Je crois que ce sera le dernier de mes posts de découverte pour aujourd’hui. 8 pilotes en une journée… petite forme on dirait. Je ferai mieux la prochaine fois. J’arrêterai de manger, de dormir, toutes ces futilités chronophages… Je pensais d’ailleurs finir la journée de pilotes avec un peu plus de panache que ça. Mais tant pis.
Pourtant j’aime bien les avocats. Pas juste parce qu’on peut faire plein de blagues odieuses avec eux (c’est juste un bonus), mais parce que c’est probablement l’une des professions que je préfère voir à la télé. Qui dit avocats dit, dans une immense majorité des cas, qu’on va avoir droit à une série intelligente, car rares semblent être les scénaristes qui se risquent à ce genre quand ils n’ont que de l’eau entre les oreilles (genre un CV constitué uniquement de scripts pour la CW). C’est presque toujours une garantie. Presque toujours. Je me sens entre de bonnes mains quand je sais que la série va tourner autour d’un avocat, ou d’un cabinet d’avocats, ou n’importe quelle combinaison de personnages incluant des avocats. Bon d’accord, Raising the Bar a été une notable exception récemment. Mais à part ça, je suis une enthousiaste.
C’est pour ça que je pensais finir la journée dans un feu d’artifices.
Oui. Votre intuition est juste.
J’ai effectivement été déçue par The Good Wife. Probablement parce qu’il est difficile de ne pas faire de comparaison avec Canterbury’s Law, et que cette série, j’ai toujours pas compris pourquoi elle n’a pas duré. Et puis d’une façon générale, parce que The Good Wife est un peu bâtarde, dans son genre.
J’entendais le concept de départ comme quelque chose de prometteur : l’épouse d’un homme politique tombé en disgrâce judiciaire et médiatique reprend le chemin du travail après avoir passé plus d’une décennie à jouer les épouses modèles. C’était intéressant, comme angle. Je me disais que le point de vue sur le monde judiciaire allait nécessairement être différent pour un tel personnage, et en toute honnêteté, je m’attendais à ce qu’il soit beaucoup plus question de l’affaire de son époux que d’un petit meurtre de rien du tout. On voit Alicia compatir avec sa cliente, mais ça ne va pas bien loin, cette affaire.
Qui plus est, l’intrigue professionnelle du pilote est un peu simpliste : en fait, tout l’enjeu pour Alicia, c’est de montrer qu’elle est meilleure que tout le monde (l’associée qu’elle remplace sur cette affaire, le petit jeune avec qui elle est mise en compétition au cabinet, le procureur vaguement obséquieux, et même la police qui a enquêté sur l’affaire). C’est merveilleux. C’est magique. Elle trouve une preuve qui n’existait pas dans le dossier, démontre des trucs que personne n’a vus avant elle, sort de son chapeau des pièces à conviction, c’est merveilleux, c’est magique. Ah je l’ai déjà dit peut-être ? Plutôt que de montrer qu’elle est brillante, que l’intellect ne vieillit pas avec les années, quelque chose comme ça… les scénaristes se sont contentés de se ranger de son côté et de lui simplifier la vie. Alors que ce serait tellement plus prestigieux si elle arrivait à tordre la logique pour faire acquitter sa cliente ! Mais non, on lui invente un dossier parfait, qui la fait forcément gagner à la fin, c’est merveilleux, c’est magique ! Je radote, je sens…
Bon, ce n’est pas la gloire côté prétoire ? Il restait encore de l’espoir sur le front de la vie privée d’Alicia. Manque de chance, mauvaise pioche sous cet angle-là également. Alors qu’on aimerait nous faire croire que la belle a fait de ses enfants sa priorité, on ne verra ces derniers qu’une poignée de secondes (personnellement je serais infoutue de dire à quoi ils ressemblent, je sais que le fils est brun mais à part ça…). Conflits à la maison ? Réduits à trois lignes de dialogues. Il faut dire que lancer la série deux ans après les faits n’aide pas, on comprend que les passions soient retombées, mais ça ne sert pas vraiment l’intrigue.
Au milieu de tout cela, Julianna Margulies est aussi glaciale que son botox le lui permet, égale à elle-même, et une fois de plus on ne lui demande rien d’autre que d’avoir l’air aussi lisse que possible, voire carrément distante. Son jeu passe bien dans une majorité de scènes où on cherche à nous faire comprendre que l’épreuve l’a endurcie, mais dans les quelques unes où on voudrait voir son côté humain, les émotions font cruellement défaut.
The Good Wife est un bon legal drama, pourtant. Évidemment que c’en est un, j’ai envie de dire ! Tous les ingrédients y sont : bonne distribution, bonne réalisation. C’est du travail soigné, ça ne fait aucun doute. Et le manque de fantaisie n’est d’ailleurs pas tellement grave, on ne demande pas de l’originalité à une telle série. On lui demande juste de créer un lien avec les spectateurs, pour pouvoir s’intéresser sincèrement à l’histoire personnelle d’Alicia, ainsi qu’à ses affaires. Mais ça ne se produit pas. Comparativement (je sais, je sais… il ne faudrait pas, mais c’est si évident), Canterbury’s Law montrait bien mieux les plaies, creux et bosses de son personnage ; il ne s’agit pas de faire d’Alicia un personnage aussi borderline qu’Elizabeth, naturellement, mais au moins de lui donner un relief équivalent. Ici c’est assez fade sur ce plan et sur les autres.
Par contre il est possible que la série s’améliore avec le temps, tout n’est pas perdu. Mais si vous me demandez à moi, ce que j’en pense, je ne donne pas cher de l’avenir de cette série. Chaque année, on en voit des comme ça. Qui n’ont rien à se reprocher en définitive, si ce n’est d’avoir été un peu trop polies par les différentes étapes de production, et qui ne donnent pas l’impression d’avoir quelque chose à offrir sur le long terme. Je regarderai peut-être encore un épisode ou deux, et puis… si la série n’est pas annulée à ce moment-là, je l’annulerai juste chez moi.
PS : il faut absolument que ce générique s’épaississe, j’adore l’idée. C’est tout simple, mais j’adore la mise en images. Faut faire mieux que ça, c’est trop dommage.