Quand je pense que, lorsque j’ai ouvert ce blog, je me vantais d’être une téléphage sectaire, sur le mode « hors des séries américaines, point de salut »… et aujourd’hui j’explore des contrées inexplorées à l’instar de la fiction coréenne…
…je me dis qu’il est bon de vieillir.
Car oui, voici une nouvelle série coréenne à découvrir, et nous allons en profiter pour dépoussiérer la rubrique La preuve par trois, un bonheur n’arrivant jamais seul. Vous savez bien que je ne suis pas du genre à garder mes découvertes pour moi…
Au programme du jour, ce que j’ai envie de qualifier de Nip/Tuck coréen. Attention, publicité mensongère inside. Allez, venez par là, que je vous explique pourquoi la série de FX et et Before & After Seonghyeongoekwa n’ont pas tant que ça en commun.
En fait, si, évidemment. Outre le fait qu’elles parlent toutes les deux de cabinets de chirurgie esthétique, Nip/Tuck et Before & After ont des choses en commun. J’imagine que, comme les Japonais et leur culture du panachage, Before & After est la preuve que les Coréens savent adapter sans polycopier ce qu’ils voient à l’étranger. Ainsi, le pilote s’ouvre sur une scène assez trash, mais en même temps pas gratuite, sur un nez qu’on remodèle. Mais le pilote installe aussi une dynamique au sein du cabinet, avec deux hommes radicalement différents pour le faire tourner, et une femme entre eux. Mais je vous assure, les comparaisons s’arrêtent là et, en fait, sont quasiment théoriques. Les personnages prennent de l’épaisseur à mesure que l’épisode avance, loin des caricatures de leurs collègues amerloques : celui qui souhaite soigner les pauvres aux frais de la clinique est-il tout blanc ? On est loin de ce prêchi-prêcha de Sean McNamara en tous cas.
Une autre différence réside dans l’enjeu féminin principal de la série. Comment ne pas trouver l’héroïne craquante ? Franchement je ne me lasse pas des minois qui en ce moment rayonnent dans les médias coréens. Si vous avez l’occasion d’aller jeter un œil aux groupes féminins du Pays des Matins calmes (y jeter une oreille peut également être une bonne idée dans la foulée), vous verrez que les yeux de biche y pétillent de malice, les corps tout en illusion d’optique semblent longilignes, l’énergie douce et élégante irradie. C’est un vrai plaisir, et la craquante So Yi Hyun ne fait pas exception à la règle. D’ailleurs, à la limite, je trouve qu’elle n’est pas assez présente ; il faut vraiment que les épisodes ultérieurs lui fassent plus de place. Je présume que ce sera le cas, et je m’en réjouis à l’avance, d’autant qu’elle apporte une légèreté bienvenue aux histoires qui se déroulent au cabinet.
Finalement, Before & After apparait comme bien plus douée que son homologue américaine pour dénoncer les dérives de la chirurgie esthétique. Déjà parce qu’elle utilise la chirurgie pour dénoncer d’autres choses, comme le star system ou plus simplement l’économie qui s’est développée autour des actes de chirurgie esthétique : le quartier où se situe le cabinet est truffé de concurrents, on y crée des « modes », c’est un véritable microcosme. Miami, à côté ? Une bande de clowns ! Mais Before & After a aussi le bon goût de pointer du doigt de façon subtile, par touches peu appuyées mais régulières. Le pilote balaie ces sujets, et les laisse à l’appréciation du spectateur. La scène de fin pendant laquelle la starlette confesse face caméra que les rumeurs de chirurgie lui font de la peine, pendant que ses chirurgiens la regardent à la télé, ne juge pas. Elle donne juste les pistes vers une réflexion allant plus loin que le seul divertissement.
Quand je prends la précaution de dire que les « canons de réussite médiatique » en Corée me plaisent plus que ceux du Japon, c’est parce que je me rends bien compte de certaines réalités que, à travers Before & After, je vois explicitées. En soi, il y a de grandes chances pour que par exemple So Yi Hyun ait elle-même subi quelques opérations pour aboutir à ce fameux canon de beauté en vogue en Corée, ce qui serait, à n’en pas douter, d’une ironie suprême. C’est la raison pour laquelle les Coréennes célèbres semblent toutes sortir du même moule. Et c’est en cela que Before & After atteint un objectif de mise en abime assez incroyable sans beaucoup sembler insister.
Before & After offre donc plusieurs degrés d’intérêt : chirurgie, intrigues internes au cabinet, comédie romantique, critique de la société… il y a vraiment de quoi se régaler à tous les étages. Avec en plus une B.O. très référencée qui participe grandement au plaisir du visionnage.
Laissez tomber Nip/Tuck (sauf si comme moi, vous l’avez fait il y a plusieurs années déjà) et ses 95% de scènes gratuites, et basculez du côté coréen de la force !
A voir
Cette série à l’air intéressante. Merci pour l’info.