Voyons voir, que j’essaie de me souvenir… Que voulais-je devenir quand j’avais 14 ans ? Ce n’est pas si lointain, quand même ! Ça fait… bah… 14 ans. Bon. D’accord, ça commence peut-être quand même un peu à dater. Mais je n’ai pas encore la mémoire qui flanche ; pas trop. Et je n’ai pas souvenir d’avoir rêvé de devenir une pop star. Et, du plus loin que remontent mes souvenirs, ce n’était pas le cas de tous mes camarades. Oh bien-sûr, il y avait une ou deux princesses qui étaient certaines qu’un jour elles deviendraient célèbres ; mais d’ailleurs c’était le métier d’actrices qu’elles convoitaient. Mais pop star ? Non, je n’ai pas connu pareille épidémie de mon temps.
Pourtant aujourd’hui, à en croire les Hannah, les Sonny, les Ruby, et maintenant les Tori, on dirait vraiment que les gamines n’ont que ça en tête : chanter et devenir des stars. Et si à 16 ans, t’as pas encore ton agent et un ou deux contrats, t’as vraiment raté ta vie, apparemment.
Il y a quelques jours, alors que Caprica finissait son quart de dizième de centième de tiers de saison, commençait sur une autre chaîne la série Victorious, jeu de mot à la fois sur le nom de l’actrice principale Victoria Justice et du personnage qu’elle interprète Tori Vega (et sachant que So NoTORIous était déjà plus ou moins pris). Si je parle de Caprica, ce n’est pas juste à cause des hasards du calendrier, mais parce que les deux séries ont également un acteur en commun. Jetez un oeil ci-dessous, vous devriez vite reconnaître de qui il s’agit.
Voilà donc notre Tori Vega, affublée comme il se doit d’une impossible frangine convaincue d’être de la graine de superstar, et qui mène une vie normale où il faut rendre son projet de physique en temps et en heure, et toute cette sorte de choses. Mais la frangine en question, qui comme il se doit est une petite poulette bonne à baffer (je n’ai jamais vu UNE série pour ados où la fratrie ne se comporte pas de façon insupportable), s’accapare l’attention de tout le monde parce qu’elle est sûre et certaine de savoir chanter. Mettons immédiatement fin au suspense : c’est faux (dans tous les sens du terme). Mais cela lui donne l’occasion de ramener à la maison Leon, un copain de classe qui comme elle fréquente une californienne école artistique, et qui va s’entendre à merveille avec Hannah Sonny Ruby Tori. Ca aura de l’importance pour la suite.
Tandis qu’ils préparent un numéro musical en vue d’un grand showcase de l’école (auquel évidemment des découvreurs de talent seront présents), numéro qui s’annonce comme une catastrophe évidemment, Hannah Sonny Ruby Tori et Leon fraternisent. Lorsqu’arrive le moment de la représentation et que comme par hasard la frangine décidément pas dégourdie s’est mise hors-jeu bêtement en ingérant des herbes chinoises douteuses, Leon exhorte Hannah Sonny Ruby Tori à la remplacer au pied levé, et naturellement, c’est un triomphe. Le directeur de l’école artistique propose donc à Hannah Sonny Ruby Tori d’intégrer l’école, sous les acclamations du public en délire qui est sous le charme de cette performance qui n’a même jamais été répétée, mais que voulez-vous, Hannah Sonny Ruby Tori a un don.
Voilà donc le point de départ de Victorious, petite teenagerie où, pour une fois, la future pop star l’est à son corps défendant, tout le monde lui découvrant un talent dont elle n’a jamais eu conscience et dont à vrai dire elle n’est pas certaine de vouloir. D’autant qu’en entrant dans l’école artistique de sa sœur, Hannah Sonny Ruby Tori a rendez-vous en terre inconnue et, croyez-moi, aucune tribu exotique ne saurait être aussi différente d’elle que tous ces jeunes convaincus (plus ou moins à raison) d’avoir une vocation artistique.
Victorious est une sorte de Fame sous acide pour pré-ados ; on n’y explore pas grand’chose, les numéros musicaux n’y sont pas légion, et les tenues bariolées (et, pour les filles, exagérément courtes) donnent plutôt l’impression d’avoir atterri dans un épisode de LazyTown. A première vue, le bilan est donc négatif : on a l’impression qu’une fois de plus, cette hystérie d’une demi-heure n’a pour objectif que préparer la pré-ado lambda à vider le porte-monnaie de ses parents, soit au bénéfice d’une nouvelle héroïne qui ne devrait pas tarder à sortir ses propres CD (Hannah Montana filant un mauvais coton), soit carrément en investissant si ce n’était encore fait dans d’onéreux cours de chant et de danse.
Pourtant, je ne serai pas aussi totalement négative vis-à-vis de Victorious que j’ai pu l’être (entre deux cris d’horreur) pour Hannah Montana, Sonny with a Chance ou Ruby and the Rockits (je vous avoue que, quand je réalise que j’ai vu le pilote de toutes ces séries, je m’aperçois que mes tendances pilotovores ont depuis longtemps eu raison de ma santé mentale).
Tori est un personnage qui a beaucoup plus les pieds sur terre que la plupart de ses concurrentes, son incarnation par Victoria Justice y étant pour beaucoup. Pleine de doutes sur elle-même, d’un humour légèrement cynique, et d’une nature démontrant que toutes les ados n’ont pas nécessairement de l’eau entre les oreilles dans ce genre de série, Tori est un personnage plus facile à appréhender que la plupart des guignols qui peuplent les séries du genre. Je n’irai pas jusqu’à parler de réalisme, faut pas pousser, mais enfin, l’ensemble est à peu près décent.
Qui plus est, je suis bien obligée de reconnaître que le cours d’impro auquel on assiste vers la fin a du bon, voire même du mérite, ce qui tend à laisser penser que les scénaristes ont une fois ou deux mérité leur salaire.
Par contre, j’en reviens à ce que je disais en intro sur le message qui s’exprime dans le pilote de Victorious. Il est explicité vers la fin pour pousser Tori à accepter de rester dans l’école : que tu le veuilles ou non, tu seras une pop star ma fille, et de toutes façons la normalité c’est ennuyeux… comme si l’un était forcément l’alternative de l’autre. Être chanteuse, ou n’être personne.
Il y a aussi cet agaçant gimmick (Tori met son statut à jour sur un quelconque réseau social), et des personnages ahurissants de bêtise (le ventriloque, la future meilleure amie hystérique) qui nous rappellent qu’on est quand même très largement dans une production de seconde zone.
Mais si, par malheur, j’avais à la maison une gamine dans les 14 ans, je préfèrerais à tout prendre qu’elle idolâtre bêtement Tori que Hannah, Sonny ou Ruby.
Désolée, c’est le meilleur compliment que j’aie trouvé.
Ah l’époque de Creamy au moins, il y avait de la magie et ce n’était pas qu’une chanteuse égoïste, elle aidait les autres (et se retrouvait aussi dans la même situation que l’héroïne de la série dont on parle, puisqu’elle n’en voulait pas de cette carrière… On lui a bien forcé la main… Ok, le parcours est totalement différent, parce que magie et tout, mais finalement… Cela dit, peut-être que j’en ai déjà parlé de Creamy sur un post antérieur, auquel cas ça se pourrait que je radote !).
Bon, voilà, mis à part ça, j’avoue que j’ai vu que Hannah et que c’est pas plus ma tasse de thé que ça parmi ce genre de séries… Donc pour Tori ben… Hum… Voilà quoi…