Ça fait quelques temps maintenant que je ne lis plus tellement les pitchs des séries que je vais découvrir. Parfois on le sait à l’avance, c’est inévitable, et puis parfois, vraiment, on n’en a pas la moindre idée et on tente le coup, comme ça, au hasard, parce qu’on est tombé dessus dans la filmographie de quelqu’un, parce que le pilote s’est offert à notre cagoule, parce qu’on cherchait autre chose et qu’on est tombé dessus, peu importe. Et je dois dire que sur pas mal de choses, cette technique a du bon.
On n’attend pas quelque chose de précis. On se laisse porter. On ne connaît ni surprise ni déception. On découvre et on a le sentiment de juger la série pour ce qu’elle est, et pas pour les espoirs qu’on avait placés en elle.
Au contraire, quand j’ai lancé Daisuki!!, j’étais très réservée, parce que justement j’en connaissais le résumé et que, bon, ça fait un peu redite de 14 Sai no Haha : une jeune fille psychologiquement fragile (ici, pour raison de retard mental) décide d’avoir un bébé contre vents et marées. Mouais. Bon.
Mais une aficionado de Corky telle que moi ne pouvait qu’y jeter un oeil, histoire de voire quel traitement la fiction nippone accordait aux troubles mentaux, pour commencer.
Peut-être que du coup, j’ai trop cherché la parenté avec l’une ou l’autre de ces fictions, parce que de toute évidence, Daisuki!! n’a pas grand’chose à voir avec elles.
Au lieu, comme 14 Sai no Haha, de suivre pas à pas la grossesse de l’héroïne, Yuzu (ce qui certes, avait ses longueurs, mais permettait de n’éluder aucune question de principe sur la grossesse adolescente), Daisuki!! prend le parti, dés le pilote, de s’autoriser des bonds dans le temps. Explorant ainsi très vite à la fois le problème de la grossesse en elle-même, et les problématiques sur l’éducation de l’enfant. Et franchement, ça ne m’était pas apparu sur le moment, mais effectivement je me rends compte après coup que ce regard au-delà de la naissance a manqué à 14 Sai no Haha.
Reste le tabou quant à la sexualité ; les fictions japonaises ont un vrai problème avec ça. Du plus loin que remonte mes souvenirs, ce qui ressemblait le plus à une scène de sexe, c’était dans Orange Days, c’est dire ! Donc de la même façon que la conception du bébé de 14 Sai no Haha avait été un peu romancée et surtout éludée, ici, Himawari pourrait avoir poussé comme une plante en pot, ce serait pareil. Les parents ne se sont jamais touchés, à en croire le pilote. L’immaculée conception.
Du coup, forcément, la (courte) scène de l’accouchement offre un réalisme autrement plus saugrenu.
Histoire de s’éviter les problèmes que 14 Sai no Haha avait rencontrés avec le papa, dans Daisuki!!, celui-ci est éliminé sans autre forme de procès par un très pratique (et très con) accident de circulation. Je l’ai déjà dit mais je le répète : il y a un vrai problème de sécurité routière au Japon. D’après mes observations personnelles, dans les dorama, une mort sur deux est due une voiture, un camion ou un bus. C’est un véritable problème de société, et j’attends le dorama qui brisera la loi du silence, et osera clairement exposer au grand jour cette problématique qui, j’en suis sûre, nous touche tous dans ce que nous avons, profondément, de plus piéton.
Pour info, l’autre moitié des décès est majoritairement due à des maladies graves et incurables. Le Japon semble être un pays de cocagne au vu de ces statistiques…
En fait, le pilote de Daisuki!! est si complet, de par sa chronologie compressée, que c’est à se demander ce que les épisodes suivants pourront bien trouver à dire ! Yuzu perd son amoureux, la famille découvre qu’elle est enceinte de 5 mois (c’est d’ailleurs une véritable curiosité : quel est la limite légale pour avorter au Japon ? Parce que si j’en crois Daisuki!!, c’est open bar !), chose qu’elle-même vivait pourtant jusque là avec beaucoup de sérénité (je salue le système éducatif nippon sur la qualité de son éducation sexuelle auprès des attardés mentaux), elle a son bébé, on menace de le lui retirer, et hop ! L’épisode arrive à son terme et le bébé a déjà deux ans. Mais que diable trouvera-t-on comme rebondissements ultérieurs ?!
Les retournements de situation, si j’en crois le trailer, viendront d’une jeune fille extérieure à la famille qui va venir semer le trouble dans la vie d’une maisonnée déjà bien retournée. A l’instar des déboires financiers de la belle-doche de 14 Sai no Haha, j’ai le sentiment que cet axe va nous éloigner du cœur du sujet, pour créer des histoires là où personne n’était venu en voir.
Au lieu de cela, je préfèrerais largement qu’on explore la problématique de départ avec méthode et précision, en se demandant, par exemple, si Yuzu a la capacité de travailler ET s’occuper de Himawari, ou si la petite accuse elle aussi un retard mental. On est en droit de se poser la question, et jusque là cette crainte n’a pas du tout été abordée.
Daisuki!!, et c’est la bonne nouvelle, n’est pas une vilaine copieuse comme je le craignais. Ce qui a ses avantages comme ses inconvénients. On y trouve de bonnes idées mais, passé le pitch de choc, on a le sentiment à la vue du pilote que la série va se contenter de rester neutre et d’éviter de valeureusement aller affronter son sujet, pourtant louable. C’est dommage, mais d’un autre côté, c’est TBS et pas HBO.
D’ailleurs, le peu de traitement qui en est fait est très naïf. A ce titre, je vous propose la toute première scène du pilote, où Yuzu et son bien-aimé Sousuke sont dans le bus. Autant la scène est d’une remarquable tendresse et montre une complicité touchante, autant c’est d’un angélisme certain, ou alors il faut vraiment que je déménage au Japon vite fait ! Pas un regard de travers dans le bus (alors que les deux amoureux sont assez bruyants), pas une remarque… j’aimerais croire qu’une telle société existe, vraiment. Mais j’ai une sorte de doute, quand même. Ce genre de détails montre bien comme Daisuki!! est prêt à brader son propos pour obtenir de l’émotion, et c’est dommage.
Quant à la récompense décernée à l’actrice Karina pour son interprétation, elle qui passe 90% de son temps dans le pilote à hurler « Himawariiiiii ! » (les 10% restants étant effectivement convaincants, soit), le sens m’en échappe un peu. Peut-être qu’après un premier épisode si chargé, il est nécessaire de regarder un peu plus la série pour s’en faire une opinion définitive ?
La technique du pilotage automatique du mode cagoulage est une bonne technique… pour les pilotovores… J’avoue qu’il me faut un minimum d’info pour m’intéresser à une série (et ça peut être qu’un acteur, un pitch, une thématique…). Par contre, je peux cliquer sur des fiches au hasard et voir si ça peut me plaire (une technique assez souvent employée pour les dramas).
Même en tant que pilotovore, c’est un comportement que je n’avais pas il y a encore 6 mois à 1 an.
Ah au fait, j’ai oublié de le préciser, mais l’extrait est sous-titré en français pour une fois (par Drama-Jinso Fansub, give credit where credit is due).