Le weekend dernier, après notre twitereview de Dark Blue, je regardais Monk et je me faisais la réflexion que cette est série est vraiment la dernière représentante d’une race depuis longtemps disparue. Quand je regarde Monk, j’ai en effet l’impression de regarder une séries des années 80. Dans le bon sens du terme.
Car même si je ne suis pas une adepte du passéisme, je dois bien reconnaître que certaines séries ont totalement disparu du paysage. Alors que, d’une quasi-unanimité, nous reconnaissons que la rentrée nous réserve un nombre très limité de pitchs originaux, envahis que nous serons par les flics et les médecins, il y a certaines pistes qui me semblent être totalement écartées par les chaînes américaines. D’une certaine façon, et pour quelques temps encore en attendant que l’industrie reprenne ses repères, la diversité est en danger. Tout le monde (surtout chez les networks) veut avoir dans sa grille ce qui fonctionne dans celle des autres, au lieu de participer aux vaste choix télévisuel et vivre de la différence.
Mais, pardon : j’en étais à Monk. C’est vraiment dit sans malice, hein, mais cette série a un côté très anachronique à mes yeux. Déjà de par son personnage principal : alors que tout le monde s’est mis à l’anti-héros (au point que maintenant c’est devenu la norme, quelle ironie), Adrian Monk reste indéfectiblement bon. C’est un type fondamentalement bien, dénué de toute forme de vice. D’ailleurs, rendre un personnage humain, avec donc des qualités tant que des défauts, sans y inclure une once de vice, relevait de la gageure. On n’en écrit plus des comme ça.
Adrian Monk et par exemple Jessica Fletcher ont énormément en commun, en cela qu’ils ont toujours des intentions honnêtes, mais leur personnalité leur donne une dimension plus réaliste qui peut se révéler être une qualité ou un défaut selon le degré, comme les TOC de Monk ou les tendances petite mémé de Fletcher. Evidemment, les deux séries partagent leur côté « énigme hebdomadaire », leur ton assez léger, mais aussi un univers peuplé de personnages secondaires de bons petits personnages corrects sous tous rapports, sans jamais tomber dans la niaiserie, bref, à presque deux décennies d’écart, tous les deux sont de délicieuses adaptations du Club des 5 pour les adultes. A l’époque d’Arabesque, c’était fréquent, à l’époque de Monk plus du tout, et c’est ce qui me fait dire que le charme de Monk lui donne une touche totalement hors du temps.
A l’heure où on en rajoute toujours des tonnes dans les effets spéciaux, les lumières, et plus pénible encore si c’était possible, les intrigues censées captiver le public (« ohlala on va peut-être suspendre un gars de mon équipe »/ »je suis constamment en conflit avec ma hiérarchie »/ »j’ai des ennuis de santé qui compromettent gravement ma carrière » etc.), Monk fait fi de tout artifice quel qu’il soit, et offre exactement ce qui est promis : la résolution de mystères avec un brin d’humour et un autre de tendresse. Il n’y a pas que les personnages pour être honnêtes, la série l’est aussi. On n’y est pas bouffi d’orgueil, on ne cherche pas à ranimer cycliquement l’intérêt du spectateur avec des intrigues tirées par les cheveux pour faire semblant d’être feuilletonnant alors qu’on n’a jamais eu envie de l’être. On a une mythologie, on la ressort à l’occasion, mais on ne vient pas en greffer plein d’autres juste histoire de combler les blancs des scénarios.
Monk, c’est la dernière licorne, et parfois on se surprend à rêver que la baie de San Francisco soit envahie par ses congénères qu’on croyait éteints, libérés de leur geôlier, et que d’autres séries sur le même ton reviennent à l’antenne, tant qu’à avoir des enquêtes à la télévision 10h par semaine, autant qu’y trouve aussi pareils délices. Que l’écume de l’océan fasse venir une vague de séries au charme simple, mais refusant d’être simplistes !
D’ailleurs, je ne sais pas si je suis la seule à y penser, mais d’autres types de séries ont disparu des écrans, plus ou moins récemment. Nul ne sait ce qu’il en est advenu.
– les westerns (The High Chaparral, Bonanza…)
– les séries d’aventures avec des animaux (Rintintin, Flipper…)
– les séries d’espionnage (I, Spy, The Man From U.N.C.L.E…)
– les séries d’action avec de la grosse mécanique (Supercopter, Tonnerre Mécanique…)
Si je peux reconnaître que la mode à proprement parler de ce type de séries soit une question d’époque aussi, je déplore tout de même que d’une part, ces genres soient totalement moribonds depuis quelques années, voire quelques décennies, et que d’autre part, personne n’ait eu l’idée de les réexplorer, les réinventer, les revisiter.
Pourtant c’est ça qui fait aussi le charme de Monk : qu’il ait su réutiliser la résolution d’énigmes (ce qui n’est pas tout-à-fait la même chose que la résolution d’enquêtes) sans être terriblement hors du coup. Si Monk a su le faire pour un genre donné, où se cachent donc les séries qui pourraient le faire pour d’autres genres ? Il y a, j’en suis sûre, des spectateurs prêts à regarder ces séries-là aussi, des spectateurs prêts à varier un peu leur menu télévisuel.
Hélas, l’industrie mainstream n’a pas le courage de combattre le taureau de feu en ce moment. C’est pourtant quelque chose qui pourrait la sauver avant qu’elle n’oublie qui elle est…
– « les séries d’aventures avec des animaux (Rintintin, Flipper…) » : H2O !! (Bah !)
– « les séries d’espionnage (I, Spy, The Man From U.N.C.L.E…) » : Chuck (ah si, si, y’a de l’espionnage dedans)
– « les séries d’action avec de la grosse mécanique (Supercopter, Tonnerre Mécanique…) » : Le Retour de K2000 !
Si je suis le premier nostalgique des séries policières à l’ancienne (type Arabesque justement -bizarrement, ce que j’ai vu de Monk ne m’a pas tellement accroché-), pour les autres styles, c’est vrai que ça ne m’est pas trop venu à l’idée… Faut dire que j’étais pas spécialement plus fan que ça en fait. Mais ça reviendra bien un jour ou l’autre, c’est par cycle…