Contrairement à certains posts de ces dernières semaines (pour ne pas dire tous), aujourd’hui, je vais parler de choses drôles.
Non, je voulais vous faire une fausse joie, aujourd’hui je vais en fait parler d’humour.
Car ce que j’ai vu ces derniers jours (y compris en matière de cinéma) était plus léger que précédemment, mais aussi… plus vieux. Et lorsqu’on en arrive au stade où on s’enfile une moitié de saison des Craquantes (eh oui, encore elles) en trois-quatre jours, je crois qu’on peut tenir pour acquis que je trouve drôles des choses plutôt datées. Et c’est un euphémisme quand on sait que je me suis aussi enfilé ce weekend un vieil épisode de SNL, et par vieux cette fois je veux dire : des années 70, ainsi que le DVD best of de Gilda Radner (oui, j’ai même commencé à regarder les best of, c’est dire si vous avez peu de chances d’être tranquilles même maintenant que la saison de SNL s’est finie hier soir). Entre deux vieux SNL, et deux vieux épisodes de sitcoms, je me suis aussi enfilé l’autobriographie de Brett Butler (pour ceux qui aiment tripoter mes tags, c’est l’actrice principale d’Une Maman Formidable).
Rien de récent. Tout de drôle.
Cet après-midi j’ai passé un peu de temps avec l’une de vous (qui, peut-être, un jour, se sentira le courage de ne plus faire partie de la majorité silencieuse, et commentera un post…), et outre Soldier’s Girl, nous avons regardé de nombreux extraits de SNL que j’avais sur moi (comme par hasard). La plupart de ces sketches n’ont pas plus de 10 ans (ce qui n’est déjà pas si mal, à bien y songer), mais il y en a aussi quelques uns qui sont tirés de best of divers, d’émissions spéciales, et qui sont situés dans la première ère de l’émission, avec la première équipe, soit entre 1975 et 1980 (j’ai par contre un mal de chien à me procurer des émissions entre 80 et 2000, à l’exception de deux ou trois dans les années 90… l’appel est lancé).
Chaque fois que je la voyais cliquer sur un extrait ancien, je surveillais sa réaction, me demandant si elle allait rire. Parfois, la présentation que je lui en faisais avant même qu’elle lance la video éliminait toute possibilité de tester sa réaction avec l’innocence de la découverte (« tu vas voir, c’est incroyable, drôle et touchant à la fois, et sans une ligne de dialogue, incroyable, magique ! »… laisse peu de place à une réponse pessimiste), mais parfois je me taisais, signalant simplement la date, et guettais.
Parce que dans le fond, je crois que le fait que ce soit « vieux » me semblait un obstacle. Et je me suis demandé pourquoi.
Pourtant ce ne me semble nullement être un obstacle, quand moi je m’enfile plusieurs saisons des Craquantes, ou, comme c’est arrivé par le passé, de Three’s company (je vous ai bien cassé les pieds avec cette série, quand je me la suis enfilée, hein ? Je vois ça aux tags). Des séries ayant environ mon âge (j’avais presque trois ans quand Les Craquantes ont vu le jour) ou plus vieilles que moi. Et là ça ne semble pas être un inconvénient.
Mais quand j’essaye de faire découvrir des choses aux autres (ce qui, admettons-le, est certainement la chose que j’aime plus faire au monde juste après découvrir moi-même ces choses), j’ai l’impression que c’est la chose la plus rébarbative au monde.
Il me semble acquis qu’une série dramatique sera intemporelle, mais qu’une comédie, quelle que soit sa forme, se défraichit avec le temps. Mais ce n’est peut-être que moi.
Pourtant, toutes ces émissions et séries drôles… elles me semblent l’être encore aujourd’hui, finalement et contre toute attente. Après tout, je ris, mon amie rit, c’est que ça doit encore fonctionner. Ou alors nous sommes bon public ?
Peut-on rire de choses qui faisaient rire la génération précédente ? Un même humour peut-il fonctionner de la même façon quelle que soit l’époque ? J’ai envie de penser que oui après cet après-midi, cette journée, ce weekend, ces derniers jours passés sous le signe de la comédie datée. Mais quelque chose me dit que ce n’est pas si facile.
Peut-on rire de tout… même si c’est vieux ? Est-ce accessible pour tout le monde ou cela dénote-t-il déjà d’une certaine ouverture d’esprit, d’une curiosité qui ne se laisse pas refroidir juste parce que c’est vieux, et que ça se voit ?
Pour répondre à cette question, je vais procéder à une expérience scientifique et pour ce faire, je vais avoir besoin de votre aide et donc de votre active coopération : voici un extrait de Saturday Night Live issu du best of de Gilda Radner, où l’on peut aussi voir John Belushi, et donc situé dans un épisode tourné entre 1975 et 1980. Visiblement, ça a fait rire les spectateurs en son temps, donc on va voir si ça marche encore de nos jours…
Si vous riez, levez simplement la main.
PS : le gag ultime de ce post sur l’humour, c’est que je l’avais laissé en brouillon, convaincu qu’il était posté avant minuit, et en fait non. Pour me punir je l’ai donc antidaté à 23h59, que ça me serve de leçon. Pfffiu, bien failli ne rien poster aujourd’hui moi avec mes conneries.
L’humour est-il intemporel ? Très bonne question.
Déjà, il y a la forme.
Par exemple, les rires enregistrés dans les sitcoms à 4 caméras en agacent plu d’un aujourd’hui, alors que moi j’aime cette atmosphère « théatrale ».
Ensuite, il y a le rythme. Le déluge de dialogues ciselés est un vrai plus. De nos jours le temps mort c’est synonyme de série morte. On met le gag d’abord, l’histoire ensuite.
Enfin, sur le fond, il y a la question de l’impertinence, du politiquement incorrect, de la provocation, qui par essence, se ramène à son époque. Le rire, pour le coup, serait donc nettement plus drôle en franchissant un interdit peu transgressé. Et c’est d’ailleurs pour ça que les comédies pour ados sont tellement crétines. Mais bon ça n’engage que moi
Bref, pour moi il y a des sitcoms intemporelles. Parce qu’il y a une qualité d’écriture, d’interprétation qui dépasse les attendus actuels. Cheers, Frasier, Seinfeld, Friends resteront pour moi à tout jamais des piliers de la sitcom.
Enfin, j’ai trouvé ça mignon ton extrait Ca rejoint d’ailleurs ce que je disais : on ne cherche pas à faire une avalanche de gags, à avoir un rythme soutenu, on cherche à raconter une histoire d’abord.
Quandd Peter Sellers joue dans le fabuleux The Party, il est certes à l’origine d’une cascade de gags, mais il l’interprète dans une histoire : celle du type qui veut absolument se faire reconnaitre dans un milieu qui n’est pas le sien.
Vaguement sourire à un moment serait le terme le plus exact en ce qui me concerne… Après, c’est effectivement plus « mignon » que drôle.
Je pense que je fais partie de ceux qui ont, juste par pur a priori, peur des vieux trucs. C’est comme ça, c’est psychologique… Alors que l’extrait des Craquantes que tu as soumis montre que ça peut tout à fait passer. (Après, il y a aussi cette excuse qu’on ne peut pas tout voir et qu’on se concentre sur des choses plus récentes… C’est un choix d’organisation quoi…)
Maintenant, il y a aussi une question d’humour, de ce qu’on aime en humour (nan, parce que les SNL, hein…)
J’ai choisi SNL parce que l’émission est en live, et présuppose donc un peu plus de spontanéité dans la réaction du public.
Je rejoins plutôt l’analyse d’Eclair sur le caractère intemporel de certaines comédies : en raison de l’écriture, du sujet également (certains peuvent avoir une résonance toujours très actuelle, non démodée ; tandis que d’autres, peut-être plus propres à une époque, pourront moins facilement passer la barre du temps). Plus que la forme (je suis allergique aux rires pré-enregistrés, ça ne m’empêche pas d’adorer certains sitcoms en contenant), ce sont ces deux critères qui me paraissent déterminants.
Après, je regarde peu de sitcoms de manière générale. Mais si je m’arrête sur mes propres visionnages de comédies actuellement (ça va te rassurer d’un point de vue chronologique), mes découvertes sont les suivantes : la comédie devant laquelle je vais parfois jusqu’à pleurer de rire s’appelle en ce moment « Yes Prime Minister ». Date de diffusion : 1985-86. Ok, bon, quasiment aussi vieille que moi. Rythme solide, des dialogues parfaitement ciselés, portrait de la politique qui n’a quasiment pas pris une ride tant les mêmes préoccupations demeurent… On y trouve l’alliance : qualité des dialogues + sujet.
Les deux autres comédies que je regarde en DVD en ce moment (j’ai encore abandonné TBBT) sont Blackadder (1989) et Jeeves & Wooster (1990). Elles se déroulent toutes deux dans le passé, donc le sujet n’a pas pris une ride, et c’est toujours extra.
J’aurais donc plutôt tendance à penser que le caractère intemporel ou non d’une série ne dépend pas de son genre (comédie ou drama), mais plutôt de son sujet, du traitement qui en est proposé et globalement de sa qualité initiale.
Et ce indépendamment d’une autre problématique : le fait que nous, téléspectateur, restons également marqué par nos sitcoms d’une époque (il y a une génération Friends, etc…), on y reste attaché peu importe les années qui passent ; le vrai test du temps pour ces sitcoms là sera sans doute de savoir ce qu’en pensera la génération suivante.
Pour ce qui est de l’extrait de SNL, j’ai un peu souris, mais bon, ce n’est pas trop mon style d’humour. *shame*