Avec un peu d’obstination, quelques outils techniques et beaucoup de patience, j’ai fini par voir Aishiteru ~Kaiyou~, une série dont le pitch m’obsédait depuis des semaines, et plus important encore, voir le pilote avec une traduction. En général, quand un pitch est aussi appétissant, la série aussi difficile à trouver, et l’effort long et douloureux, on finit par s’apercevoir que ça n’en valait pas du tout la peine. Aishiteru ~Kaiyou~ est l’exception qui confirme la règle.
Je rappelle pour ceux qui ont la flemme de cliquer sur les tags (mais à leur place je ne m’en vanterais pas) que ce dorama, sorti ce printemps au Japon, suit la vie de deux familles qui doivent surmonter une terrible épreuve : le petit garçon de l’une a tué le petit garçon de l’autre. Inutile de vous dire qu’une histoire comme cella-là ne laisse aucune place à l’échec. Et il n’y en aura justement pas, autant tout de suite annoncer la couleur.
Si l’introduction du pilote, une fois de plus, sacrifie à un certain conventionnalisme dans la présentation des faits (c’est dommage, mais éphémère), le reste se montre d’une incroyable justesse. En toute honnêteté, je recommande tout simplement de zapper cette intro, elle n’apporte rien à personne. Je sais que normalement ça ne se fait pas, et d’ailleurs je ne dis pas ça souvent, mais ce serait certainement salvateur (un peu comme pour celle de The Quiz Show – il y aurait de toutes façons long à dire du pénible effet de flashback qu’utilisent de nombreuses séries de part et d’autre du Pacifique), vu que l’effet des passages suivants s’en trouve un peu amoindrit. Mais enfin bref, que vous commenciez par le prologue ou non, ce à quoi vous allez être confronté, c’est à deux vies épouvantablement normales.
On se lève, on fait partir les enfants à l’école, les parents partagent la lourde tâche d’éduquer et subvenir aux besoins du foyer, ont leurs amis, leur famille… tout est normal. Tout se passe comme n’importe où ailleurs. Les enfants sont adorables mais causent du soucis, les mamans sont gentilles et un peu possessives, les papas sont stoïques et un peu en retrait… Ce n’est pas parfait, c’est juste normal.
Et puis l’horrible se produit. L’un des petits garçons disparait. Et le pire c’est qu’il disparait de façon atrocement anodine. La maman s’inquiète. Les parents s’inquiètent. La famille s’inquiète. Et puis à un moment la police s’inquiète. Jusqu’à ce qu’on retrouve le petit corps plein de sang. C’est atroce, mais ça arrive. Le drame est entré dans l’une des familles et n’en ressortira plus. La soeur fait une crise de nerfs. La mère se sent coupable. Le père tente de tenir bon. La police est désemparée devant la douleur de la famille. Que voulez-vous dire ? Que voulez-vous faire ? De toutes façons, sans un mot, la mère a tout compris.
Les adultes s’inquiètent. On cherche le meurtrier d’un petit garçon. On emmène soi-même les enfants à l’école, on les incite à plus de prudence, on a le cœur serré lorsqu’ils sortent de la maison. Vous avez entendu parler du meurtre ? Il y a un monstre dehors, vous vous rendez compte ? Il faut trouver l’auteur d’un crime aussi odieux, pensez donc, un petit gosse de 7 ans… Heureusement qu’on a encore nos enfants, nous.
Et puis il s’avère, mais personne n’ose y croire, que le dernier à avoir vu la victime, c’est un autre petit garçon, qui n’a aucun mal à avouer ni à donner, résigné mais étonnamment lucide, l’emplacement des preuves qui peuvent l’incriminer. Il ne fait aucun doute que ce petit garçon est le tueur. Mais personne n’arrive à l’accepter.
La police semble hésiter à vraiment enclencher la procédure (l’interrogatoire est reporté sans problème). Les parents du petit tueur de 10 ans sont démunis. Ce ne peut pas être lui, dit la mère, c’est un bon garçon, ce n’est pas possible. C’est de ta faute, tu ne l’as pas assez surveillé, dit le père, on aurait mieux fait de ne pas l’avoir. C’est juste inconcevable pour les adultes. Un petit garçon vient de saboter toutes leurs certitudes.
Pourquoi a-t-il tué ce petit garçon ? La question n’est même pas là. Tous ces adultes habitués à voir les enfants comme l’innocence-même, à envisager que tout l’univers peut se ranger dans des petites boîtes bien propres, ne parviennent même pas à réfléchir aussi loin.
Chacune de ces scènes pleines de silences, de sous-entendus, de larmes, est d’une perfection assez incroyable. Tout le monde est désorienté à propos de ce meurtre, pour ce qu’il représente de totalement inconcevable. Le principe de réalité a pourtant bel et bien rattrapé la proprette petite société japonaise qui se plaît à vivre dans des maisons aux parquets cirés en pensant que ça les protège de l’indicible.
Sauf que ne pas mettre de mots sur le mal ne l’empêche pas de se produire.
Vous l’avez compris, je suis tombée sous le charme terrible de Aishiteru ~Kaiyou~, et j’ai hâte de voir la suite de cette autre exploration de l’inconnu. A côté, les astronautes de la semaine dernière, c’étaient des rigolos.
Même si les drama familiaux doivent être les plus nombreux, celui-ci semble vraiment se détacher du lot par la gravité de son intrigue ! Enfin autre chose que les éternels problèmes relationnels. J’ai hâte de voir le casting et la mise en scène.
rittoru no namida restera la série la plus déprimante, Aishiteru est triste mais pas déprimante, on est beaucoup plus dans la réflexion.
Et surtout la construction est très différente, puisque dans no namida, on a un progression lente de la maladie tout au long de la saison. Alors que pour aishiteru le drame arrive dès le début et tout le reste de la saison, on s’intéresse à la reconstruction des 2 familles après le drame. c’est beaucoup plus positif.