De vous à moi, et parce qu’entre nous c’est une relation de confiance, je vais être sincère : celui qui regarde la scène d’ouverture de Monster Parent et n’applaudit pas des deux mains, il n’est pas vraiment téléphage.
Parce que franchement ça confine au génie, à ce stade.
Je ne sais pas à quel point un Japonais qui regarde le pilote d’une série à la télé est informé en amont. Je suppose que le spectateur lambda japonais ne doit pas être bien différent du spectateur lambda français. Donc prenons le cas où, disons, Sousuke rentre du boulot ; il a un petit verre de sake dans le nez, qu’il s’est envoyé à la gargote du coin, demain il faut qu’il se lève tôt pour aller bosser, bref il se met devant la télé histoire de finir la soirée de façon divertissante.
Et là il met une chaîne au hasard et tombe sur une école vide, froide, pas super récente, de nuit. Cri de corbeau. Il y a un homme dans une salle de classe. On ne voit pas son visage. On coupe avec des plans de dessins d’enfants. Un robinet qui fuit. Musique sourde. L’homme monte sur une chaise. Robinet qui fuit. Salle de classe vide. La musique commence à faire effet. Angoisse. Visage de l’homme qui accrochait des décorations au mur. Satisfaction visible, sourire plein de joie innocente. Et là, le téléphone portable de l’homme sonne. Le sourire s’éteint. Il interrompt ce qu’il faisait et regarde le portable qui vibre sur un petit pupitre d’élève. Une fois. Deux fois. Re-angoisse. La peur se lit dans ses yeux. L’homme descend de sa chaise et tend le bras. Il lit le nom de son correspondant. Crispation. Voix féminine qu’on imagine issue de ses souvenirs : « Professeur, vous êtes inutile ! » Le portable s’arrête de vibrer. Le portable recommence à vibrer. Terreur et panique. Re-re-angoisse. L’homme décroche. Même nom sur l’écran du portable. L’homme pète un câble et s’effondre.
Voilà, c’est immense. Je le fais pas bien, franchement, il faut le voir. C’est énorme, vous dis-je. Ou comment donner tout de suite une idée claire sur le thème de la série en jouant avec les codes du film d’horreur.
Car Monster Parent n’est absolument pas une série d’épouvante, c’est là tout le génie de cette intro ! Les « monster parents » sont ces adultes qui sont si fiers de leur petite princesse ou de leur petit chéri, et qui émettent des exigences absurdes en pensant essayer d’obtenir le meilleur pour eux. Bref, Monster Parent, c’est quasiment une thèse sociologique !
Le pilote est, c’est vrai, parfois lent par moments. La démonstration avait si brillamment été faite dans cette introduction que refaire tout le chemin qui explique ce qu’est un monster parent (et ce que sont ses manifestations effrayantes) à l’héroïne, c’est un peu fastidieux, surtout qu’elle est partagée entre incrédulité et moquerie, ce qui ralentit le processus. D’un autre côté c’est vraiment la réaction saine à avoir, parce que les monster parents sont complètement frappadingues, il faut le dire.
Je pense que Monster Parent doit prendre toute sa saveur une fois l’héroïne entrée dans cet univers une bonne fois pour toutes, cherchant vraiment à ramener la raison dans un univers qui n’en a plus la moindre notion. Là, pour le moment, il faut dire ce qui est, ça fonctionne mollement. C’est purement introductif. Quasiment pédagogique.
A croire que les scénaristes n’ont pas peur…
Mais au moins pour l’exercice de style de son intro, et pour son pitch pour le moins original et ambitieux, je recommande Monster Parent.
Je n’ai point lu toute la partie descriptif de la fameuse scène d’intro… Bah oui, histoire de préserver la surprise si d’aventure je venais à tenter le dorama (et pour ce qui en est dit, ça pourrait éventuellement se faire…)
Avec le titre, j’ai cru que tu allais nous parler de Life…