L’un d’entre vous m’a un jour dit : « tu aimes l’humour de Better Off Ted ? Alors tu aurais dû adorer Arrested Development ! ». Le problème était le suivant : j’avais effectivement adoré Better Off Ted, mais jamais vu le moindre épisode d’Arrested Development. Ne me demandez pas pourquoi. Je ne sais absolument pas comment j’ai réussi à passer entre les mailles du filet. Ca peut à la rigueur s’expliquer pour une série annulée rapidement et jamais diffusée en France, mais là ?
Peut-être que découvrir Arrested Development avec du retard atténue certaines de ses originalités. Mais s’il y a bien une chose que j’ai apprise, c’est toutefois qu’une comédie vraiment drôle le reste même si les années passent ; j’ai plusieurs heures passées devant Three’s company qui en attestent. Mais en tous cas, le fait de découvrir la série sur recommandation ne peut pas avoir manqué de légèrement infléchir la façon dont j’ai regardé le pilote.
En premier lieu, je n’ai pas aimé l’aspect de ce pilote, disons le d’emblée. Je parle vraiment d’un problème visuel. Arrested Development me laisse une impression brouillonne ; on a du mal à identifer l’univers dans lequel la série se déroule, probablement parce qu’il n’y a pas de décor défini. Généralement, il y a dans une série (quel que soit son ton) une unité de lieu minimale pour qu’on puisse prendre ses marques. Dans le cas d’Arrested Development, il n’y a aucune possibilité de prendre des repères, parce que, concrètement, on n’utilise jamais le même endroit deux fois pour le déroulement de l’action. Un exemple parlant : la maison-témoin où résident Michael Bluth et son fils. Couchage sous le toit, petit déj dans la salle à manger, discussion sur des marches d’escalier, famille réunie dans le salon… jamais deux fois le même endroit. Quelque chose qui semble tellement aller de soi que c’est la première fois que je constate à quel point c’est important. Mais en tous cas, tout ça est destabilisant pour comprendre l’univers dans lequel la série s’inscrit. Ce n’est pas un travers impardonnable (et il y a des chances pour que, à cause des tribulations financières de la famille Bluth, le nombre de décor soit largement diminué à l’avenir : exit les chambres de palace, les bateaux de croisière…), mais personnellement, ça m’a freinée.
Sur ce qui est réellement important, c’est-à-dire l’humour, Arrested Development s’avère cependant commencer de façon convaincante, surtout grâce à son rythme et son jeu permanent avec les flashbacks et les flashforwards. Ces procédés rendent l’épisode très dense, et on a tous les éléments pour cerner les personnages et leurs personnalités étranges.
Autour de l’éternel personnage « normal » (si c’est possible dans une telle famille…) grouillent des individus hauts en couleur et résolument barrés ; chose que le pilote, du haut de sa pourtant courte demi-heure, a tout le temps d’explorer. La mise en place des personnages est parfaitement huilée, si bien qu’au moment du climax, chacun exprime pleinement son grain de folie et participe à l’hystérie hilarante. Preuve que dans cette pagaille, il y a une réelle solidité dans l’écriture.
On imagine facilement ce à quoi le pilote un peu brouillon peut conduire, sur le papier : la cohabitation forcée est très bien amenée, mais reste un thème éculé. Pourtant, la malice avec laquelle les personnages sont écrits, et la finesse avec laquelle ils sont joués (Portia de Rossi offre par exemple un jeu plus nuancé que dans Better Off Ted), laissent entrevoir de vraies possibilités.
Donc oui, le départ est mitigé principalement pour une question de réalisation, mais le premier épisode est prometteur : Arrested Development est sans doute une comédie capable de dépasser son pitch un peu banal pour offrir quelques crises de rire.
Ce bilan positif, je le modère par une dernière remarque, car j’ai envie de désigner un mauvais élève : le personnage central, Michael Bluth. Je ne sais pas trop si ça tient au scénario ou à l’interprétation (les deux, mon Général ?), mais il est épouvantablement fadasse. Les personnages un peu neutres, courants dans des séries de ce type, courent souvent ce risque, mais ici, l’absence de charisme se fait cruellement ressentir par effet de contraste, et j’avoue que j’avais espéré mieux.
Pour ceux qui connaissent leurs classiques, un personnage à la Daniel Henderson dans Manhattan, AZ aurait sans doute été plus intéressant, avec une naïveté improbable dont il n’aurait pas conscience, enfin, un trait de caractère exagéré tout de même. Cela dit, peut-être que le wake up call du pilote pourra servir de détonateur et permettra au personnage de développer lui aussi une personnalité.
Une fois ceci fait, on tiendra vraiment une comédie déjantée. Tiens, j’ai presque hâte d’avoir le temps de finir la saison, maintenant…
Perso, je ne suis absolument pas qualifiée pour apprécier les comédies ; c’est un genre que je ne sais pas apprécier. Une question de goûts, de manque d’humour ou de caractère, je n’en sais rien…
Cependant, de temps à autres, je tombe sur de très rares comédies qui vont, si ce n’est me faire rire, au moins me mettre de bonne humeur et provoquer quelques instants de jubilation. Je ne sais pas trop quelle fibre téléphagique ces séries touchent en moi, mais Arrested Development fait partie de celles-là.
Je l’ai découverte en retard, et j’ai enchaîné les 3 saisons avec beaucoup de plaisir. Rien à voir avec mes efforts faits pour regarder 1 épisode sur 2 de HIMYM ou TBBT afin de garder quelques bases culturelles généralistes…
Ca n’est pas une indication sur la qualité de la série, parce que, encore une fois, je ne comprends pas les comédies. Je ne me sens pas qualifiée pour juger. Mais voilà Arrested Development, c’est bien la seule comédie pour laquelle j’ai investi en DVD de toutes les années 2000.
Donc, personnellement, j’aime beaucoup. (Pas de crise de fou rire, mais un sentiment très agréable de détente, de jubilation et de second degré bien dosé.)
Pour ce qui est du personnage central, je pense que sa personnalité s’affirme au fil des épisodes. La série joue d’abord sur cette apparente « neutralité », en prenant un peu de distance et en s’en moquant ; mais par la suite, il prend plus de complexité, tout en restant un point fixe par rapport au tourbillon familial qui l’entoure (mais j’avoue que j’adore cette famille, complètement déjantée, avec vraiment des personnages haut en couleur, mais dont l’alchimie prend vraiment bien).
Qu’est ce que je faisais en mars 2010 lors de la parution de ce billet ?? Aucun souvenir mais même 2 ans après je tiens à laisser un petit mot sur cette série que je ne découvre que maintenant, et je rejoins l’avis déjà positif de Livia, cette série est complétement dingue, malheureusement tu n’en as pas trop parlé par la suite …