Toute la semaine, j’ai eu l’impression de découvrir la fiction japonaise ; ça fait pourtant quelques années que j’en regarde occasionnellement, mais jamais de façon aussi intensive que ces derniers jours. Tout a commencé avec Futatsu no Spica la semaine précédente, en parallèle de l’annonce sur le lancement à l’automne du dorama Shoukoujo Seira. Et bizarrement ça a suffi à allumer la mèche.
Un bref bilan sur ce qui a suivi :
– 11 épisodes de 14 Sai no Haha
– 4 épisodes d’Aishiteru ~Kayou~
– 3 épisodes de Kaze no Garden
– 1 rediff de 1 Rittoru no Namida
– 1 pilote pour At Home Dad
– 1 pilote pour Oniyome Nikki
– 1 pilote pour Mei-chan no Shitsuji
– 1 pilote pour Seigi no Mikata
– 1 pilote pour Maid Deka
– 1 pilote pour Kimi wa Pet
– 1 pilote pour Ryoukiteki na Kanojo
– 1 pilote pour Tokyo Friends
L’heure est donc à l’accalmie, du moins juste le temps de prendre un peu de recul.
La fiction nippone soutient-elle la comparaison avec sa consœur américaine ?
On est tenté de se poser la question, parce que de toutes façons, la comparaison, on la fait inévitablement. Sur des aspects techniques mais aussi scénaristiques, sans compter le jeu des acteurs.
Concernant la comédie, le Japon déçoit puisque les siennes ne tirent parti que de grosses ficelles, appuyées par une musique caricaturale (on arguera que ça remplace les rires forcés du public et/ou enregistrés). On est dans un comique de situation reposant souvent sur un jeu physique déluré, plutôt que sur des saillies brillantes.
Concernant les séries que j’ai envie de qualifier d’intervention (policier, médical), on reste beaucoup plus dans les sentiers battus, et c’est alors à double tranchant de constater à quel point les deux pays œuvrent sur le même registre, je pense notamment à Code Blue et BOSS. Parfois ces séries se mâtinent-elles d’aspects empruntés, pourrait-on dire, au séries sentai et à l’animation, auquel cas elles deviennent plus typiquement japonaises (à leurs risques et périls car il s’agit de genres eux aussi particuliers).
Concernant les séries dramatiques, c’est plus compliqué. Les dorama dramatiques japonais ne font pas les choses à moitié, quitte, il est vrai, à verser intégralement dans le pathos, sans laisser au spectateur le répit d’une série américaine, qui a tendance à ménager des espaces plus légers, en quête d’un équilibre. Mais globalement, dans son exploration de l’âme humaine, le dorama est tout de même plus impressionnant, et tient la dragée haute à son homologue américain. Il s’en dégage une sensibilité presque pas feinte, souvent perdue chez la concurrence US qui est légèrement plus superficielle dans son approche. Le regard nippon est plus pertinent, plus nuancé sur l’être humain ; il permet de mettre véritablement les personnages au cœur de l’intrigue, et non de décliner l’intrigue autour des personnages, ce qui représente une énorme différence. Une spécificité due à leur structure, également, le leur permet : les rebondissements n’ont pas besoin d’être inventés afin de perdurer le show ; se concentrant sur une histoire relativement courte, en l’épuisant et en la laissant mourir une fois que c’est fait, on n’a pas besoin de surenchère dans les intrigues. Voilà qui permet d’éviter de se perdre, et laisse la priorité à la pertinence sur le divertissement. Sur les thèmes abordés, on a le sentiment que la diversité est tout de même plus facilement portée par la série américaine (reflet d’une société probablement). Si les pitches japonais apportent du changement à ce que l’Occident nous offre en général, entre elles, les séries nippones conservent de nombreux points communs, dont la caractéristique est de rester très proche du vécu de ses spectateurs ; on ne s’y offre que rarement des destins incroyables (polygame), des vocations spectaculaires (intervenant auprès d’alcooliques et drogués), des univers inconnus (prison), on est dans le réel, un réel que tout le monde peut appréhender. Le respect souvent trop strict, ou en tous cas récurrent, d’un certain nombre de codes, ne se retrouve pas autant aux Etats-Unis, où on s’est affranchi d’un certain nombre d’entre eux (y rendant le stéréotype plus condamnable encore, cela dit).
La question sous-jacente, c’est de savoir si un spectateur occidental, a priori habitué aux séries américaines, peut tenter le défi de regarder un dorama nippon et de s’en éprendre. Ce ne sera probablement réservé qu’à des téléphages capables d’entrer dans une culture différente, et une culture télévisuelle différente. Je pense cependant que les vrais téléphages (par opposition au spectateur dont ce n’est pas la passion) ont déjà cette compétence en eux, celle de s’imprégner d’un univers différent et s’y adapter. Il n’y a pas de raison pour qu’un téléphage passionné ne trouve pas au moins un dorama à son goût.
C’est aussi la raison pour laquelle j’ai envoyé tant de fiches de séries nippones à SeriesLive ces derniers temps : il ne faut pas opérer de scission inutile entre les fictions de ces deux pays. La différence se fait par la diffusion, c’est évident, puisqu’il est plus facile de voir une série américaine, soit à la télé soit par voie de cagoulage (que la langue rend également plus accessible), mais pour le reste, j’aimerais vraiment que le web téléphagique comprenne que le dorama n’est pas un parent pauvre à snober. Donc à mon échelle…
J’invite donc tous les amateurs de séries qui ne sont pas habitués aux fictions japonaises à regarder le pilote de 14 Sai no Haha ou Aishiteru, pour ne citer qu’eux, et à venir me dire sincèrement ce qu’ils en ont pensé. Je suis sûre que ces séries-là dépassent largement le clivage habituel entre les amateurs de culture nippone et les autres.
C’est ça aussi, l’intérêt d’avoir deux écrans !
Après la Jpop…
Je m’étonne presque qu’on ne trouve aucun Jdrama en France. Le Japon est on ne peut plus à la mode chez nous, avec tous les avantages et les inconvénients que ça implique, la Jpop s’exporte de mieux en mieux, les drama rencontrent de plus en plus de fans…
Personnellement, je ne recherche pas la même chose dans un drama que dans une série US. Je cherche à être bien, à trouver une ambiance plaisante et des personnages attachants, le tout évoluant au cours d’une histoire qui devient de plus en plus passionnante au fil de la dizaine d’épisodes. Mais j’ai bien du mal à définir exactement pourquoi je suis tant attiré par les drama mis à part ce que je viens de dire, et bien entendu le fait que ce soient des produits japonais, qui montrent énormément d’aspects de leur culture. Cependant je suis d’accord aussi avec ton analyse.
Je me rappelle qu’à la naissance de Nolife, il y avait de l’espoir pour les dorama mais qui a été assez vite tué dans l’œuf parce que la rédaction de la chaîne se rendait bien compte que c’était s’embarquer dans un combat supplémentaire (droits, sous-titrage, quotas de diffusion FR, etc…). Mais je n’en finis pas de m’étonner qu’aucune chaîne ne se pique d’en diffuser, même à des horaires déments et en petites quantités, alors que ce serait quand même plus original que de rediffuser Karine & Ari ou Jamais deux sans toi…t en nocturne ! Tu verras quand j’aurai ma chaîne de télé. Ahem.
Moi qui avait commencé à plus ou moins te poser la question, j’aurais du passer ici avant. Je m’en vais aller regarder les deux dernières que tu as cité et reviendrais donner mon avis ensuite.
Mon dieu, tant de séries commencées… Et pas terminées… Je crois que pour les doramas, encore plus que les séries « occidentales », vu leur courteur, je ne peux pas juste regarder un épisode… ^_^; Je sais que si calvaire il y a, c’est limité.
Quant à ce qui est de faire la comparaison, il est certain qu’on cherchera à la faire, mais je pense aussi qu’à un moment donné la démarche est aussi de trouver autre chose que ce qui est proposé ailleurs. Les dramas c’est bon, mais c’est différent des séries occidentales (enfin américaines, françaises, anglaises, canadiennes et tutti quanti quoi), c’est une autre façon d’aborder les choses, de jouer, de filmer.
Quant à ce qui est de la diversité, c’est vrai qu’on patauge toujours un peu dans le même environnement, ce qui est fait aussi que je dois avoir besoin de souffler un peu entre deux doses de dramas parfois…