Leap of faith

25 juin 2009 à 22:51

La plupart du temps je vous parle ici des séries que je découvre, de ce qu’elles me font ressentir et de ce que j’en pense. Et la plupart du temps c’est assez simple à cerner pour moi. J’ai aimé telle série pour ce qu’elle m’a évoqué, pour ce qu’elle m’a fait ressentir, pour ce à quoi elle m’a fait réfléchir. En apparence les choses semblent plutôt claires. Même quand une série décide de se préoccuper d’un thème en apparence un peu sérieux ou sujet à polémique, je finis par avoir mon avis sur la question. Il vaut ce qu’il vaut, mais c’est le mien. Et la plupart du temps je n’ai aucune difficulté à vous en parler pendant des longues lignes, les posts de ces derniers jours en attestent.

Et puis, il y a les autres fois. Ces fois où on a la tête qui tourne. Parce que c’est tellement plus que de la télé, mais il faut se souvenir que ce n’est que de la télé.

Je pourrais vous raconter ce que j’ai vécu devant The Philantropist, mais sincèrement, si vous lisiez pareil texte pour connaître mon avis sur la série, vous n’en sortiriez pas plus avancé, en ayant lu pourtant une littérature de plusieurs dizaines de milliers de caractères (au bas mot).

Le problème de The Philantropist, c’est qu’elle est clairement à part. Non seulement elle ne sacrifie pas aux canons télévisuels du moment, mais en plus, elle touche à un sujet d’autant plus sensible que rares sont les occidentaux qui en ont un point de vue complet.
Parce que, dans le fond, qu’est-ce que je connais de l’Afrique, moi ? Je suis une blanche, j’ai grandi en France, je n’ai jamais quitté mon continent, tout ce que je sais, on me l’a rapporté d’une façon ou d’une autre, par des livres, des articles, des fictions, mais je n’en ai aucune connaissance bien à moi. Je me posais déjà la questions devant The No. 1 Ladies’ Detective Agency, si vous vous souvenez. Comment serais-je capable de dissocier le stéréotype de la réalité ? Comment serais-je capable de me construire une échelle de valeurs qui me permettrait, même si ça semble tout bête, de dire de The Philantropist que c’est une série sur le mythe de l’homme blanc, ou la prise de conscience d’un homme qui par commodité scénaristique a les moyens de faire son pèlerinage, ou une série pleine de bonnes intentions, ou une stigmatisation d’une Afrique forcément affaiblie, ou quoi, ou qu’est-ce ?

J’ai passé tout le pilote à passer d’une de ces possibilités à une autre. Est-ce trop « bien pensant », ce thème du riche qui veut donner de lui aux nécessiteux du Tiers-Monde ? Est-ce un effort louable qui s’inscrit dans la foulée de l’arc africain d’Urgences pour ouvrir le spectateur à autre chose que son nombril ? Est-ce une façon de nous emmener ailleurs le temps d’un été, tout le monde prend son sac de couchage, rendez-vous devant NBC pour partir en randonnée ? Je ne sais pas, je n’en sais rien, je n’ai pas les outils pour le dire.

Les ralentis, too much ou nécessaires ? Le background du personnage principal, une facilité ou un indispensable pour comprendre sa démarche ? Les politiciens corrompus, un poncif de plus ou une réalité qu’on n’ose pas assez montrer ?
L’arrivée finale au village, un grand moment de niaiserie télévisuelle, ou une apothéose ?

Ca dépendra, j’imagine, de votre regard. Le cynique n’y verra que grandiloquence inutile. Moi, j’ai finalement laissé l’empathie l’emporter.
C’était un combat contre moi-même et je ne savais pas qui je voulais voir gagner, mais au final, cette quête humaine, je pense que j’avais envie de la prendre comme quelque chose de positif, une expérience que j’avais envie de faire semblant de partager pendant 44 minutes, le rêve de m’ouvrir au monde au moins un peu, même à travers une vision déformée de ce bout de planète, j’avais envie qu’on m’emmène et qu’on me fasse tenter le coup. Je veux y croire, quelque part. J’ai envie qu’on m’emmène en Afrique et qu’on me fasse oublier mes problèmes de riche. J’ai envie qu’on m’ouvre à autre chose, même si c’est par le biais d’une fiction qui emploie des ficelles trop visibles à l’œil nu. J’ai envie qu’on m’apporte quelque chose qu’on ne m’avait pas apporté avant, et ça vaut ce que ça vaut, mais c’est toujours bon à prendre.

Ce que je pense de The Philantropist ? Ah… tout et rien, en fait. Je ne saurais même pas vraiment vous dire si j’ai aimé ! Je ne sais pas encore non plus si j’y reviendrai. Mais j’avais, peut-être, dans le fond, besoin de regarder ce pilote tout de même. C’est aussi confus pour moi que dans ce post, si ça peut vous consoler. Je ne m’explique pas vraiment ce qui s’est passé, ce que j’ai vu, mais…
C’est juste une histoire de foi, dans le fond.

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2 commentaires

  1. freescully dit :

    Moi aussi c’est un sentiment partagé que j’ai eu devant ce pilote, mais je crois que c’est plutôt le cynisme qui l’a emporté chez moi… J’y reviendrai sûrement au moins pour voir si les autres histoires sont différentes, si le scénario s’affine un peu, mais peut-être pas cet été.

  2. maxwell dit :

    Etre et avoir

    Le pilote aurait mérité un double épisode car j’ai trouvé la plongée dans le « pèlerinage » un peu rapide.

    Malgré les grosses ficelles, le personnage m’apparait sympathique et les images sont superbes mais j’ai de gros doutes sur la suite. A moins de mettre l’accent sur le côté ésotérique, à la Rescue Me, cela risque vite de devenir répétitif.

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