La raison pour laquelle je me suis lancée dans le visionnage de cette série reste mystérieuse pour moi. Masochisme, à tous les coups. Ce n’était en tous cas pas une question de sentimentalisme puisque je ne me rappelle pas l’avoir vue durant mes jeunes années. Ou alors… j’ai occulté ; le cerveau humain est résolument une chose formidable ! Bref. Je me suis néanmoins lancée dans le pilote de Perfect Strangers, connue (ou à peu près) sous nos latitudes comme Larry et Balki.
Ce seul préambule devrait normalement vous laisser imaginer sans trop de risque ce qui vous attend dans ce post, mais les plus courageux d’entre vous tiendront bon et liront tout.
Pour les incultes, dans le fond (c’est pas grave, on va arranger ça), rappelons que Larry et Balki est un sitcom des années 80 sur le principe usé jusqu’à la corde des deux personnages que tout oppose, mais que les scénaristes ont quand même décidé de mettre à la colle, et ce bien que cela aille à l’encontre de toute logique. Mais si un scénariste était logique, il deviendrait dictateur, pas scénariste. On y reviendra.
Le générique (qui vous sera livré au prochain post, finissez d’abord vos légumes) présente d’ailleurs très bien la situation. D’une part, on a Larry (mais absolument), qui vient d’une famille américaine typique, et s’en va vivre tout seul dans la grande ville de chicago. Toute une aventure en soi, on a vu des séries basées sur ce seul principe après tout. Notre brave gars s’est donc trouvé un boulot, un appart, enfin tout le confort d’une petite vie tranquille qu’on aurait presqu’envie de qualifier de normale. C’est donc là qu’intervient son comparse, j’ai nommé Balki (vous aviez deviné ? vous êtes fort !) qui a grandi en Europe dans une famille de bouseux typiques, et s’en va donc vivre sa vie dans le pays où tout est possible (même tenir un accent improbable pendant 8 saisons). Pour lui c’est évidemment la grande aventure car, comme chacun sait, l’Europe, c’est le Tiers Monde, les charrettes à fumier en prime. Eh oui, bienvenue dans les années 80 : le propos sous-jacent, à peine dissimulé, est de tirer à vue sur le communisme, et reprendre le mythe américain au pied de la lettre (c’est tout juste si Balki a vu un téléphone, le pauvre, il ne vivait la « vraie vie » que via la pop culture…).
La bonne idée dans tout ce fatras, ça reste la personnalité de nos deux protagonistes. Larry est à première vue blasé, mais c’est surtout un grand introverti. Balki à l’inverse est expansif et émerveillé en permanence (par les gratte-ciel, les voitures, la chasse d’eau, etc… j’exagère mais à peine). Heureusement que les personnages se présentent ainsi, car dans le cas contraire (l’américain sûr de lui donc arrogant, et l’immigré totalement largué donc inadapté à la vie moderne), la série aurait été absolument invivable.
Comme ici, les deux personnages ont leur part d’humilité, la comédie gentillette (mais sans génie) ne vire pas à la propagande de mauvais goût. Les deux cousins ont au contraire tôt fait de bâtir une relation plutôt adorable, où Larry, bien que pas toujours avenant, est bien forcé d’admettre que le cousin éloigné qui a posé ses valises chez lui a importé de nombreux bons côtés à son existence.
La force de Larry et Balki, c’est en effet Balki, et plus particulièrement son interprète (que les habitués des 20h de M6 dans les années 90 connaissent bien pour l’avoir vu à l’oeuvre dans Notre Belle Famille), j’ai nommé Bronson Pinchot. Alias le maître des accents pourris. C’est pourri, mais ironiquement c’est ce qui fait le charme de son personnage, et par extension de la série.
C’est tout de même vous en dire long sur le fait que ça tient à peu de choses.
Alors bon, là, comme ça, tout de suite, vous vous dites : « eh bah je sais déjà pourquoi je vais pas regarder ! ». Et d’un côté c’est vrai. Et de l’autre, c’est dommage. Allez, tentez quand même.
Et pourquoi pas ? J’ai du mal à imaginer que ce concept puisse tenir huit saisons mais j’imagine qu’au moins la rencontre entre les deux personnages doit être assez drôle.