Inspiration

9 décembre 2009 à 11:31

Sortie des flics et des médecins, la télévision américaine, ces derniers temps, c’était bien souvent des remakes de Sex & the City (avec encore moins de sexe, network oblige). Lipstick Jungle, Cashmere Mafia, In the Motherhood ou plus récemment Eastwick, on en a bouffé, de la gonzesse vieillissante en troupeau. Rares ont été les séries à s’essayer à un équivalent masculin, alors qu’ironiquement, c’est peut-être ce qui m’intéresserait le plus. A part Big Shots (qui n’a pas été aussi big qu’attendu, malgré un cast alléchant), c’était même plutôt le désert.

Heureusement, voici venu Men of a Certain Age qui, malgré un départ assez mou (générique bidon, premières scènes confondantes de banalité), parvient à mettr le doigt sur, précisément, ce qu’on peut attendre d’une série sur les malheurs de célibataires ayant passé la trentaine.

Men of a Certain Age, c’est une série à laquelle rien n’était acquis : un pitch assez fade (« c’est l’histoire de trois mecs qui ont passé la quarantaine »), la présence de Ray Romano (ou devrais-je dire, l’omniprésence), le casting assez inégal (de l’appétissant mais cabotin Scott Bakula au souvent apathique mais talentueux Andre Braugher)… sans compter qu’il était difficile de savoir si ce serait du lard ou du cochon, tant les variations entre la comédie pure et le drame sombre étaient possibles à partir de ce simple postulat de départ.

Mais de tous ces éléments un peu décourageants, ou disons, déconcertants, s’avèrent être exploités avec intelligence. A partir de son pitch classique, Men of a Certain Age s’autorise à la fois une radiographie appliquée de la mid-life crisis, un peu désemparée et impuissante, et une comédie pince sans rire avec des personnages qui parviennent lentement mais sûrement à attirer la sympathie, voire la tendresse.

Contrairement à beaucoup de séries mettant en scène un groupe d’amis, la relation entre ces hommes d’un certain âge n’apparait pas comme plaquée. Les liens sont à la fois forts et distendus (la conversation dans la voiture, au début de l’épisode, entre Joe et Owen à propos de Terry, est assez révélatrice à cet égard). Ils partagent une certaine complicité mais ne sont pas sans cesse collés les uns aux autres, comme le feraient des bonnes femmes (il suffit de reprendre les exemples cités au début de ce post, pour constater que tout ce petit monde passe en général sa vie à appeler les copines toutes les dix minutes pour raconter ses petits malheurs… tragiques portraits de femmes adultes restées bloquées dans une mentalité de lycéennes). Chacun sa merde, et on garde les potes pour les moments de détente. C’est bien les gars, j’aime ce genre de mentalité.

Arrivé à un certain point du pilote, alors qu’on a l’impression que chacun a touché le fond en matière de médiocrité (souvent professionnelle), les trois bonshommes donnent un coup de talon et nous offrent chacun une superbe scène où, finalement, ils se reprennent en main. Men of a Certain Age n’est donc pas la triste, pathétique et lamentable histoire de trois pauvres types dont les plus belles années sont derrière eux et qui sont sur le retour, mais bien trois parcours qui se réorientent comme ils peuvent, sans pied de nez magistral à la vie, mais pas sans une certaine fierté non plus. Tous les trois se laissaient aller, et tous les trois reprennent le contrôle, à leur façon. Ça ne passe pas par des miracles dans leur vie de tous les jours, juste un changement de mentalité.
Je n’ai pas encore 30 ans et je suis une fille, mais j’ai trouvé, quelque part, qu’à travers ses 3 personnages et son intrigue entre réalisme et loufoquerie, Men of a Certain Age avait la classe, et donnait, en fait, de l’inspiration.
Être un mec de plus de 40 ans ? Où est-ce qu’on signe ?
I’m changing, arranging…

 

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3 commentaires

  1. Sowey dit :

    Inégal. C’est le mot.

    L’excécrable Ray Romano d’un côté (tout le monde aime peut-être Raymond, certainement pas moi), de l’autre le sympathique mais pataud Scott Bakula, et la cerise sur le gateau, le toujours juste mais sous-utilisé André Braugher.

    Ah, mon Dédé. N’écoute pas la dame, tu es effectivement talentueux, par contre ce n’est pas de l’apathie, mais de la présence.

    D’ailleurs mon Dédé, pendant qu’on est entre nous, un jour il faudra penser à changer d’agent, car autant tes rôles en séries sont relativement à la hauteur, autant tes apparitions filmiques, The Mist excepté, se font dans des oeuvres aux qualités franchement discutables.

    Inutile de paraphraser ce qui a déjà été exprimé dans l’article ci-dessus.

    …Même si le personnage de Terry est pour l’instant le maillon faible du trio en termes d’écriture, autant qu’en ce qui concerne le jeu de Bakula. Espérons que cela s’améliore au fil des épisodes.

    La véritable surprise, outre la qualité du pilote, c’est qu’il m’a presque fait oublier mon aversion envers Romano, pourtant ici omniprésent, ce qui n’est pas une mince affaire.

    Jusque là, malgré quelques errements, le ton est juste et attendrissant. Espérons que cela continue, semaine après semaine…

  2. ladyteruki dit :

    Comment peut-on avoir ton adresse mail et être aussi sévère envers Bakula ? Si je te suis complètement pour Ray Romano (à commencer par sa voix, quelle horrible petite voix à la Kermit), je te trouve un peu dur autant avec Scott qu’avec Terry.

  3. Céline dit :

    J’avais envie de m’y mettre, tu m’as confortée dans cette idée.

    Par contre, moi j’ai rien contre Romano, je dois même avouer que j’aimais bien « Tout le monde aime Raymond » (en VF en plus !)

    Bref, dès que j’ai le temps je me mets à cette série.

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