Prove to me that you’re no fool : walk across my swimming pool

30 novembre 2009 à 21:36

On vous dit et vous répète qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on lit. Avec cette production, on porte la méfiance à un tout nouveau degré : Jesus Christ Superstar relit la Bible, rien de moins ! On imagine combien une telle production a pu faire grincer de dents, voire même péter de l’émail de dentaire, dans des contrées aussi religieuses que les USA. Mais tout va bien car Jesus Christ Superstar a vu le jour à New York qui, comme chacun sait, n’est pas complètement une ville américaine.
Bon, pour l’instant c’est un peu abstrait, mais cette semaine de comédies musicales est justement là pour vous éclairer sur le sujet, alors hop ! Passons au film.

C’est quoi le nom du film ? Jesus Christ Superstar
C’est plutôt quel genre ? Musical
Qui on connaît là-dedans ?
Ya pas beaucoup de noms qui parleront au téléphage ici… Moi par contre, Jérôme Pradon…
Ça date de quand ? 2000
En résumé, de quoi ça parle ? Des derniers jours de Jésus et de la trahison de Judas.


En moins résumé, de quoi ça parle ?
On vous a un peu bourré le mou pendant toutes ces années. Judas n’était pas un mauvais homme. Au contraire, il voulait bien faire. Mais l’Enfer est pavé de bonnes intentions, et son souhait de sauver Jésus du dangereux culte de la personnalité dans lequel son entourage le suivait, a fini par causer la perte de son idole.
Et ça finit comment ? Au bout du chemin de croix.

Pourquoi c’est bien ? N’étant ni anti-cléricale ni très religieuse, j’ai apprécié ce regard différent sur ce pan de l’histoire biblique. Judas y apparait comme un homme finalement très droit, trop droit, pas très flexible. Oui, dans Jesus Christ Superstar, Judas est à la fois émotif et psycho-rigide, torturé et sûr de son bon droit, un personnage dense, complet, à la fois attachant et impossible à aimer. C’est lui qui porte le show, alors que ce dernier ne porte même pas son nom ! Ses contradictions, son idéal, ses peurs… Judas est un personnage superbe, digne des meilleures tragédies grecques. C’est aussi lui qui a le plus de chansons ou d’interventions chantées, lui à qui on offre le plus de temps de caméra… Judas réhabilité, voilà ce qu’est Jesus Christ Superstar. Une vraie curiosité. Moins éclatante mais quand même appréciable : la mise en scène. Comme Cats (voir le post d’hier), le choix a été fait de tourner sur une scène, dans une configuration réellement utilisée pour les versions en public, mais avec plus de liberté avec les caméras. D’un seul décor on en tire une multiplicité d’angles et d’univers qui ne peut qu’émerveiller. Évidemment, on devine que le tournage a dû prendre quelques libertés (contrairement à Cats qui semble avoir été tourné en quasiment une seule fois, ou du moins fait très bien semblant les 10 premières fois qu’on le voit), se découpant en scènes plus marquées que dans une comédie musicale en live. Mais ça reste quand même très impressionnant de voir que l’adaptation trouve le juste milieu entre travail personnel et utilisation de l’existant.
Pourquoi c’est pas bien ? Après avoir revu Cats pour la, oh, je ne sais pas, douzième fois, j’ai acheté la VHS de Jesus Christ Superstar, en me disant : Andrew Lloyd Webber ne saurait mentir. J’avais vu le spectacle une fois, bien des années plus tôt et en allemand (ne me demandez pas), et c’était finalement une découverte dont je pensais qu’elle était gagnée d’avance. Bon, franchement, si Cats c’était votre truc, dites-vous bien que Jesus Christ Superstar n’a rien à voir. Déjà, musicalement, c’est un opéra rock, autant vous prévenir parce que ça ne plaira pas à tout le monde. Et franchement on est dans un univers rempli d’anachronismes, qui tente de se rapprocher du présent au lieu de nous emmener ailleurs. J’avoue que la première fois, j’ai été déçue par cet aspect. Qui plus est, tout le monde n’appréciera pas nécessairement le chant très, très, très… encore une : très énergique de Jérôme Pradon. Je l’aime ce petit gars, juré, mais parfois, il hurle un peu. Ça va bien avec le personnage, mais ça perce juste un peu les tympans. Notez que même quand il hurle, Judas hurle toujours juste, cependant.

Ah, les joies du cinéma ! Il faut un esprit bien étrange pour penser à vêtir Judas de cuir et de latex, et le faire chanter (un excellent titre au demeurant) pendant que Jésus, couvert de son propre sang, tente de trainer sa propre croix, puis se fait crucifier. Les joies du cinéma, c’est aussi avoir des comptes à régler avec son pasteur, je pense…
La réplique qui tue : Jesus Christ Superstar, à l’instar de Cats, ne comporte quasiment pas de dialogues. Ou disons qu’il sont un peu bâtards, avec une diction juste assez rythmée pour faire genre. Du coup, me voilà à nouveau à piocher dans les lyrics, et ça tombe bien, ils sont très bons en de très nombreuses occasions : « If you’d come today you could have reached the whole nation. Israel in 4 BC had no mass communication ». Vlan. L’Église peut récupérer ses dents en sortant.
La scène qui tue : J’ai mis beaucoup de temps à déterminer quelle allait être cette fameuse scène. Pendant quelques temps, je l’ai dit, j’ai eu du mal avec Jesus Christ Superstar, non pour son thème mais pour son univers musical. Très sincèrement, Jesus Christ Superstar sans les chansons, ça me conviendrait très bien. Je ne dis pas ça souvent. Mais il y a de très bonnes chansons, n’allez pas croire que c’est rasoir ! Bref, j’ai fini par démêler mon contentieux avec le film/la comédie musicale, et je vous propose donc la chanson du Roi Hérode. Jésus lui est amené afin de prouver ses étonnantes capacités, et le Roi, un être un peu malsain et carrément bling-bling, est très curieux à son sujet. Je propose que dans la prochaine adaptation française, notre Président joue le rôle de Hérode, ça lui irait comme un gant.

Une note ?
Il est clair que si son thème et son traitement font de Jesus Christ Superstar un must-see, je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un incontournable. C’est encore plus particulier à aborder que Cats, quelque part. C’est dire.
Bilan : Voilà une comédie musicale comme on n’en voit jamais assez : il y a un ton, un angle, un propos, qui dépassent largement les productions mièvres qu’on peut voir… hm, ailleurs, on va dire. Aimer n’est pas plus fort que tout, et ce ne sera pas nous dés demain, et rien de ce genre. Jesus Christ Superstar, une grande histoire sur les responsabilités et ceux qui doivent les porter, sur le doute pourtant nécessaire mais parfois dangereux, sur les abus en tous genres… Certes, je ne nie pas que ce soit très particulier, surtout musicalement tout est construit autour de la rupture de rythme, comme si les chansons se coupaient la parole, ce qui renforce l’impression de brusquerie et de violence que l’histoire traite par ailleurs. Les anachronismes font partie du propos, mais certains passages, comme le final, peuvent sembler s’être exagérément engagés dans cette voie. Il m’a fallu un temps d’adaptation, quelques visionnages, avant d’admettre que c’était finalement aussi une force pour ce film. Mais voilà, vous êtes prévenus.

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