Il n’y a pas grand’chose de plus réjouissant qu’un nouveau pilote (à part peut-être regarder un nouveau pilote avec un milk shake à la fraise). Mais comme plusieurs d’entre nous se damnent à le dire depuis quelques jours, les pilotes de la CW font figure d’exception à cette règle, et sont d’une pénibilité difficilement surmontable pour le spectateur (allant jusqu’à faire tourner le lait dans les milk shakes).
Entre côté cour The Beautiful Life, la série dont on a beaucoup parlé tout l’été mais dont on n’a pas dit un mot, un peu attendue au tournant en ce qui me concerne, genre « si vous n’avez que votre pseudo-scandale à raconter, je vais pas faire de quartier ».
Après avoir regardé l’épisode hier soir, je peux vous dire que ça va saigner.
Mais pour plus de pédagogie, considérons plutôt les pour et les contre d’une telle série.
Voilà, c’est pas plus compliqué que ça. Et même là ça reste encore très relatif, certains contre sont des contre++, par exemple j’ai eu une envie de distribution de baffes façon Obélix concernant l’intégralité de la population féminine.
Il y a eu deux moments qui m’ont donné de l’espoir, mais l’espoir est une salope comme on va le voir. Déjà, à un moment, j’ai ri (j’ai regardé autour de moi immédiatement, et personne n’avait remarqué, même les chats dormaient, tout va bien il n’y a pas de témoin) d’une mini-réplique sans prétention mais au timing efficace lorsque Barbie et Ken sont en train de tomber amoureux dans les couloirs glacials de l’agence de mannequins ; une fois. Et ensuite, quand il s’est avéré que le personnage de Barton avait eu un bébé, et que, je dois dire, je n’avais pas trop envisagé cette possibilité (il est très possible que ç’ait été le seul mérite du feuilleton Barton cet été : créer un l’effet de surprise sur ce petit twist), j’ai pensé, l’espace d’un instant, qu’on allait enfin causer sérieusement et que finalement la série avait peut-être un petit truc à dire.
Mais très vite il s’est avéré que non, je vous l’ai dit, l’espoir est une salope, les intrigues sont restées indigentes, Barbie et Ken sont plus sirupeux que la garniture d’un pancake, les personnages sont leur propre caricature, et je t’enverrais tout ça au resto vite fait bien fait.
Pour que The Beautiful Life ait des chances de me plaire, il aurait fallu, pour synthétiser, que la série ne soit pas si visiblement affublée de la malédiction CW. On va dire que je m’acharne mais c’est vrai ! Cette malédiction qui consiste à systématiquement prendre un sujet qui permettrait de faire preuve de cynisme (à défaut de mieux) et qui finalement s’embourbe dans une contemplation maladive pour le physique des acteurs et une admiration malsaine pour leur mode de vie fastueux et irréaliste, à chaque fois, ça casse tout.
J’ai l’air de dire qu’une série sur le monde de la mode ne devrait qu’en brosser un portrait vitriolé, et c’est plus ou moins ce que je dis : beaucoup d’éléments de The Beautiful Life permettraient d’en faire une sorte d’Action! du monde du mannequinat, et j’aimerais énormément une chose pareille, même sans les répliques de Peter Dragon ce serait formidable d’en arriver déjà là, à un portrait, moins plan-plan que d’ordinaire, d’une industrie qui marche sur la tête mais en est fière. Mais au lieu de ça, The Beautiful Life fait ce que tout le monde a fait avant, « oh le mannequinat c’est beau, on porte des superbes robes de couturier et tout le monde il est tellement beau et on peut y trouver l’amuuur si on reste vrai et honnête et sincère et gentil et on se fait des amis même si des fois on est en compétition et attention aux dangers mais nous comme on est vrai et honnête et sincère et gentil on sait les éviter et même faire chanter les méchants pour gagner à la fin au nom de la mère célibataire et de l’orphelin ». Mais qui y croit encore ? A part les quelques jeunes filles qui tenteront la prochaine édition du concours Elite et reviendront pleurer dans le giron de maman pour peser plus de 45kg ? Et encore ?
On pourrait, un jour, espérer que la CW ne prenne pas les ados pour un troupeau de bœufs, qu’elle n’insulte pas leur intelligence (si, si-si, certains sont intelligents, j’en ai vu), et qu’elle dise que la gentille blonde qui vient du trou du cul de la Bible Belt ne va pas prendre Manhattan d’assault et ravir le cœur de toute la profession par son seul charme gauche, et en parallèle faire chanter des vilains photographes et déjouer les pires des complots. Ça n’existe pas, et ça ne leur arrivera pas, à ces ados. Alors tant qu’à faire une série sur le monde de la mode, autant être critique, et mordant. Si vous pensez qu’un ado ne peut pas tolérer le mauvais esprit et la critique, c’est que soit vous êtes trop vieux, soit il y a un problème avec les ados qui constituent votre audience.
Mais, parlant d’audience, je remarque que justement, le public d’une telle série ne se bouscule pas au portillon pour voir les interminables défilés sur les podiums dans des tenues vomies par un arc-en-ciel nauséeux. Les audiences de The Beautiful Life disent clairement que les ados se contrefichent complètement qu’on les enfume avec des rêves factices. Ce qui me les rend infiniment plus sympathiques, tout de suite.
Oui, The Beautiful Life fait partie de ces séries qui me mettent en colère. Toute rouge.
Une fois l’épisode fini, je me suis retrouvée dans le noir, un peu fatiguée, un peu vidée de ma sève. J’avais eu raison de regarder ça un soir de semaine, finalement. En étant crevée, j’avais l’impression de m’être mise au niveau de sollicitation intellectuelle voulu par les scénaristes. Je me sentais très lasse. Je me suis surprise à rêver d’une série qui s’appellerait The Beautiful Life parce que tout le monde serait si beautiful dedans que ça ne toucherait plus personne, et que tout le monde ne ferait attention qu’à la personnalité des gens parce que, puisque tout le monde rentre dans un Versace en 36 et fait 1m80 sans les talons aiguille, à quoi bon se soucier de l’apparence ? Un monde où étrangement les haines et les passions seraient différentes, un vrai parti-pris scénaristique, une sorte de bulle dans le monde, une envie de détourner les codes, de dire autre chose.
Là j’ai su qu’il était amplement temps de me coucher. J’ai laissé trainer mes cheveux défaits sur l’oreiller, j’ai remonté les couvertures jusque sous mon menton, j’ai caressé distraitement mon chat roulé comme un jambon à mes côtés, j’ai fermé les yeux et j’ai instantanément oublié l’existence de The Beautiful Life.
Zut, on a parlé de TBL tout l’été ? Ah oui, zut, c’est parce qu’il y a Mischa truc-muche… Hum… Non, totalement passé à côté à vrai dire (aussi parce que je l’ai voulu)… Et puis, une série sur la mode… Hum… J’ai déjà Ugly Betty pour remplir ce quota, non merci… Finalement, y’a peut-être plus de charme à lire les critiques vilipender la série…
Et hop, une série que je ne regarderais, une (ça tombe bien…)
Avec TBL on peut dire que la CW a gardé le pire pour la fin, j’ai vraiment eu du mal à aller jusqu’au bout du pilote tellement c’était navrant. Tout a fait d’accord avec ta critique, je pense aussi que la CW ne sait strictement pas s’adresser à son public, prenant les ados pour des imbéciles.
« Et ensuite, quand il s’est avéré que le personnage de Barton avait eu un bébé, et que, je dois dire, je n’avais pas trop envisagé cette possibilité » > Et en même temps il me semble que c’est suggéré au début de l’épisode parce qu’elle ne peut pas rentrer dans une robe ou un truc du genre (c’est bien connu, une fille qui prend 2 kg, c’est forcément parce qu’elle est enceinte ou l’a été il y a peu, ah cliché facile, quand tu nous tiens…^_^)
Je t’ai vue mentionner ça un peu plus tôt, mais moi vraiment j’entends parler de relâchement, de rehab, etc… mais personne ne m’a semblé faire mention à une grossesse. La prise de poids est justement attribuée à tout sauf ça. C’est vraiment une connerie entre parenthèses cette histoire, parce que ce n’est pas comme si un mannequin qui gagne sa vie avec son corps ne savait pas comment se protéger d’une grossesse qui lui fera perdre son gagne-pain au moins temporairement. J’espère sans trop y croire que la série se posera à un moment la question de « pourquoi a-t-elle tout foutu en l’air au lieu de… hm… vous savez quoi ».
Attends, quoi ? Parler de contraception ou d’avortement ? On est sur la CW, là, pas sur HBO… ^_^
C’est possible que j’ai rêvé le coup des kilos en trop au début, enfin de toute façon, ça ne change pas grand chose.
Non-non, le coup des kilos en trop n’a pas été rêvé, mais personne n’envisage la grossesse à ce moment là comme une raison possible.
Le seule truc bien avec cette série, c’est qu’elle rend 90210 un peu moins irregardable .