Dorama, frontière de l’infini vers laquelle voyage ladytelephagy. Plus je m’enfonce dans les méandres de cet univers, plus je constate que les Japonais, plus encore que les Américains, ont une fascination sans borne pour la femme célibataire. Après vous avoir parlé de Koushounin, Ohitorisama, Katagoshi no Koibito, Kimi wa Pet et consorts (on va pas se refaire une liste), je m’aperçois que jamais les séries japonaises n’ont l’air d’avoir fait le tour du sujet. Visiblement il y a un public de femmes célibataires au Japon dont je ne soupçonnais pas l’ampleur…
Alors quand j’ai donné sa chance au pilote d’Around 40, je n’en attendais pas grand’chose, partant du principe que ce n’étaient pas trois quasi-quarantenaires qui allaient m’apprendre ce que les tonnes de quasi-quarantenaires auraient éventuellement oublié de dire avant.
GRAVE ERREUR.
Around 40 prend l’éternel postulat de la nana qu’il est quand même temps de marier une bonne fois pour toutes (sinon ses ovaires vont se dessécher…), et qui franchement, n’y met pas beaucoup du sien. Mais ce qui fait toute la différence, c’est le traitement. Et la présence de Yuuki Amami. Yuuki Amami qui est, il faut le dire, est le symbole vivant de la femme qui en impose. C’est mon idole (avec Miki Maya. Non attendez, Miki Maya, je veux juste l’épouser).
Bref, Around 40 se révèle beaucoup plus nuancé que la plupart des autres fictions avec des célibataires, le scénario du pilote ayant juste ce qu’il faut de… de tout. D’intelligence, de comédie, de subtilité, de complicité… A côté de ça, les filles de Sex & the City ont l’air de pauvres greluches superficielles avec de l’eau entre les oreilles (comment ça je pouvais m’épargner la mention « à côté de ça » ?).
J’ai été touchée par l’honnêteté du portrait : une femme avec ses moments de solitude heureuse, et de solitude douloureuse, une femme qui pense qu’elle a encore le temps, et qui constate qu’on ne lui en laisse pas beaucoup, une femme qui recherche l’approbation de ses amies, qui recherche un équilibre intérieur… bref, une femme d’aujourd’hui. Tiraillée entre son envie de modernité féministe et son envie de confort social.
Il y avait ce joli dialogue, par exemple, entre l’héroïne (qui venait d’expérimenter l’un des inconvénients de la solitude) et sa belle-mère :
– Papa… il veut que je me marie, n’est-ce pas ? Il voudrait tenir mon enfant dans ses bras, pas vrai ?
– N’y a-t-il pas quelque chose qu’il veuille plus encore ?
– Quelque chose de plus ?
– Que tu sois heureuse.
J’aime bien cette oscillation qu’effectue l’héroïne (et dans une moindre mesure, ses deux amies) entre ce qu’elle veut et ce qu’on attend d’elle. Elle finit par être surprise par l’un comme par l’autre. Elle pense qu’elle est bien seule… jusqu’au moment où la solitude pèse. Elle pense que tout le monde veut la voir mariée… et finalement son père n’a pas envie de l’y pousser. C’est une façon très honnête de montrer ce qui se passe dans la tête d’une femme à qui on monte le bourrichon sur le mariage depuis des décennies, et qui ne sait plus trop ce qui au juste serait l’idéal.
Et puis, le drame. Alors qu’on pensait qu’en dépit de la pression, le personnage allait tenir bon, brandir son étendard de femme célibataire bravement, et poursuivre sa route à son rythme et à son goût… Voilà Yuuki Amami qui craque, et qui s’effondre sur un banc. Je ne sais pas comment vous décrire la trahison et la tristesse de cet instant. Déjà parce que je n’ai pas vu le personnage, j’ai vu Yuuki Amami pleurer. Or Yuuki Amami, elle est sans doute trop typecastée dans mon esprit, mais elle est inébranlable. C’est un roseau, pas un chêne. Et là j’ai vu Amami, mon Amami, celle que j’ai adorée dans BOSS, Enka no Joou (on en reparle très vite), Joou no Kyoushitsu… un roc ! J’ai vu Amami craquer. De chez craquer. Et je me suis mise à pleurer aussi, parce que si Yuuki Amami pleure, c’est vraiment qu’on est foutues.
Bon, ne me regardez pas comme ça. Je me suis remise, depuis. C’était dimanche, j’ai eu le temps d’en faire mon deuil. Mais après cette petite expérience, et en ayant en tête la fin du pilote, mais aussi toutes les séries de célibataires que j’ai vues ces derniers temps, japonaises comme occidentales…
…je me demande juste si le féminisme n’a pas définitivement perdu la bataille de la télévision, quand même.
Si ça ne tenait qu’à moi, de toutes façons, Yuuki Amami n’aurait pas le droit de pleurer.
Ce qui m’a marqué ce n’est pas tant que Yuuki Amami pleure, mais que juste avant ça elle crie, à corps perdu, perdant également toute dignité, courant après son train : « ne partez pas sans moi ! »… Toute une symbolique. A côté de ça, Céline Dion a l’air d’une greluche qui couine avec son nez en plastique.
J’ai trouvé les couples vraiment très très sages sur le plan physique, pourtant là on parle de presque quadragénaires, des gens qui ont un minimum d’expérience, on croirait des premières amours timides…
S’il y a bien une morale qui tient la route dans ce drama, c’est le fait que pour une femme japonaise, un métier peut être la chose la plus importante et pas juste un moyen de trouver un homme et se marier. Et en plus, on peut concilier les deux. Ouah ! 😀