Profession de mauvaise foi

6 janvier 2010 à 13:48

Je ne sais pas comment les scénaristes choisissent les professions de leurs personnages, mais ça me tape véritablement sur les nerfs.
Nan, c’est même pire que ça : je sais comment ils les choisissent. Ils ne les choisissent pas.

Il ne faut pas avoir remporté 25 Emmy Awards pour décréter qu’un type qui va enquêter sur un phénomène étrange va être agent du FBI. Évidemment, s’ils avaient un peu d’imagination, les scénaristes concernés trouveraient un peu mieux que ça, genre, le gars, en vrai, il est toiletteur pour chiens, mais il décide de connaître la vérité quand même, même si c’est pas facile vu qu’il n’a pas la logistique pour ça, parce que le mec, tout toiletteur pour chiens qu’il soit, il se pose des questions. Mais non, il faut qu’il travaille au FBI, et que par-dessus le marché son boss ait décrété qu’une cellule spéciale allait être créée ici, avec lui dedans, parce que même si c’est arrivé partout sur la planète, le gars, il est le seul qui peut résoudre l’affaire ! Mais c’est d’une facilité !!! Où est-ce que ces mecs ont appris à écrire ?
D’ailleurs, entre nous soit dit, je trouve que c’est une insulte à tous les toiletteurs pour chiens, quelque part. Comme s’il tombait sous le sens que seul un agent du FBI se pose les bonnes questions, et ait l’intelligence nécessaire pour se mettre en quête de réponses. Et en prime, c’est lui qui a les visions assorties parce que, bien-sûr, seul un agent du FBI de par le monde peut mener ces investigations à leur terme !

D’accord, Flash Forward n’est pas forcément le meilleur exemple de choix de profession pour un personnage principal, pour la bonne raison que ce n’est que l’un des très nombreux éléments de l’histoire qui donne l’impression d’avoir été tiré au sort dans un chapeau (oui, je suis moins positive sur Flash Forward après avoir passé plusieurs semaines sans regarder d’épisode, et à plus forte raison pour avoir voulu m’y remettre ensuite. Merde, je lui ai donné sa chance à Joseph à cette série, faut pas pousser).

Mais d’une façon générale, les scénaristes ne se creusent quand même pas beaucoup. Dans toute série dramatique voyant le jour en ce moment, il faut d’ailleurs remplir le quota de flic/enquêteur/agent du FBI, ainsi que l’autre quota de scientifique/médecin/savant quelconque. A noter que dans Flash Forward, pour rester dans mon rageur exemple, on a décroché le jackpot : la combinaison est magique à un tel point que ces deux professions sont celles de personnages mariés l’un avec l’autre. C’est dire.

Après avoir passé une décennie à encenser tout cequi pouvait être scientifique et/ou capable de mener des enquêtes, on serait en droit d’espérer que les scénaristes se seraient lassés. Après tout, je me suis bien lassée, moi ! (et c’était il y a 5 ans, au bas mot)
Alors, même si je comprends bien que c’est autant un problème lié au fonctionnement des chaînes de télévision (a fortiori des networks) qu’à la créativité des auteurs, je me demande quand même si, de par le monde, il existe d’autres professions que flic ou médecin (et toutes les variations de l’un à l’autre) dont on pourrait juger qu’il n’est pas indigne de parler.

Oui, oui bien-sûr, qu’il en existe. Il y a les pompiers, les gérants de pompes funèbres, les publicitaires, les hommes politiques, les profs de chimie, les journalistes… Du côté japonais de la barrière, on trouve foison d’hôtesses de l’air, de cuisiniers et de pâtissiers, d’instituteurs, de serveuses, de fleuristes, et même, ô joie, des freeters. Et évidemment une énorme proportion d’employés de bureau, parce que les scénaristes doivent à la vérité de reconnaître qu’une énorme proportion de la population active citadine mène cette passionnante existence qu’est la vie de bureau, chose qu’en Occident on ne traitera que dans The Office, parce qu’on y est obligé par le titre.

Mais au fond, j’ai toujours un soupir lorsque, comme par hasard, la profession du personnage principal est en lien direct avec les évènements qui lui tombent sur le coin du nez. Franchement, faire tourner une série sur les déboires professionnels de quelqu’un, c’est une chose (et souvent une bonne), mais placer le protagoniste dans une situation où, comme par hasard, sa profession lui donne une longueur d’avance sur le reste de l’univers pour faire face à une péripétie quelconque, ça, c’est vraiment une attitude de feignasse.
Nan sans rire, quelqu’un peut me conseiller une bonne série avec un toiletteur pour chien qui résout des enquêtes ou soigne des gens ?

Professiondemauvaisefoi-650
But I’d still hit it…

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. freescully dit :

    Il y a aussi une bonne proportion d’avocats… Mais ça rejoint les flics et agents du FBI c’est vrai.

  2. Eclair dit :

    Par le passé nous avons eu à quelques professions originales : pâtissier, vendeuse de souvenirs, réparateur en informatique, chroniqueur radio, gérant de pompe funèbres, architecte, …
    Mais c’est clair que 99 % des séries tournent autour de 4 archétypes : le monde médical, le monde judiciaire, le monde policier, le monde étudiant. Avec aujourd’hui une prédominance nette du monde policier, y compris dans les séries fantastiques, comme tu le soulignes justement.
    Mais plus encore que les différentes professions « si bien choisies », c’est surtout la facilité d’écriture qui me consterne.

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