Who’s that girl ?

27 novembre 2009 à 22:11

 

Cet article est issu des archives inédites de ce blog.

Date initialement prévue pour sa publication : 17 Juillet 2009

Comme vous le savez, je ne suis jamais la dernière lorsqu’il s’agit d’utiliser la télévision comme machine à remonter le temps. Je presse un bouton, et hop ! Direction les années 90 ! Hop ! Les années 80 ! Hop hop ! Voici That Girl !
Et comme les voyages, c’est plus sympa à plusieurs, montez, je vous emmène. Eh oui, c’est le retour de La preuve par trois !


That Girl
… je mange mon chapeau si vous avez déjà vu cette série. Pourtant, en voilà un pitch intéressant ! Une actrice essaye de percer à New York. Oui, hm, bon, bref. Mais si dans les années 2000, That Girl aurait été trash, avec des coucheries, des scandales, du vitriol… en revanche, dans les années 60, That Girl s’est révélé être une série pleine de légèreté, de finesse et de drôlerie. Son personnage, Ann Marie, est avec le recul une gentille jeune femme toute sage. Mais on devine que pour son époque et son milieu (elle a grandi dans une banlieue pavillonnaire, modeste et humble), elle fait figure de rebelle en cherchant de la sorte à devenir actrice. Autant dire saltimbanque ! Heureusement, son caractère définitivement adorable fait d’elle un personnage assez conventionnel tout de même. C’est tout le charme de That Girl : une charmante contradiction sans prétention, ni réellement anticonformiste, ni tout-à-fait conventionnelle.


La vie d’Ann Marie se divise en deux. D’une part, ses parents, dans leur petite vie, leur petite maison, leur vision un peu courte. Et d’autre part, sa carrière, son appartement, son agent, son job d’appoint. Toute la magie de That Girl consiste en une démonstration par l’exemple, et pas par le discours, des différences entre ces deux mondes. Et si évidemment, l’un apparait au spectateur moderne comme étant plus rétrograde que l’autre, la série se garde bien de jamais en désigner une comme étant la moins bonne. Ann Marie semble ressentir un profond respect pour ses parents ; elle sait d’où elle vient, elle a, ancrée en elle, cette culture des classes moyennes. Et son désir de devenir actrice est toujours concilié au maximum avec ces racines. Quant à sa carrière, elle la gère (le présent épisode est démonstratif à ce sujet) avec un mélange de candeur et de lucidité, et ne tombe pas dans les excès qu’on pourrait imaginer. De là, deux façons de voir les choses : Ann Marie est-elle trop enfermée dans les valeurs dans lesquelles ses parents l’ont élevée pour mener une vraie vie d’artiste ? Ou a-t-elle réussi à se créer son propre chemin, celui où elle revendique son indépendance sans rompre avec les générations plus âgées de son entourage ? Il me semble quant à moi que, au lieu de s’aventurer dans un féminisme forcené et revendicatif, Ann Marie applique le féminisme à la lettre : elle fait très exactement ce qu’elle veut de sa vie. Et ce qu’elle veut, c’est à la fois conserver son identité et vivre à sa guise. Le meilleur des deux mondes !


Comédie pleine de charme, That Girl, c’est aussi une romance dont les balbutiements nous apparaissent rapidement, mais en parvenant à éviter les écueils que percutent de nombreuses trames amoureuses aujourd’hui. Marie et son agent Don sont en effet promis l’un à l’autre, ça crève les yeux. Et les deux bougres en semblent tout-à-fait conscients. Signe des temps ? Marque de leur caractère ? Les tourtereaux prennent leur temps. Ils ne vont ni se sauter au cou, ni courir l’un après l’autre, ni passer d’occasion manquée en sous-entendu préliminaire, non, rien de ce genre. La relation est fraîche, ils construisent leur relation un jour à la fois. C’est aussi, d’ailleurs, une possibilité d’avenir qui s’ouvre devant Ann Marie…

L’optimisme, la franchise, l’innocence de That Girl, sont très rafraîchissants. Avec un personnage central qui ne prêche pour rien de spécial, mais illustre les dilemmes d’une génération de femmes (au moins), la série parvient à être encore d’actualité, et à éviter la mièvrerie. That Girl est un double pari sur l’avenir : celui d’une jeune femme avec certaines valeurs et des ambitions à concilier, et celui d’une série dont la saveur se goûte probablement mieux sur le long terme.

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1 commentaire

  1. freescully dit :

    C’est vrai que, comme les sitcoms de l’époque, c’est très léger, et Ann Marie (What?) est pétillante. C’est tout bête mais j’ai bien aimé les noms des acteurs dans le « générique » (j’imagine qu’il y en a un autre à partir de l’épisode 2) inscrits sur les panneaux.
    Peut-être faut-il plusieurs épisodes pour en arriver à ta deuxième interprétation quant au choix de vie d’Ann mais la morale de la fin me fait plutôt pencher du côté de la première interprétation : elle est un peu trop ingénue pour réussir dans ce métier. Elle est un peu trop « fille à papa » (c’est le cas de le dire) mais il est vrai que dans le contexte de l’époque c’était peut-être un peu difficile de faire autrement.
    En tout cas merci pour cette découverte, lady !

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