J’avais déjà eu l’occasion de vous le dire, à l’occasion de Brooklyn South je crois, mais si la flicaille actuelle me sort par à peu près trous les orifices naturels depuis plusieurs années, avec ses experts en expertise et ses enquêteurs à l’intuition démesurée, je suis une amoureuse de l’uniforme. J’ai cependant mis beaucoup de temps à y venir. J’avais une sorte de conflit d’intérêt avec l’univers de la police pendant longtemps, puisqu’il s’agissait de la profession de mon père, et que j’ai souvent eu l’impression de faire ce métier autant que lui. Mais forcez une gamine à regarder des documentaires sur la vie de poulet, et cela remontera tôt ou tard : entre deux flics, ma préférence ira toujours à celui qui porte l’uniforme.
Les mains dans le cambouis, les deux pieds dans la merde jusqu’au genou, et le regard qui ne sera jamais plus tout-à-fait le même… il est là, mon policier. C’est celui qui sert et qui protège, pas qui érige la vérité comme la solution à tout. Les policiers en uniforme savent que la vérité, ça n’existe de toutes façons pas. Il n’y a que la Justice qui existe, et c’est un animal rare qu’on chasse toute sa vie dans les rues…
Quand ce soir, sur un coup de blues et une intuition, j’ai décidé d’enfin tenter Southland, je me suis dit : voilà, c’est de ça dont je parle. Merci à NBC d’avoir écouté.
Convaincue depuis des années que c’est là l’intérêt du métier de policier, je retrouve un peu foi en ce genre dont on nous a pourtant gavés ces dernières années. Le policier, c’est celui qui souffre en première ligne des maux de la société qui l’emploie et souvent le méprise. C’est celui qui, parce que tous les jours il est mis face à ce qu’il y a de plus bas ou bestial en chacun, a l’impression de se salir et se compromettre, alors qu’il compte peut-être parmi les plus humains d’entre nous. C’est celui qui hésite entre faire taire son âme et la libérer, et ne sait ce qui est pire. C’est celui qui s’étouffe au nom de la Justice des autres.
Une seule chose me chiffonne avec Southland : que tout le monde hurle au génie alors que la série, en soi, n’apporte pas grand’chose de nouveau. Le vieux de la vieille, le rookie, la nana… tout les stéréotypes sont là. Les thématiques n’ont hélas (pour les protagonistes, pas pour nous) pas changé depuis les constats pessimistes de The Wire ou The Shield, et la réalisation n’est pas tellement différente non plus, on sent même un peu l’héritage des premières saisons de New York 911 (ce qui est logique), elle est toute en nerfs, rapiéçant des photographies fugaces mais nettes du métier et des hommes qui le pratiquent.
Southland n’est pas révolutionnaire. Mais ça ne l’empêche pas d’être puissante et de toucher son but.
Je n’avais sincèrement pas prévu de regarder plus que le pilote. Je pense que c’est le genre de série que pourtant on gagne à suivre semaine après semaine au lieu d’attendre un peu et de s’enfiler une saison goulûment par la suite, comme c’est possible avec d’autres séries. Ici, la piqûre de rappel est nécessaire, mais la dose serait trop forte si on la prenait en un seul shot.
Ce soir, j’avais la tête à l’envers. Je voulais m’esquinter devant quelque chose de ravageur. J’ai hésité à reprendre un bon vieux Oz. J’ai regardé Southland. La plaie suinte, mais le pus est sorti. Catharsis.
Une série que je regarderais sûrement lors d’une diffusion française (bah oui, ce sont des policiers, ça devrait bien trouver sa place quelque part… Ou alors y’a quelque chose qui tourne pas rond). Même si j’émets une ou deux réserves sur l’univers, étant sans doute un brin… pas fan de certaines histoires dans ce genre (notamment le monde totalement déprimant, tout pourri et la guerre police/contre gangs… Ce qui était limite dans New York 911).
C’est pas tant une histoire de guerre police/gangs que le portrait d’une société violente à bien des égards (à plus forte raison à Los Angeles). Dans le pilote, il y a deux affaires majeures, un meurtre et une fusillade. Le meurtre n’a rien à voir avec les gangs, et c’est sans doute ce qui fout le plus en l’air d’ailleurs (c’est juste un aspect qui m’a moins plu par le manque d’uniformes, mais l’enquêtrice était tout de même très touchante). Simplement la série tourne de toute évidence autour du rookie qui était donc sur l’histoire de gangs. A ce stade (à confirmer ce soir), je n’ai aucune idée si ce sera récurrent ou si c’était juste un cas particulier.
Même si je n’avais pas été emballée plus que ça par le pilote, j’ai tout de même continué la série et même si effectivement, elle n’apporte pas grand chose de nouveau (j’avais prévu le cliffhanger de fin de saison dès le début du dernier épisode, dommage), elle reste agréable à suivre, parce que différente de ce qu’ont tendance à nous montrer les séries policières à la CSI. Par contre la forme, caméra au poing et bips à chaque juron, j’ai un peu de mal, même si on finit par s’y faire.
Oui, les bips étaient assez énervants. Censure d’autant plus inutile qu’on comprenait très bien.