Prévisions : 1 pilote de 57mn = 57mn où je suis injoignable.
Réalité : le pilote de Tokyo Tower de 57mn = 72mn où je suis injoignable.
Mais ça s’explique très facilement, vous allez voir.
Tokyo Tower est l’adaptation de l’autobiographie de Lily Franky, et oui, je sais, ça ne vous dis rien, alors disons pour simplifier qu’il s’agit d’un comédien japonais, de son vrai nom Masaya Nakagawa. Ça ne vous parle pas tellement plus mais faut pas que ça m’empêche de continuer. Et en dépit de l’anonymat à vos yeux de Lily Franky, il s’avère que cette autobiographie a ému les foules au point que l’histoire soit adaptée en téléfilm, en série puis en film, on ne s’en lasse pas apparemment.
Du coup à un moment, quand on prétend regarder des fictions japonaises, il faut bien regarder celles qui ont soulevé un tel engouement, aussi, bien que l’histoire m’inspire peu, je m’y suis finalement mise.
Parce que l’histoire de Tokyo Tower, c’est un type qui a grandi à la campagne et qui part poursuivre ses études à Tokyo. Je veux pas faire mon Droopy, mais l’enthousiasme du spectateur à la lecture d’un tel pitch est forcément modéré.
Pourtant, la surprise vient du traitement. En alternant les (longs) flashbacks et les sursauts dans le présent (un présent qui se situe en 1989 quand Masaya, qui n’est pas encore Lily Franky, quitte le nid familial), Tokyo Tower remplit largement sa mission. Le portrait de ce jeune garçon, qui ressemble un peu à tous les jeunes garçons, et de sa mère, qui ressemble un peu à toutes les mères, est très fin et réussi.
Plusieurs années plus tôt, Masaya s’installait avec sa mère dans la ville natale de celle-ci, après qu’elle ait divorcé du père, un alcoolique notoire qui ne se préoccupe quasiment pas de lui. Alors petit garçon, il était timide, collé à elle en permanence, craintif et peu sociable. Aujourd’hui devenu lycéen, il ne supporte plus l’empressement de sa mère à lui donner des conseils, lui poser des questions, s’occuper de lui… Il rêve de prendre le large, de respirer.
On se reconnaît tous, quel qu’ait été le parcours, dans cet adolescent qui n’est pas certain de savoir ce qu’il veut, mais qui le veut, ça c’est sûr, sans sa mère. Mais qui en même temps, se rend bien compte de ce que sa mère fait pour lui : les deux emplois qu’elle occupe pour le nourrir, le mal qu’elle se donne pour l’aider à être à l’aise dans la vie, les multiples attentions dont elle l’entoure.
Quand plus tard dans le pilote, finalement, Masaya se résout à poser sa candidature pour une école d’art à Tokyo, avec patience et tendresse, et bien qu’on sente que ça lui brise le coeur, sa mère va l’encourager, le soutenir, puis le féliciter lorsqu’il réussit l’examen de passage.
Finalement mère et fils ont toujours une relation fusionnelle, même si Masaya voudrait s’en défaire, on sent bien que sa véhémence n’en est que l’indice le plus récent. Et la fin du pilote est à ce titre révélatrice.
Quand on regarde Tokyo Tower, on est submergé par une vague de simplicité et de tendresse dont on a peine à imaginer qu’elle soit si forte en moins d’une heure d’attachement avec une série. La réalisation est sans fioriture, m’ais d’une grande justesse. On aurait envie de se dire que la mère de Masaya réagit comme toutes les mères. L’espace d’un instant, on se rappelle des vagues similitudes entre elle et votre propre mère. On a envie de croire qu’on connait si bien ce genre de relation, qu’on est passé par là.
L’espace d’un instant, j’ai laissé de côté tous les mauvais souvenirs, et je me suis juste dit qu’il y avait quelque chose que je devais impérativement faire. J’ai essayé mes larmes et…
Prévisions : 1 pilote de 57mn = 57mn où je suis injoignable.
Réalité : le pilote de Tokyo Tower de 57mn = 72mn où je suis injoignable. Coup de téléphone à ma maman inclus.