En regardant un même pilote, je me dis souvent que mon opinion pourrait prendre deux directions : la positive et la négative. C’est surtout vrai pour les séries qui ne sont ni excellentes, ni pourries, un peu au milieu quoi ; et vous l’aurez remarqué, des séries comme ça, chaque rentrée télévisuelle nous en livre une imposante cargaison, quasi-majoritaire dans les grilles. C’est encore plus vrai pour la saison américaine 2009-2010, j’ai envie de dire. Et comme vous allez le voir, il n’y a pas de raison pour que ça ne s’applique pas à la rentrée nippone de cet automne.
Alors voilà un post sur le pilote de Gyne qui emploie deux points de vue : l’un comme si je m’étais levée fraîche comme la rosée, l’autre comme si je m’étais levée du pied gauche. Vous pouvez donc choisir de lire l’un, l’autre, ou les deux, selon votre propre humeur.
Dans mon article de cette semaine sur les genres télévisuels au Japon, il y a certains thèmes que je n’ai pas abordés, et la série médicale en est un. Mais c’est normal, puisque les japonais ont des séries médicales ; seul le traitement change à la rigueur. Et Gyne semble avoir appris toutes les bonnes leçons qui étaient à retirer d’Urgences, pour ne citer que celle-là. Avec émotion, on retrouvera par exemple comme point d’entrée un jeune interne avec lequel on n’aura aucun mal à se lier. Pourtant, des pilotes de séries médicales, j’en ai vu, ces derniers mois, de Mental à Three Rivers, de Nurse Jackie à Mercy. Mais c’est résolument Gyne qui a su lui donner de l’âme et de la personnalité, tout en utilisant consciencieusement les codes du genre. Certaines scènes atteignent parfaitement les objectifs qu’aurait fixé le cahier des charges d’Urgences : scènes tendres, scènes tristes, scènes choc, scènes d’action. On n’est pas dans le superficiel, tout en gardant à l’esprit qu’on est là pour faire de la fiction grand public. Un équilibre impeccable. De même, l’épisode aborde des thèmes difficiles, et s’engage à chaque fois (et une fois de plus, comme dans 14 Sai no Haha, il est intéressant de constater combien la morale religieuse est absente du débat, permettant un angle nouveau ; l’idée directrice est d’être toujours en faveur du souhait du patient, de ce qui est pratique pour lui et de son confort, et la seule voix pro-life étant marginalisée de facto par le personnage qui l’incarne). Le pilote de Gyne est aussi tout ce qu’on attend d’un pilote : introductions consciencieuse des personnages-clé, petites pichenettes pour piquer notre curiosité au sujet de leur background, et on s’arrête là. Le pitch promettait une mise à mort judiciaire de la protagoniste principale, mais ce sera vraisemblablement l’affaire de l’épisode suivant. Gyne prend son temps, s’installe, s’étire, se met à l’aise, et le spectateur appréciera cette absence de précipitation, de plus en plus absente des séries américaines, et qui est encore plus louable puisque pour Gyne, le temps est compté. On ne cherche pas à placer les sacro-saints enjeux, on se contente de distribuer les cartes, de vivre dans l’instant présent. Peinture honnête, me semble-t-il, de l’univers médical, avec ses réunions de service où tout le monde a mieux à faire ailleurs, et où personne n’a rien à dire, son rythme éreintant, ses jalousies entre internes quant à celui qui a le formateur le plus pédagogue, etc… Gyne m’apparait comme une série bien plus en prise avec le réel que Code Blue qui reposait pourtant sur un principe très similaire. La preuve qu’on peut faire quelque chose de conventionnel tout en le faisant bien. |
S’il y a bien une chose que je déteste, c’est quand on me ment sur la marchandise juste dans le but de me faire regarder un pilote. Or (et vous le verrez en suivant les tags), tout portait à croire que le pitch de Gyne porterait plutôt sur le problème de l’erreur médicale ; normalement, la série devait suivre une obstétricienne qui avait fait un choix contestable et se trouvait trainée en Justice par la famille de sa patiente. Eh bien, ne retenez pas votre souffle, parce que dans le pilote, on n’aborde pas le sujet. Oh, si, bien-sûr, on nous introduit timidement l’avocate de l’hôpital, les réunions de service, la hiérarchie mollassonne, le médecin borderline et critiqué… mais ça s’arrête là. D’ailleurs, ce médecin, il est épouvantablement cliché. Interprété par Norika Fujiwara (vue en meilleure forme dans Oishii Gohan) et ses joues de hamster inexpressif, ce médecin va rester muet, allez, disons 90% du temps. Et je suis gentille. Mal aimable, entêtée, asociale, elle a évidemment tous les travers, mais comme par hasard elle est très compétente, donc tout de suite ça excuse tout. Même de maltraiter son interne (un vibrante hommage à la relation Benton/Carter, d’ailleurs), ou les patients, au nom de ses idées personnelles sur l’avortement ou la pilule. Mais comme c’est l’héroïne, on lui pardonne de faire passer ses valeurs morales avant l’intérêt de ses patients ; on croit rêver. Au programme du pilote de Gyne, on trouve aussi une bonne louche de bons sentiments, sur des refrains bien connus type « les bébés c’est beau », « les vieilles femmes qui meurent c’est triste », « il faut faire de ton mieux », etc… Si la réalisation est propre (et je dis bien propre, pas réussie… ça vaut un Code Blue, au mieux), il manque dramatiquement les idées de génie qui permettraient à la série d’avoir son identité propre. C’est blanc, c’est bleu, sans déconner. Comparativement, Three Rivers, c’était de la folie pour les yeux, c’est dire. Quant au casting, il avait visiblement reçu des consignes pour rester dans l’ombre de l’amorphe Fujiwara, qui n’a même pas la bonne idée de cabotiner pour nous divertir ; le résultat est lassant, même si on appréciera au passage l’absence presque tout le long de toute forme d’hystérie. Mais à la limite ça devrait aller sans dire. Une fois de plus, Gyne présente un univers médical stéréotypé, une série en hôpital de plus. Franchement, on en voit suffisamment pour ne pas avoir besoin d’une nouvelle série, fût-elle courte, pour jouer dans cette catégorie sans aucune forme d’imagination. |
Voilà deux avis, à vous de vous faire le vôtre !
Fujiwara, c’est le mec tout à gauche en costume sur la photo, non ? Ca fait parti des têtes que j’ai reconnu et il était plutôt pas mal dans Papa to Musume no Nanokakan… Dans le genre comédie donc.
Maintenant, je suis quand même très déçu de voir que Code Blue n’arrive pas au même endroit dans les deux avis !
Sinon, faut voir de quel pied on se lève… Mais mis à part le pitch un peu trompeur…
Norika Fujiwara, c’est l’actrice principale. Au centre de la photo, donc. Soit Tae dans Oishii Gohan.
Ouuuups… M’en vais me cacher moiiii… :bag: