Tiens bah, puisque j’en parlais hier, on va aborder le Larry Sanders Show. Parce que je dois vous le dire, cette série, c’est très exactement le genre de série dont j’ai entendu parler pendant des lustres, le plus souvent en termes extrêmement flatteurs, par des personnes dont on aime à penser qu’elles font autorité dans le milieu… et puis pourtant, bah allez savoir pourquoi, mais ça ne passe pas.
Et comme j’ai mentionné la série récemment, j’ai ressorti son pilote d’une vieille cagoule histoire de me rafraîchir la mémoire à son sujet. Bon bah toujours pas. Si, il y a bien eu un moment où j’ai, comment dire, eu une sorte de mouvement musculaire au coin de la bouche, mais je pense pas qu’on puisse qualifier ça de sourire, c’était plutôt un réflexe nerveux, besoin de sommeil sans doute.
Non, rien à faire, le Larry Sanders Show, je ne comprends pas pourquoi j’en avais lu tant de bien. Attendez, non, vous savez ce qu’on va faire ? On va essayer de voir ça ensemble, pour être sûrs. Vous me direz ce que vous en pensez, vous aussi. On verra bien.
Avec sa bonne tête de vainqueur, son sourire niais (eh, ça y est, je sais d’où François Hollande tient sa légendaire mimique !), et sa dégaine pas vraiment sex, personnellement, j’ai un peu de mal à imaginer Larry en star de la télé. Fort heureusement, et contrairement à ce qu’on croit sur la télévision américaine, on peut être un puissant laideron et quand même y faire fortune, et ce même sans qu’il s’agisse de fiction (vous avez vu la gueule à Leno ? que tous ceux qui trouvent Letterman attirant lèvent la main ! et à part moi, ça branche qui, un quarantenaire rouquin ? CQFD). Et donc même si à la base, il ne paye pas de mine, on comprend que Jerry Sanders est tout-à-fait à sa place ici, il gère bien, on dirait qu’il a fait ça toute sa vie (ce qui, venant d’un habitué du stand-up comme Garry Shandling, n’étonne qu’à moitié côté interprétation). Bref, en tant qu’hôte de l’émission, il est bien à sa place, tout en ayant ce genre de visage qui raconte des blagues avant même que l’homme qu’il affuble n’ait prononcé le moindre gag. Donc à la base, pour un animateur télé, le perso a tout bon pour s’attirer la sympathie du public, non ?
Le problème c’est qu’en fait, on s’attend à ce que Larry, comment dire ? Mérite sa place dans ce milieu ? Qu’il bosse dur. Qu’il se creuse la tête pour son monologue. Qu’il soit malin et qu’il ne soit pas aussi à côté de ses pompes qu’il en a l’air. Or c’est le cas. Il suffit de voir sa relation avec son producteur Artie : c’est pas un producteur, c’est un chien pour aveugles, ce pauvre gars. Non, ça fait de la peine. Larry est absolument incapable de s’exprimer sans avoir recours à ce compère pour faire la traduction, parfois même dire tout simplement ce que lui-même n’aura pas les co*illes de dire à son interlocuteur. Et ça franchement, si ça peut paraître drôle au début, on a vite fait de s’en lasser. On se dit que finalement, pourquoi ce mec-là anime une émission en late night plutôt que n’importe quel autre clampin ? Qu’est-ce qu’il a de si spécial, cet asocial, pour atterrir sous le feu des projecteurs ? Comment il peut maîtriser son émission devant les caméras, et être une telle brêle dés que le boyant rouge s’éteint ? C’est simplement inconcevable ! Du coup, de potentiellement très sympathique, Larry devient vite très irritant.
Toujours complètement à la ramasse, incapable de s’adapter au moindre élément nouveau, alors qu’il travaille quand même dans l’un des médias où la réactivité compte le plus… ce type est là, il traine ses guêtres dans les couloirs du studio, fait des petites plaisanteries à la Chandler Bing parce qu’il est mal à l’aise et a du mal à communiquer avec notre espèce autrement. Plus l’épisode avance et plus c’est lamentable.
Si ce mec en avait dans le pantalon, il défendrait ses convictions (« je veux pas faire de pub dans mon émission »), il monterait au créneau, foncerait dans le tas (no offense, Miss Parrish), et taperait du poing sur la table, mais là, non, rien. Il cherche son producteur du regard… MAIS C’EST PAS TA NOURRICE ! Virez-moi ce guignol ! Si au moins ses blagues étaient vraiment drôles, mais ce sont justes celles d’un homme complètement insécure ! Comment ce mec a pu avoir un tel succès ? Et sa femme, comment il peut se taper Meghan Gallagher, non, attendez, ça marchera pas, ça. Plus le pilote avance, plus on se demande ce que le personnage fait là, et nous aussi, par la même occasion. Il fait de la peine. Le même genre de peine que j’ai ressentie devant The Comeback, vous voyez ? Ca fait pitié.
Comme il est de coutume de prendre trois captures, et pas une de plus, il ne sera donc pas fait mention du chien de Larry, ni de l’éxquise présence de Jeffrey Tambor au sommet de son art dans une publicité pour du jardinage, stop voilà, j’ai rien dit. Les règles sont les règles, et vous me connaissez, je n’oserais les transgresser.
Nan mais, en vérité, je ne pense pas que le Larry Sanders Show soit mauvais, c’est pas ça.
Contrairement à, oh, mon Dieu, tant de séries, comment toutes les citer ? Enfin, n’importe laquelle des abominations que j’ai eu l’heur de traiter ici peuvent servir d’exemple, piochez-en une de votre choix.
Eh bien contrairement à cette série, le Larry Sanders Show n’est pas pitoyable, pas mauvais, pas mal réalisé, pas peuplé d’acteurs au QI d’huître… c’est même pas ça le soucis. Le soucis, c’est juste que j’ai pas réussi à trouver ça drôle, parce que son personnage n’a rien à offrir, en somme.
Mais en fait, le pire, c’est que maintenant que j’ai revu ça, je réalise combien Conan me manque… Encore plus d’un mois avant le début du Tonight Show, je vais jamais tenir !