Un autre regard

24 septembre 2008 à 16:43

Telle que vous ne me voyez pas, là, j’ai les mains qui tremblent, et la larmouchette à l’œil. Il est de notoriété publique que j’aime bien chialer devant ma télé, mais ça n’arrive plus aussi souvent qu’autrefois. Je me suis endurcie, sans doute. Et puis je me mets peut-être aussi moins en danger qu’autrefois…
Mais je ne suis pas seulement sous le coup de l’émotion, je me déteste aussi sincèrement.

Vous le savez, je suis une grande pilotovore devant l’Eternel. Mais du coup, je suis devenue quelque peu expéditive. C’est tout de suite, maintenant, dans la première minute ou presque, qu’il faut me conquérir, me persuader de me laisser faire, me laisser emporter, me laisser charmer. Je ne dis pas tout-à-fait que je veux l’excellence dés l’ouverture du pilote, mais je veux croire rapidement qu’elle est possible, en tous cas. Je crois au coup de foudre téléphagique.
Jusque là, je n’avais eu à le regretter qu’une seule fois. Depuis plusieurs années que je suis pilotovore, c’est quand même pas si mal… Boston Justice était l’objet du délit, et grand bien m’a pris, un peu plus tard, de lui redonner sa chance, puisqu’aujourd’hui elle fait partie de mon top 10. Bon d’accord, 25. Bon ok, j’avoue, 50, mais pour ma défense ce sont 50 séries ex aequo.
Aujourd’hui, voilà un second cas de précipitation dont j’ai à me repentir.

C’est vrai que j’ai jugé Side Order of Life un peu rapidement, je le reconnais sans problème, je ne lui ai donné que six minutes pour m’apâter. Il lui en fallait un peu plus, c’est comme ça, ça arrive. Je n’ai pas su attendre.
Cette fois-ci, par curiosité (qui a dit « par ennui » ?), j’ai repris le pilote, et je suis courageusement restée au-delà des fatidiques six minutes. Je maintiens ce que j’ai dit : elles ne sont pas convaincantes. Néanmoins, la suite commence à prendre une excellente tournure… Ce qui a tout changé ? Je vous explique ça en trois captures, pas une de plus. Eh oui, c’est un post La preuve par trois !


« I have cancer ». Jusque là, on n’en avait pas grand’chose à faire des tribulations de cette blondinette. Une blonde qui s’appelle Jenny, en plus. Plus cliché tu peux pas. Et puis, voilà Vivy, Vivy avec sa robe de demoiselle d’honneur, ses cheveux dans tous les sens, son dessert en entrée et cette franchise dans les yeux, et on sent qu’on tient quelque chose. Tu m’étonnes. Et là on est à 200% avec Vivy, tout en compatissant franchement à l’anéantissement qui s’abat sur Jenny. Tout est dans les deux regards, vous voyez ? Ya un truc qui se passe. « I have cancer ! ». Et on rit, on pleure, tout en même temps, l’auriez-vous deviné, on est sur Lifetime.  Talk about a tear jerker.


Ce qui est précieux dans cet épisode, c’est que tous les personnages secondaires sont impeccables. On aboutit à des scènes très vraies, très puissantes, et bien mises en image ce qui ne gâche rien, sans s’embourber dans les présentations. Ainsi, la scène où Jenny fait connaissance avec les trois maris de l’héroïne de son photo-reportage est hallucinante de camaraderie, de naturel. Pour une fois qu’il se passe quelque chose de touchant au Seattle Grace Hospital ! Et au moment où on a le sourire aux lèvres, bam ! C’est là que Jeff Perry, sans un mot, nous brise le coeur. Je ne sais pas comment tout ce petit monde a accompli ce miracle tant, dans tellement de séries, il est d’usage de laisser à chacun le temps de s’installer, sans quoi on tombe dans la superficialité. Mais ici, rien de tout ça. Des espèces de chrirurgiens de la télévision, tous ces acteurs. Chacun est précisément à sa place. C’est ce qui fait aussi l’efficacité de ce pilote.


C’est pour des moments magiques comme celui-là que la vie est belle. Je défie quiconque de ne pas être saisi, en voyant cette scène, d’une envie soudaine d’aller se promener dans un endroit calme, un appareil photo en main, pour essayer de saisir ce genre de miracle anodin. On est rendus au bout du pilote, à présent, ou presque, et on a déjà plein de raisons de penser du bien de Side Order of Life, mais c’est typiquement le genre de scène qui vous dit que ça va être un délice d’en découvrir davantage. Il y a à la fois du mystère et du naturel dans tout ça. C’est simplement la vie, une rencontre, comme ça, plus ou moins au hasard, deux personnes qui au lieu de se croiser sans se voir, ont pris le temps de se parler, et c’est ça qu’on devrait tous faire ! On devrait tous sortir de chez nous, maintenant, et aller parler à des inconnus !
J’en fais trop ? Peut-être. Mais c’est ce qui fait tout le charme de cette série, cette sensation de proximité. Avec, avouons-le, un sens graphique qui de temps à autre, pointe son nez, et permet des scènes comme celle-ci. Devant des séries comme celle-là, on n’est vraiment pas à plaindre…

Bon, j’aurais évidemment voulu vous en dire plus, mais puisque c’est la règle, il ne sera pas fait mention des appels anonymes, ni du dîner consacré à Vivy, ni des superbes opportunités offertes à Debra Christofferson de faire démonstration de sa beauté et son talent (et dont elle s’est saisie avec l’humilité qui est si souvent la sienne). Mais sachez que je n’en pense pas moins.

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