Les sitcoms tournés avec plusieurs caméras appartiennent au passé.
Le jeunisme, il n’y a que ça de vrai.
Non à l’hégémonie télévisuelle américaine !
Forte de ces trois préceptes, la production de 18 to Life, série canadienne ayant pour enjeu principal que deux adolescents se marient précipitamment et contre l’avis de leurs parents, a tout simplement lancé un remake de Dharma & Greg.
Et le pire c’est que ça marche ! 18 to Life est un rafraîchissant divertissant, porté par un couple central à la fois attachant et frais. Le duo fonctionne bien, et se détache des poncifs réutilisés à partir de Dharma & Greg pour trouver une personnalité propre, pleine de tendresse et de piquant. Ce sont deux adolescents normaux, un peu sages mais pas caricaturaux, plongés dans une situation qui les dépasse un peu mais qui s’accorde finalement assez bien avec leur âge : un coup de tête qui change leur vie. Les portraits comme les réactions sont réalistes, et on peut vraiment dire que Jessie et Tom sont bien écrits ET bien incarnés, ce qui a le mérite de surprendre vu le contexte.
Le blâme est en fait à adresser à… tout le reste. Les parents, principalement. Trop stéréotypés, ils représentent tout ce qui peut énerver dans une comédie : radicalement différents, ils ne s’aiment pas beaucoup (bien que voisins depuis des années) et ne partagent absolument pas les mêmes valeurs. Ils vont pourtant tomber d’accord sur une chose : ce mariage est une mauvaise idée. Le pilote les voit donc comploter afin de décourager leurs rejetons de faire le grand saut.
La situation respective des deux familles est dénuée de toute forme d’imagination et, pire encore (si c’était possible), n’a pas le moindre charme. Si les Finkelstein avaient un grain de folie appréciable même quand il ne servait qu’à produire quelques gags supplémentaires dans un épisode de Dharma & Greg, les Hill manquent totalement de relief en dépit des éléments soi-disant originaux qui servent à les décrire (le mari qui mange du bœuf séché en cachette, le réfugié irakien qui vit avec eux, etc…). Cas similaire chez les Bellow qui se sont collectivement assis sur un objet oblong mais ne sont pas spécialement drôles non plus.
L’origine de ce problème est peut-être à rechercher justement dans le traitement : choisissant de filmer cette comédie avec une seule caméra et dans des décors très variés (peut-être trop ?), la réalisation de 18 to Life s’est éloignée volontairement de la comédie pure, pour aller vers quelque chose de plus nuancé. Mais l’écriture des personnages secondaires n’a pas suivi le mouvement. Du coup, le résultat donne un décalage qui empêche de prendre la série au sérieux.
Peut-être qu’il aurait mieux valu le tourner comme un drame avec de l’humour que comme une dramédie, je ne sais pas.
Concrètement, 18 to Life n’a rien de la révélation, mais en tous cas c’est vaguement amusant, et le couple central donne envie de le suivre. Et puis, ça m’a rappelé mes propres 18 ans, quand, à la suite d’un pari, j’ai moi aussi été fiancée. Grâce à 18 to Life, je vais enfin savoir comment ç’aurait pu tourner…
Faudrait qu’une chaîne française y pense peut-être… Sait-on jamais, ça pourrait se laisser suivre un peu au moins…