Ain’t got no guns

1 décembre 2009 à 22:23

Je vous jure que j’ai rien prémédité. Bon, disons que ça devait être dans un coin de ma tête, et que c’est ressorti de façon inconsciente. Bref, aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Treat Williams, et il s’avère qu’il a l’un des premiers rôles dans la comédie musicale dont il va être question aujourd’hui !

C’est quoi le nom du film ? Hair
C’est plutôt quel genre ? Musical chevelu
Qui on connaît là-dedans ? John Savage (Dark Angel, Carnivàle), Treat Williams (Everwood), Beverly d’Angelo (Rude Awakening pour moi, Entourage pour vous)… ha, ça c’est du beau générique !
Ça date de quand ? 1979
En résumé, de quoi ça parle ? De cheveux. Non, bon, d’accord, de hippies… pff, comme si c’était pas la même chose.

En moins résumé, de quoi ça parle ? Claude Bukowski vient d’être appelé pour faire son « tour » au Vietnam. Il fait escale quelques heures à New York, où se passe le recrutement, mais alors qu’il pensait suivre un chemin tout tracé jusqu’au front, il va faire la rencontre d’une bande de hippies, ainsi que de la belle et riche Sheila, et se retrouver embarqué dans des aventures que ce petit provincial n’avait pas imaginé expérimenter.
Et ça finit comment ? Pas à Manchester, England.

Pourquoi c’est bien ? Les chansons de Hair sont à l’image de leur époque : étranges, pleines de vie et d’entrain. Ce sont véritablement des chansons intemporelles (je mets au défi qui que ce soit de chanter les airs de Mozart ou Roméo et Juliette dans 20 ou 30 ans), à l’instar de « Good Morning Starshine », « Hair », et évidemment le cultissime « Let the Sunshine in ». Je n’ai pas vécu cette époque (une source de consternation permanente dans ma vie, d’ailleurs) mais devant Hair, tout le monde a l’impression d’avoir été hippie ! Il suffit de voir comment les premières chansons se succèdent : « Aquarius », « Sodomy », « Donna »… oui, il y a une chanson qui s’appelle « Sodomy »… tout cela est fait avec un esprit qui me semble conforme à celui de l’époque, brouillon, joyeux… En un mot : enfumé. Car je soupçonne Milos Forman d’avoir passé de longues heures à rouler des plantes pour préparer son film, mais bref. Outre, donc, d’excellentes chansons et un univers entrainant, Hair, c’est une petite bande de gredins bien sympathiques à suivre et à aimer, et croyez-moi il ne peut en être autrement, entre l’adorable Jeannie, le charismatique Berger, ou encore Woof le petit bonhomme étrange… chacun a peut-être un peu trop fumé mais ils sont tous très attachants. A la façon de Claude, nous aussi on a envie de se laisser emporter par le tourbillon un peu bordélique de leurs vies… Hair est un film qui donne du baume au coeur, voilà la vérité.
Pourquoi c’est pas bien ? J’ai une super anecdote pour illustrer la réponse à cette question, vous allez voir. Lorsque je faisais mes études, j’étais noyée dans une classe de gonzesses qui passaient leur vie à parler de leurs histoires de cœur et de cul (et elles ne se confondaient pas toujours). Je ne plaisante pas : c’était leur seul sujet de conversation. Avec moults détails à l’appui. Flash forward : la veille des vacances de Noël. Comme il est de tradition de ne rien glander ce jour-là, notre prof d’anglais nous suggère de ramener un film de langue anglophone, à regarder en becquetant des friandises, et je ramène donc ma VHS de Hair (oui j’ai fait mes études au 20e siècle, pourquoi ?) et là, elle me dit en me fixant droit dans les yeux avec inquiétude « on regarde ça, tu es sûre ? ». J’étais sûre. On a regardé. Ou plutôt on a regardé les 10 premières minutes. Au moment où Woof a entonné « Sodomy… Fellatio… Cunnilingus… Pederasty », il y a eu levée de boucliers dans les rangs, les poules ont commencé à caqueter avec indignation ; horreur et abomination, que tout cela est vulgaire. On a coupé la VHS et on a regardé Las Vegas Parano. Ce qui revenait quasiment au même, mais sans les mots « sodomy » et « fellatio » dedans. Encore que, ce serait à vérifier. Donc voilà le fin mot de l’histoire : ce film est à interdire d’urgence aux coincés du cul, aux psycho-rigides, et surtout, surtout, aux hypocrites.

Ah, les joies du cinéma ! Je me demande si les scènes d’hallucination ont été jouées avec la Méthode de l’Actors Studio ou si ce sont des rôles de totale composition. J’imagine bien les répétitions, quand même…
La réplique qui tue : Bien que Hair, a contrario des deux derniers films abordés dans ces colonnes, comporte des dialogues, j’ai choisi comme réplique qui tue un extrait de la chanson-titre, « Hair » donc, qui est la suivante : « Oh say, can you see my eyes if you can… then my hair’s too short ! »
La scène qui tue : Le premier numéro musical du film, c’est « Aquarius », une chanson que personnellement j’aime depuis le premier jour. C’est aussi avec ce titre que se fait l’incursion de Claude dans le monde hippie, un monde qui, au fin fond de son Oklahoma natal, lui était totalement inconnu. Mouvements éthérés et libres, musique et danse partout, malice, esprit de groupe… le ton est donné immédiatement sur l’esprit du film, pas de chichi de réalisateur ou si peu, on a l’impression que la caméra regarde dans tous les sens tout ce qui se passe sans chercher à en tirer trop de sens, juste à apprécier le moment… un peu comme si elle était déjà un peu dans les vapes, elle aussi. Si vous aimez ce premier passage musical, je pense que vous aimerez tous les autres qui, bien que chacun à sa façon, ont ce point commun d’être comme flottants. Tout en offrant, je le répète, des airs inoubliables. Et je dis pas ça parce que je suis Verseau.


Une note ?
J’affirme et maintiens que Hair est un bon film, et un bon film musical en plus. Excellentes chansons, ambiance impeccable… et puis de toutes façons, on n’aura pas mieux.
Bilan : Bah non on n’aura pas mieux, parce que quand on regarde ce film, qui a très gentillement 30 ans déjà, il apparait que si on voulait le refaire maintenant, oui, on pourrait probablement avoir plus de moyens, oui, on pourrait probablement faire une mise en scène plus poussée, oui, on pourrait… mais non, parce qu’on perdrait définitivement l’esprit du film, on ne pourrait pas en faire quelque chose d’aussi en prise avec l’univers hippie. Déjà là, avec autour d’une décennie de retard, on était pile dans les limites imposées par le temps et les époques. Au 21e siècle, il serait impossible de faire Hair sans en travestir l’esprit. Alors du coup, il y a quelques faiblesses, il y a des temps morts (personnellement je n’ai jamais vu l’intérêt de la scène de baignade), et certaines séquences musicales sont là pour l’amour de la musique mais n’ont pas leur place dans la narration. Ok, je l’avoue, c’est clair. Mais que celui qui regarde le final avec les yeux secs ose me dire que le film est raté. C’est simplement impossible.
Hair est un grand film, qui encore une fois parle de grands thèmes. Pendant 1h30, il permet d’entretenir l’illusion d’avoir connu cette période… sans bad trip.

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