Et toi, quelle est la série que tu aimeras et défendras toujours ?
C’est amusant que tu me poses cette question, Jérôme, parce que, pas plus tard que hier soir justement, j’ai eu envie d’un post sur ce sujet. J’étais devant ma télévision, et ça m’a prise à la gorge, comme ça. J’ai ri aux larmes, j’ai pleuré le sourire aux lèvres, mes mains ont doucement serré la télécommande, et j’ai eu l’impression d’être à la maison.
Il y a très peu de séries qui font cette effet-là, d’ailleurs.
Les années passent, et ce que l’on ressent à l’égard de cette série n’a pas changé. Notre regard, souvent, oui : on se rend compte que ce que l’on adorait il y a plusieurs années n’est pas forcément la meilleure série de la Terre. Parce qu’en tant que téléphage, on a grandi, nos références se sont diversifiées et nous avons fait l’expérience de séries toujours plus incroyables, immanquablement, nous apprenons à relativiser.
Mais ça c’est le cerveau ; nos sentiments restent les mêmes.
Il y a une sorte de fidélité, d’intimité, qui se tisse et ne se dénoue jamais vraiment. Je ne connais pas un seul téléphage qui puisse dire en toute sincérité que la première série qu’il a aimée avec tant de passion, il la méprise à présent. Non, il lui garde toute sa tendresse, un peu la même que celle qu’on porte parfois à de vieilles fringues complètement immettables mais qu’il nous est physiquement impossible de jeter.
Les années passent et au fil des diffusions, des rediffusions, des vieux enregistrements ou des DVD, on en est toujours là : on voit le générique et on se détend parce qu’on sait qu’on est chez soi. On est en compagnie des personnages qu’on aimera toujours, malgré tout, malgré ce qu’on apprendra sur leurs interprètes, malgré tous les autres acteurs cent fois plus impressionnants qu’on aura découverts depuis.
Chaque téléphage a cette fidélité intime avec une poignée de séries.
Vous pourrez en dire tout le mal que vous voudrez, à ses yeux, ça ne changera jamais.
Pour moi, n’en citer qu’une, comme ça, sur le vif, ce serait difficile. Je ne sais jamais citer UNE série, il faut bien le dire.
Pourtant, même si je ressens une forte affection envers trois ou peut-être quatre d’entre elles, bon, disons cinq (au minimum, je dis bien ; en essayant d’être la plus sélective possible), il y en a une, une à laquelle je réponds toujours présente.
J’allume la télé, et je sais. Je sais que tout ira bien. Que je vais passer un bon moment dans des histoires que, c’est vrai, je connais par coeur, mais justement, ça ajoute quelque chose finalement, à la relation que j’ai tissée avec les personnages. Je ne me reconnais pas dans les intrigues mais je reconnais les intrigues et c’est cette sorte de confort, comme si je me lovais dans les bras d’un scénario dont je connais chaque tour et détour, qui me rend si sereine et si épanouie pendant quelques minutes. Qui me libère de quelque chose. Je réalise que ça m’avait manqué et, c’est stupide vous savez, parce que finalement, je regarde cette série quasiment toute l’année.
On peut regarder une série pour beaucoup de raisons, et aucune ne vaut plus qu’une autre. Certains veulent se divertir, d’autres veulent s’impliquer… pourtant je crois qu’on a tous ceci de commun : on se lie tous à nos séries favorites. C’est ce qui fait le propre d’une série : elle est construite sur la durée, pour que joue l’affectif, et il joue pleinement, au final.
J’ai lu une expérience assez intéressante, l’autre jour, dans un bouquin que j’ai ressorti de mes cartons. Je pense que c’était un mémoire ou quelque chose comme ça. Quelqu’un a mis des spectateurs devant leur programme télé préféré, et a regardé comment ils réagissaient ; le livre s’appelle « Réception télévisuelle et affectivité » aux éditions de l’Harmattan, si vous êtes curieux et que le langage exagérément pompeux ne vous rebute pas.
On s’y aperçoit que même le spectateur qui regarde, goguenard, Les Guignols pour se vider la tête, le soir, eh bien même lui investit quelque chose dans ce qu’il regarde.
Il est normal que ce lien se crée. A quoi il est dû ? Je pense que c’est plus compliqué à expliquer que dans ce petit livre qui ne saisit pas forcément les choses en profondeur. Je crois aussi que ça dépend de chacun, de ce que nous cherchons dans nos séries, de ce que nous cherchons dans la vie peut-être aussi. Mais je suis certaine d’une chose : tout téléphage en fait l’expérience.
Des années et des années plus tard, son coeur est au garde à vous devant ce générique dont il reconnait la première note, devant ces épisodes dont il sait tout, devant ces dialogues qu’il peut réciter les yeux fermés.
Et il n’a même pas besoin de toujours penser que la série qu’il chérit est la meilleure après tout ce temps. Non, c’est juste qu’il en a apprivoisé chaque défaut, qu’il est d’ailleurs conscient de la majorité d’entre eux, et que ça ne l’arrête pas. C’est une jolie histoire, quelque part, un téléphage fidèle…
Oui, j’ai eu envie d’un post sur ce sujet parce que hier soir, à la télé, il y avait cet épisode.
Et rien ne ravive aussi bien une flamme vieille de près de 15 ans qu’un épisode à flashbacks.
Félicitations pour cet excellent billet !
Tu as parfaitement analysé le rapport que l’on entretient avec notre (nos) série(s) culte(s) en séparant l’affectif du cérébral.
Il m’est impossible de dire combien de fois j’ai vu K 2000 ces 22 dernières années, mais le plaisir est toujours là, intact malgré les dialogues que je connais par coeur.
J’aime la série, sa mythologie, la voiture, David Hasselhoff et Edward Mulhare, les BGM et les cascades, mais également cette impression de remettre les pantoufles de ce gamin de 12 ans qui n’a pas complètement disparu…
Quelque soit votre souvenir, je vous souhaite sincèrement de ne pas avoir à en subir un bien pâle remake !
Sur ce, je vais de ce pas revoir « les exploits d’un chevalier solitaire dans un monde dangereux »…
Tu sais, avec Living with Fran, j’ai quasiment eu mon remake, et la pire des infamies c’est que Fran et Charles s’y sont tous les deux commis (le mieux, c’est de faire semblant de n’avoir rien vu). Toi au moins, David Hasselhoff a encore sa dignit-… laisse tomber.
Citation : « On est en compagnie des personnages qu’on aimera toujours, malgré tout, malgré ce qu’on apprendra sur leurs interprètes »…
Certes. Certes.
Et que dire des problèmes d’alcoolisme de KITT… la crise du pétrole, c’est lui !
Oh mais la série mystère de ton affection n’est pas citée lady… Franchement ! (Si, si, je l’ai vu le lien ! )… C’est étonnant tout de même ce choix de série…
Par contre, c’est effectivement tout à fait vrai au niveau du ressenti (aussi bien pour une série… Qu’une série animée…). Et finalement, rare sont les séries que j’aimais à l’époque et que je n’aime pas revoir à l’heure actuelle (bon, en fait, la seule que j’ai du mal à suivre c’est Melrose Place à laquelle j’ai été accro pendant un moment mais je n’arrive pas à passer plus de 5 minutes devant que je retombe dessus). A contrario toutes les vieilles séries comme Arabesque, Les Dessous de Palm Beach, Ma Sorcière Bien-Aimée, y’a aucun problème…
Je n’arrive pas à détester les séries que j’ai adorées il y a des années. Mêmes les sitcoms AB, c’est dire ! J’ai beau tomber dessus sur la TNT de temps en temps, j’ai beau me demander comment j’ai pu adorer quand j’étais adolescente, au fond de moi, je n’arrive pas à me dire « c’est nul ». Sans doute parce qu’au fond de moi, il y a toujours l’adolescente que j’étais alors et qui n’aurait raté un épisode pour rien au monde.
Et puis ces séries, malgré toutes leurs imperfections, elles ont entre autres aiguisé mon sens critique – à l’époque, on n’appelait pas ça comme ça, mais les reviews qu’on a pu se faire avec mes copines sur « Hélène et les Garçons » ou sur « Premiers Baisers » ! On classait les meilleurs épisodes, on leur donnait des notes, on disait « ouais, celui-là n’était pas mal, mais franchement l’autre jour, il était mieux, parce que… » ; pas vraiment différent de ce que font beaucoup de blogs aujourd’hui.
En fait, ces séries, elles ont fait de moi la sériephile que je suis aujourd’hui. Alors, je me dis qu’elles ont droit d’avoir une petite place dans mon coeur, malgré tout. ^^
La sériephilie, tout comme notre Scarlatine (et ses commentaires avisés et sincères), est une bonne maladie… ^_^