Je ne sais plus pourquoi mais je me suis mise à repenser à l’un de mes ex. Non je me suis pas trompée de blog. Après que nous ayons rompu, je me suis aperçue qu’il avait souscrit à un service de petite amie virtuelle, qui lui envoyait régulièrement des mails indigents du genre « ah j’ai passé une bonne journée aujourd’hui, j’ai hâte qu’on se voie », rien de polisson.
Comment j’ai eu accès à ces mails relève désormais de la prescription. Non, je vous le dirai pas… vous êtes de la police ou quoi ?
Bref j’y repensais, sans jugement aucun d’ailleurs (est-ce ma faute si je suis trop humaine pour les hommes que je fréquente ? Raisonnablement non), et je me suis dit : je me demande s’il est encore abonné à ce truc. Sans doute pas. Je le lui souhaite. Enfin, avec les mecs, on sait jamais. Mais même s’il l’était encore, ça m’a rappelé à quel point certains d’entre nous entretiennent tout de même des relations imaginaires.
Arrêtez de vous moquer. Je parle aussi de nous, téléphages.
Cette relation imaginaire avec des séries, je ne vais pas avancer bêtement qu’elle existe entre le spectateur et la série qu’il suit. Au contraire, cette relation-là est bien réelle. Pas comparable avec d’autres relations évidemment (pour ceux qui se rappellent encore comment on peut avoir des relations avec quelqu’un d’autre que le monsieur qui nous livre des pizzas pour nos soirées télé), mais elle existe et j’en ai déjà parlé de nombreuses fois (dont ici). Bien crétin celui qui irait faire mine d’avancer que, boh, la télé, ça n’engendre pas un lien affectif. Ou alors ce serait quelqu’un qui tond la pelouse en même temps qu’il regarde Damages (je me fais pas des amis en appuyant là où ça fait mal). La tendresse qu’on a envers les personnages, notre assiduité d’une semaine à l’autre, et pour les bloggueurs téléphages parmi nous, la ferveur que nous mettons à disserter sur le sujet en long, en large, en review et en travers, en sont des indices assez nets.
Non, je parle de la relation imaginaire avec les séries qui ne sont plus. Nous les avons tant investies que nous continuons de nous en préoccuper alors même qu’il ne s’y passe, par essence, plus rien. Je ne le critique pas, pour le pratiquer moi-même, mais je dois dire que je connais très peu de domaines d’intérêt où cette inclination est si prononcée.
Scarlatiine parle par exemple de La petite maison dans la prairie, et à travers cette série, de tout ce qui nous a marqué à jamais dans nos coeurs de téléphages. Comment se fait-il que 10, 15, ou même 20 ans après, nous continuons d’avoir une relation avec ces séries qui nous ont marqués ? Cela fait par exemple des siècles qu’il n’y a plus d’inédit d’Une Nounou d’Enfer (depuis l’arrêt de Living with Fran, diront les mauvaises langues), et pourtant j’ai trouvé le moyen d’avoir des choses à en dire à 24 reprises depuis l’ouverture de ce blog, alors qu’évidemment la série était finie depuis des lustres avant même que je n’ouvre ladytelephagy ! La faute aux rediffusions ? Pas seulement ! Ou alors on m’explique les 26 occurrences de Rude Awakening…
La série vit toujours en nous.
Même sans aller jusqu’à la fanfiction (quoique les Buffyistes soient parmi les coutumiers de la chose), nous repensons aux personnages, aux bons moments passés, bref nous la nourrissons de notre imaginaire. Nous avons réellement construit des souvenirs avec ces séries… comme s’il s’agissait d’amis imaginaires. Sans même parler des extrêmistes qui tombent dans le culte de la personnalité (chais pas moi, imaginez quelqu’un qui regarde tout ce que fait Kyle MacLachlan même quand c’est pourri ; et ça l’a longtemps été), il est assez perturbant de voir que nous continuons d’investir des séries tombées au combat.
Un peu plus tôt ce matin, tao tweetait sur Everwood. Voilà bien un exemple flagrant de série avec laquelle les spectateurs ont continué d’entretenir une relation tendre. Et moi, avec mon deuil de Pushing Daisies qui me mine le coeur ? Pas mieux.
Je trouve ça absolument sidérant, finalement. Certes, tant qu’on reste dans une certaine mesure, ce n’est pas inquiétant. Mais ça pose sérieusement question tout de même sur le principe même de la série, qui s’insinue dans notre quotidien et espère tentaculairement s’accrocher à tout ce qui dépasse pour qu’on ne cesse jamais de la regarder. Une fois l’annulation passée, ainsi que des années voire des décennies, nous sommes toujours sous le charme.
L’addiction à une série se soigne-t-elle un jour ?
Une partie de moi espère que non. L’autre partie pourrait rationaliser un peu, mais elle est trop occupée à écouter la première chanter After You’ve Gone, chanson utilisée dans un épisode de Rude Awakening que je n’ai pas vu depuis deux ou trois ans, et que je fredonne depuis ce matin. Vous en tirerez les conclusions que vous voudrez…
« Ou alors ce serait quelqu’un qui tond la pelouse en même temps qu’il regarde Damages »
Impossible à moins d’avoir une télé dans le jardin ^^
Bah, j’ai gardé au fond de mon coeur une relation avec mes amis de Heartbreak High, dont j’ai beaucoup souffert la séparation.
Et mes amis « Les tripodes » aussi (enfin amis ?)…
Et puis il y a un truc de sûr avec nos amis virtuels, c’est qu’ils nous plantent jamais de couteaux dans le dos…
Bel article Lady
« L’addiction à une série se soigne-t-elle un jour ? »
J’espère bien que non ^^ Parce que pour moi, ça finirait par signifier que j’ai finallement grandi, et non, non, je ne veux pas, na. Quand je passe devant une pente herbeuse, je rêve toujours de faire ma Carrie, de la dévaler en fredonnant le générique et j’espère que ça durera trèèèèèèèèès longtemps – bon, d’accord, peut-être que ça m’est arrivé de le faire *hahum*
(Et j’adore la photo choisie pour la rubrique Games On =D)
En même temps, quand on passe 5, 6 voire 15 ans avec une série de manière hebdomadaire, c’est aussi logique que ça laisse une empreinte. Surtout qu’il y a effectivement beaucoup de moyen de conserver maintenant une relation par rapport à une série terminée… Encore plus quand elle aura accompagné certains moments de la vie qui nous renvoient à notre passé… Oui, ça s’insinue comme une chanson peut s’insinuer… Ou de la même manière qu’un manga/animé peut le faire sur la durée aussi (je crois que ça fait 15 ans que je lis Détective Conan de manière régulière… C’est hallucinant… Ca ne pourra que me marquer je pense…)