Cette semaine, avec rien moins que trois posts La preuve par trois, on pourra dire que vous aurez été gâtés-pourris. On va dire que c’est à cause de Pâques.
Après vous avoir proposé des séries légèrement défraîchies (mais pour des raisons différentes) les jours précédents, aujourd’hui on va se tourner vers l’avenir, radieux, brillant, glorieux, amusant, une série qui vient de commencer, j’ai nommé : Harper’s Island. Bon, peut-être pas si radieux, brillant, glorieux, et surtout, amusant, que je ne veux bien le dire, mais quand même, c’est pas tous les jours que je vous offre une cagoule aussi fraichement tricotée.
Allez, on en a fini avec les babillages, entrons dans ce pilote… et espérons en sortir vivant.
Je sais que, souvent, quand un pilote dure autour d’une heure et demie (parfois plus), je suis la première à vous dire : « ouais, ça, on pouvait faire la même chose en moitié moins de temps ». Je me souviens par exemple l’avoir dit pour Fringe. Bon, eh bien la réciproque existe aussi, et Harper’s Island est là pour le prouver : 39 minutes, ce n’est pas assez. Mais pas dans le sens où c’est trop complexe pour qu’on comprenne bien ce dont il s’agit, non c’est pas tout-à-fait le genre de la série, sans vouloir vous décourager, la complication, c’est pas l’option qu’ils ont choisie, mais avouons quand même qu’on précipite quand même un certain nombre de choses, au lieu de prendre le temps d’instaurer une ambiance. Et le problème, c’est qu’une série avec un pitch comme celui de Harper’s Island, elle a besoin, mais alors, dramatiquement, d’une ambiance. Là où c’est bien joué, c’est dans la réalisation : un plan par-ci, un autre par-là, donnent assez rapidement des impressions fugaces mais glauques, et c’est bien. Mais la petite fiesta sur le bateau, même si je comprends qu’elle ait été voulue en guise de contraste avec ce qui va se produire sur l’île, est quand même carrément hors-sujet, du coup après ce genre de scène, il fallait jouer à fond la carte de l’ambiance, prendre son temps, mais ça n’a pas été le cas. C’est à ce genre de détails qu’on sent que, bah, Harper’s Island, ce ne sera pas la série qui va vous scotcher à votre fauteuil, le soin qui aurait pu être apporté à cet aspect-là est absent, il manque un peu d’âme et le soucis d’efficacité gâche toutes ses chances d’être un jour une excellente série. La seule option qui lui reste, c’est de ne pas être mauvaise. Croisons les doigts.
L’autre problème de Harper’s Island, et là on commence à déchanter sérieusement, c’est son casting. Côté charisme, on a rarement vu plus mou. Entre Christopher Gorham, ce porte-poisse (presqu’autant que Christopher Pohala, mais avec 20kg de muscles en moins), et l’idée assez incongrue de faire se retrouver Richard Burgi et Cameron Richardson (ce qui n’aide pas à se sortir de la tête que, non, on ne regarde pas Point Pleasant… mais ça, plus le phare, plus les mystères, ça fait beaucoup quand même, bien que je m’aperçoive bien qu’il n’y a rien de fantastique ni diabolique dans Harper’s Island, j’ai eu l’impression d’une parenté assez gênante à cause de ces points de détail), plus le reste du cast qui n’arrive pas à briller un seul instant (ni dans les rôles principaux, ni dans les rôles secondaires, et là on touche quasiment au tragique quand pas un membre du cast ne vient porter secours aux autres), franchement ça patine un peu. Déjà j’ai mis 20 bonnes minutes à différencier la mère et la sœur de la future mariée, ça commençait mal. Et puis chacun est bien dans son emploi attendu, proprement, sagement, pas de contre-emploi, pas de surprise, rien, non franchement c’est pénible. Ya tellement de choses qui semblent courues d’avance rien qu’à cause de ce cast que vraiment, on se désespère assez vite de ce que la série aura à offrir.
Dernier gros inconvénient, apparenté au manque de style original et au choix des acteurs finalement, c’est que la production ne s’est pas mouillée un seul instant. D’une histoire comme celle-ci, même sans parler de l’ambiance ou des acteurs, on attendrait un ou deux frissons, mais ça ne vient simplement pas. Évidemment, arrivés à la fin de l’épisode, on se pose des questions sur certains personnages (la gamine un peu effrayante, le papa pas très clair, la future mariée qui a des doutes, l’ex qui ressurgit, la relation « amicale » entre le futur marié et son amie d’enfance, etc…) mais uniquement parce que l’épisode est efficace, et que c’est la règle du genre de se demander qui a fait quoi (et à ce stade, comme freescully, j’ai déjà réduit la liste à deux ou trois suspects)… Mais tout ça, le spectateur ne le ressent pas parce que le pilote est prenant, angoissant ou simplement surprenant. Il le ressent parce qu’on l’y a conduit, en suivant un chemin très balisé. L’absence totale d’imagination sur les intrigues les plus soapesques de ce pilote fait qu’on a l’impression qu’on a déjà vu ces choses-là cent fois, que les meurtres ne semblent même être que des prétextes à tourner un drama de plus sur les histoires de famille et de cœur, et qu’en fait, Harper’s Island n’a pas joué avec sa donne aussi bien qu’elle aurait pu, alors que pour une fois une série partait avec de bonnes cartes et un jeu dont on pouvait espérer beaucoup. Alors finalement, au bout desdites 39 minutes, on se dit que, bon, si on a du temps (et c’est pas garanti), on y reviendra peut-être, histoire de voir comment ça tourne, mais on n’est pas happé par les intrigues, pas du tout.
Là, dit comme ça, je sais, ça peut paraître assez négatif.
Le problème c’est qu’une fois de plus on est dans la série popcorn, et qu’au final, le popcorn ça divertit sur le coup, mais qu’ensuite on lâche facilement l’affaire. Je vois mal comment quelqu’un pourrait devenir ultra-fan de Harper’s Island. Je ne me l’imagine pas. Qu’on regarde ça comme un truc pour se vider la tête, se donner l’impression qu’il y a du suspense, etc… je peux l’imaginer, mais on ne peut pas devenir addict à cette série, c’est impossible, elle ne s’est pas donné les moyens qualitatifs pour ça et, c’est d’autant plus dommage que la série ne souffre pas de problèmes de budget, a priori, les décors, les multiples acteurs (beaucoup plus de monde que je ne m’y attendais, ça va prendre vachement de temps pour tuer tous ces gens, en fait !), tout ça tend à indiquer qu’il y a eu du pognon, mais qu’on a oublié de mettre du cœur à l’ouvrage. Ce qui est quand même un fichu gâchis, si on y pense.
Voilà, c’est du popcorn, et ça se laisse bien manger… Honnêtement, plus que de repérer qui est qui dans ce pilote, c’est de savoir où j’ai déjà vu les têtes (et là, tu viens donc de m’éclaircir sur Cameron Richardson que ça faisait un sacré moment que je me demandais où je l’avais vue… Point Pleasant, diable, comment ai-je pu oublier ?).
Je l’aime bien ce cast (même si effectivement, j’aurai préféré Kristoffer que Gorham pour le coup ! Mais y’a Victor Webster qui compense ! )
Honnêtement, c’est le genre de truc pour lequel je suis très bon client… Ce premier épisode m’a plu dans l’ensemble… Et puis comme on sait qu’on a en que pour 13 épisodes, hein.