté la série sur les « potentielles » (pas celles de Buffy, hein). ABC Family a déjà sorti de bons trucs (si, si)… Maintenant, faut effectivement voir comment est traité la chose du secret et des mensonges, parce que c’est plus ce côté là qui avait fait que c’était potentiellement à voir… Même si tu n’es guère encourageante.

    (Je remarque quand même que les chaînes et leur « significations d’intérêt sériephile » diffèrent chez moi… )

  2. Eclair dit :

    J’avais l’intention de regarder le pilote, vu que j’avais bien aimé Lucy Hale Dans Privileged, mais là, ça fait la énième critique négative que je lis, donc je vais passer mon tour.

    Il n’est plus possible de réussir des séries pour ados de nos jours ? (Je mets life unexpected de côté parce que ça dépasse quand même un peu le teenage drama).

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