Celui qui promène son chien est au bout de la laisse

13 août 2009 à 21:32

Êtes-vous plutôt chien, ou plutôt chat ?
Bon, personnellement, plutôt chat. J’en ai deux, j’en catsitte actuellement 5 autres, oui, on peut dire plutôt chat. D’une façon générale je trouve les chiens trop simples, et pas assez indépendants, ils sont incapables de vivre leur vie, ce qui les rend dénués de personnalité à mes yeux. Toujours collés à vos basques, il quémandent de l’attention en permanence et ça m’irrite. Les petits chiens, en particulier, m’insupportent. J’ai envie de m’en faire des chaussons. Les plus gros, hm, faut voir. Par exemple, un bon gros bouvier bernois de la taille d’un veau, c’est jouable ; j’imagine qu’une bête aussi robuste doit apprécier d’avoir son espace. Je n’aimerais pas qu’une grosse bestiole comme ça soit sans arrêt dans mon ombre, à ne vivre que par moi.

Évidemment, si je parle de nos amis à quatre pattes, ce n’est pas juste pour vous faire la conversation mais parce qu’aujourd’hui, la série dont je vais vous parler parle aussi d’animal domestique. J’en avais pas mal entendu parler jusqu’à présent, et à la faveur d’une fringale de dorama qui ne vous aura pas échappé, j’ai finalement résolu de lui donner sa chance : Kimi wa Pet.

Son héroïne Sumire est un personnage assez atypique dans les fictions nippones : elle n’est pas vraiment douce et attentionnée, se montre aussi aimable qu’une porte de prison (et les prisons japonaises…), est carriériste, fortement indépendante, et assez froide d’une façon générale. C’est une chance qu’elle soit belle… enfin, même pas, parce que du coup on le lui reproche. J’y reviendrai.
Sumire vient de se séparer avec celui qui était son petit ami depuis deux ans et demi, car celui-ci, se sentant inférieur, avait fini par la tromper avec une jeune fille illustrant plus classiquement le fantasme de la charmante petite amie japonaise. Qu’il a mise en cloques, en plus. Et si en amour, ça ne va pas fort, au travail ce n’est pas la panacée non plus, son tempérament y suscitant la jalousie et/ou la méfiance.

Pourtant, Sumire fait la rencontre impromptue d’un étrange jeune homme qu’elle secourt. Celui-ci s’avère être tout son contraire : très souriant, exagérément chaleureux, attentionné et avide d’attention. Comme il refuse de partir de chez elle depuis qu’elle l’a aidé, elle accepte qu’il reste un peu, à la condition qu’il devienne son animal de compagnie. En effet, la dernière fois qu’elle a pleuré, c’était à la mort de son chien Momo quand elle était plus jeune, et celui-ci n’a cessé de lui manquer.
Un pacte bien étrange, on est d’accord.

Et pourtant il accepte. Devenu Momo, le jeune homme devient donc son animal de compagnie. Mais alors, vraiment : il se fait gratter derrière les oreilles, il demande à être promené…

Derrière le pitch en apparence potache se trouve une série étrange. Le jeu de rôle prend étonnamment bien entre les deux personnages, à un tel point que de notre côté de l’écran, on a tendance à trouver ça un peu malsain. Elle doit lui préparer sa gamelle, il lui fait la fête quand elle rentre… ce qui aurait pu être un jeu innocent se met à ressembler à un jeu de rôles sexuel, une sorte de relation dominant/dominé (mais Lady Heather dirait que le dominé n’est pas celui qu’on croit), et si elle lui achète une laisse dans le prochain épisode, on aura officiellement basculé dans le SM.

Au-delà de cet échange plus que singulier, ce que Kimi wa Pet offre aussi, c’est le portrait d’un personnage sortant très largement des sentiers battus. A travers le tempérament de Sumire, c’est un côté pas très reluisant de la société japonaise qu’on (re)découvre : belle, intelligente, compétente, indépendante, et ne s’embarrassant pas des codes de la soumission qui sont d’usage pour les femmes d’ordinaire, Sumire est méprisée sur son lieu de travail. Si d’un point de vue occidental au moins, on a tendance à considérer qu’elle devrait inspirer de l’admiration à ses collègues féminines, ce sont au contraire elles qui admettent le moins facilement qu’elle sacrifie si peu à ce que l’on attend d’une femme. Côté hommes, ce n’est pas forcément mieux (mais plus variable), son patron l’ayant rétrogradée parce qu’elle ne s’est pas laissée faire lorsqu’il a voulu la tripoter, et son nouveau chef n’ayant que mépris pour les femmes trop compétentes qui ont l’audace de lui répondre avec trop d’intelligence. Personne ne supporte son tempérament indépendant et assuré… Et comme ces mêmes traits de caractère l’empêchent de faire perdurer ses relations, et donc de se marier, c’est quasiment une circonstance aggravante.
Ce portrait de la société japonaise (qu’on aime parfois à imaginer strictement similaire à la nôtre simplement parce qu’on vit dans le même monde technologique) est un rappel intéressant des batailles qui attendent encore les femmes, et d’ailleurs pas forcément qu’au Japon, le plafond de verre étant encore une réalité dans de nombreux pays. S’il est vrai que son apparence insensible la rend peu avenante, il est pourtant évident que Sumire a bon fond, elle s’est juste blindée et on aurait envie de dire que c’est son droit, et que si elle réussit sa carrière sans se laisser marcher sur les pieds, c’est tout à son honneur. Eh bien non. Femme, courbe la tête.

Kimi wa Pet offre donc, en plus d’une comédie légère, un vrai questionnement sur ce que peuvent être, de nos jours, la soumission et la domination. Hélas, au vu des éléments que le spectateur a en main à la fin du pilote, le propos risque de n’être pas spécialement révolutionnaire : il semble assez évident (mais j’aimerais me tromper) que l’objectif de la présence de Momo aux côtés de Sumire soit de la rendre à nouveau joviale et « vivante », pour qu’elle puisse tomber amoureuse de la bonne personne, enfin. La morale que je vois au bout de cette histoire ne me rassure pas tellement, je dois dire. Mais enfin, Kimi wa Pet a le mérite, et c’est déjà ça, de poser les questions qui fâchent, quitte à y répondre en fâchant aussi.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Nakayomi dit :

    J’avais lu le premier chapitre du manga (offert dans je ne sais plus quel magazine ou peut-être avec l’achat d’un autre manga) et ça ne m’avait pas déplu, ni poussé à acheter. Du coup, j’ai le drama sur ma liste depuis un moment (et même en stock à vrai dire), donc j’y jetterai sûrement un coup d’oeil un jour (au fameux instant X…).

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